Indignons-nous !

samedi 1er janvier 2011
par  Charles Hoareau
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« Indignez-vous » , le petit livre de Stéphane Hessel est devenu en quelques jours un phénomène de librairie. Plus de 600 000 exemplaires déjà tirés et c’est tant mieux !

Comment s’en étonner avec une année 2010 qui a vu à la fois d’un côté la poursuite d’une régression sociale sans précédent en Europe, des pauvres s’appauvrir du Nord au Sud d’un monde qui semble avoir perdu toute boussole humaine, des fortunés s’enrichir sans aucun scrupule comme on ne l’a jamais vu, et de l’autre côté des peuples refuser massivement cet ordre des choses en particulier en Europe mais pas seulement.

Rarement le capitalisme n’a été autant discrédité lui qui se croyait vainqueur tout puissant et seul maître à bord au lendemain de la chute du mur de Berlin.
Victime du système même (et non de ses seuls excès que l’on pourrait réguler) des économies nationales se retrouvent à la merci de banques et de spéculateurs à qui les pouvoirs politiques ont donné sans retenue, pour l’intérêt de quelques uns, les moyens de nuire à l’infini.

Il serait d’ailleurs cocasse, si l’avenir même de l’espèce humaine n’était pas en jeu, de voir les Sarkozy ou Strauss Kahn, les G20 ou autres machins mondiaux, tenter de faire croire qu’ils vont faire quelque chose (face au monde de la finance auxquels ils appartiennent et qui les a mis en place pour servir leurs intérêts) pour sauver le bateau Capital et par là même nous sauver aussi.

Quand on pense, pour ne prendre qu’un exemple que le Président en 2007 avait promis pour la France la fin des SDF et la réduction d’un tiers de la grande pauvreté !!!

Dans ce contexte d’aucuns se rappellent, parfois avec effroi, la justesse de cette phrase de Marx : « Le capitalisme est un système historiquement condamné » ou pour le dire comme Evo Morales aujourd’hui « Soit le capitalisme meurt, soit la planète trépasse. »

En Europe, gangréné par sa logique mortifère, le système se craquèle de toute part d’autant que les peuples, de la Grèce à l’Irlande, de l’Espagne au Portugal, remettent en cause les fondements mêmes de ce qui a abouti à cette UE, création de la finance internationale, qui bafoue la souveraineté populaire et planifie le recul social.

Au plan mondial, et pas seulement en Amérique du Sud, des peuples s’indignent, comme en attestent les voix africaines qui refusent la logique de guerre que l’impérialisme occidental voudrait imposer en Côte d’Ivoire ou le peuple tunisien qui se soulève de toutes parts contre une dictature que les bien pensants de France, du PS à l’UMP, continuent de qualifier de démocratie

De partout, et sans attendre les sages conseils de Stéphane Hessel et se reconnaissant dans ceux-ci, des hommes et des femmes s’indignent.

On pourra toujours observer, comme le fait Libération, que Stéphane Hessel est un fervent partisan de Martine Aubry, femme politique qui pour nous à Rouge Midi, est loin d’être un modèle d’indignée vertueuse mais au contraire nous a donné et nous donne encore des raisons de nous indigner contre elle et son parti.

On pourra regretter l’aspect peut être exploitation médiatique du phénomène Hessel ou remarquer qu’il manque un contenu à cette indignation, ce que reconnait Stéphane Hessel lui-même quand il déclare : « Les propositions qui figurent dans ce texte et les défis que je désigne ne sont pas très originaux en eux-mêmes ».

On pourra enfin considérer, ce qui est vrai, que l’indignation n’est pas la seule voie de l’engagement.

Pour autant, souffre-t-on en France et dans le monde de trop ou de pas assez d’indignation contre les injustices, la mal vie, l’extension de la misère, l’insolence des possédants ? Poser la question c’est y répondre !

Ils et elles ont raison de s’indigner les Fralib qui se battent contre la fermeture programmée de leur usine !

Ils et elles ont raison de s’indigner les postiers de Marseille 02 en grève à 100% depuis 86 jours contre l’intérim et la précarité !

Ils et elles ont eu raison de s’indigner les salariés d’ASTRIAM sur l’aéroport de Marseille Marignane que le préfet voulait réquisitionner pour tuer dans l’œuf la grève annoncée !

Ils et elles ont eu raison de s’indigner celles et ceux qui, l’espoir encore et toujours chevillé au cœur, se battent en France et dans le monde pour, qu’après cette année 2010 qui a vu partir le camarade poète Jean Ferrat, vienne ce qu’il chantait : un jour couleur d’orange.

Tout ce que l’on peut souhaiter pour cette année 2011, c’est que nous soyons toujours plus nombreux à refuser la fatalité et nous indigner au côté de celles et ceux qui relèvent la tête !

C’est ce que nous nous dirons avec force à Marseille le 20 janvier aux vœux de Rouge Vif 13.

En 2011 espérons donc encore plus fort et…

Bonne année d’indignation à toutes et tous !


En médaillon, manifestation en Égypte, contre les bas salaires et la vie chère.



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