Le 2 septembre à Marseille, le 7 en France et dans le monde

mercredi 14 juillet 2010
par  Charles Hoareau
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La bataille sur les retraites prend une ampleur nouvelle en termes de débat de fond. Au-delà de la seule question des retraites, les arguments déployés par celles et ceux qui s’opposent au gouvernement et au MEDEF unis comme à chaque fois qu’il s’agit d’un enjeu de société, montrent que la véritable question est celle de l’utilisation des richesses créées et leur répartition.

Le 2 à Marseille

Cela fait déjà quelques années que Bernard FRIOT [1]
ose parler du faible coût de la protection sociale en France au regard de l’augmentation colossale des richesses produites et de la productivité, richesse et productivité qui vont d’ailleurs aller croissant. Son discours et ses analyses décoiffants semblaient promis à une censure définitive.

En 2003 quand nous avions repris d’abord dans nos expressions publiques, puis ici même [2] son rapport révolutionnaire par son approche et ses conclusions nous pouvions déplorer le manque de retentissement de celui-ci.

7 ans après ce sont pourtant ses analyses qui ont inspiré notre dernier tract tant la situation actuelle vérifie leur opportunité. La lutte des FRALIB en étant une autre illustration.

Il y a de l’argent en France et dans le monde. La seule question est : qui en profite, qui en est propriétaire, qui le répartit et au profit de qui ?

L’autre question étant oui ou non faut-il une protection sociale pour toutes et tous ? Et celle-là aussi est un choix de société.

En 2010 il semble que la vérité ait fini par frayer son chemin. Le dernier livre de notre ami [3] bat tous les records de vente pour un ouvrage de ce type au point qu’on le trouve même dans tous les supermarchés de la culture pourtant peu habitués à ce genre de prose. Sous la force des débats multiples et des initiatives de toutes sortes, syndicales, politiques, associatives…etc, le peuple prend conscience à mesure qu’il en prend connaissance de cette aberration : on voudrait diminuer le droit à la protection sociale alors que la richesse créée dans ce pays double tous les 40ans et qu’il y aura de plus en plus d’argent pour payer nos retraites et notre sécu !!!

Le 2 septembre au CRDP, [4] à Marseille Bernard Friot viendra donc, avec son discours clair et pédagogique que nous lui connaissons, exposer ses analyses lors d’une conférence à l’initiative du cercle Manouchian. Nul doute que cette initiative sera une pierre de plus à l’édifice de la mobilisation du 7 septembre.

Le 7 septembre en France…

Il est heureux que l’ensemble des organisations syndicales appelle à mobiliser pour le 7, jour d’ouverture du débat à l’assemblée nationale. Il aura fallu du temps à FO pour se décider à rejoindre les cortèges unitaires. Prendre prétexte pour cela l’emploi du terme retrait ou pas retrait dans les textes d’appels aux manifestations, n’a pas convaincu grand monde y compris dans ses propres rangs. Bien sûr que nous sommes pour le retrait d’une nième réforme que rien ne justifie et qui ne règlera rien sur le fond. Si l’intersyndicale n’écrit pas le mot ce n’est pas en ne se joignant pas aux cortèges que l’on fera avancer la cause. Le 7 septembre certains diront réécriture, d’autres retrait, mais en tous cas tous manifesteront contre ce projet et c’est bien l’essentiel d’autant que grandissent dans l’opinion, sous le feu conjugué des organisations syndicales et des collectifs unitaires qui s’organisent un peu partout, des propositions alternatives qui sont à l’opposé de la logique gouvernementale.

Le gouvernement ayant choisi la procédure d’urgence, cela dit tout de ses intentions de passer en force. Le 7 septembre risque donc de ne pas suffire pour le faire reculer. On ne peut tabler non plus sur l’éventuelle démission du ministre porteur de cette réforme-qui-plait-tant-aux-riches, pour que le projet tombe à l’eau. Ce gouvernement a beau sentir l’atmosphère viciée des républiques décadentes, il s’accroche à la politique pour lequel le MEDEF le mandate. C’est même sa dernière raison d’exister.

Nous n’avons alors pas d’autre solution que de nous poser dès maintenant la question de l’après 7. C’est ce que la CGT vient de faire en invitant ses organisations à réfléchir à quelles actions le 8, le 9 et les jours suivants. Si nous ne voulons pas payer la crise de leur système nous n’avons pas d’autre solution que de nous révolter. Comme le proclame la banderole du KKE accrochée à l’Acropole : « Peuples d’Europe soulevons-nous ! »

D’Europe seulement ? Bien sûr que non !

…Et dans le monde

La FSM [5] forte de ses 64 nouvelles et récentes affiliations qui sont le signe éclatant que son renouveau décidé en 2006 est devenu une réalité, vient de décider de faire du 7 septembre une journée mondiale d’action avec comme thème la crise et les travailleurs. Si en France aucune confédération n’est affiliée à cette fédération internationale, il n’en va pas de même ailleurs.

En Grèce, au Portugal, dans nombre de pays de l’Est, un tel mot d’ordre devrait trouver un écho certain.

En Afrique, en Asie, au Moyen Orient, en Amérique du sud et même en Australie, toutes régions du monde où la FSM est forte, il y a fort à parier que cette journée marquera le paysage.

Au-delà des organisations affiliées ou amies de la FSM il n’est pas impossible que d’autres organisations syndicales de par le monde répondent à cet appel comme cela a été le cas récemment quand la FSM a appelé les dockers du monde à refuser de décharger les bateaux israéliens, appel qui a eu un écho jusque dans les pays scandinaves et aux Etats Unis même.

Ce 7 septembre mondial, venant juste avant les temps annoncés de mobilisation internationale contre l’OTAN et les risques de guerre que font courir les puissances impérialistes à notre planète, vient à point nommé.

Si l’appel de la FSM prend de l’ampleur, on aura alors, pour la 1re fois depuis longtemps si on excepte le 1er mai au contenu spécifique, une journée d’action mondiale au contenu de classe clair. Une journée où se feront entendre celles et ceux qui refusent le capitalisme comme modèle économique. Une journée contre les crises inhérentes à ce système qui n’est pas aménageable et dont il faut changer avant qu’il ne détruise tout et fasse sombrer notre planète dans les guerres et la barbarie pour le profit de quelques-uns.

Oui décidément le 7 septembre, Peuples du monde, soulevons-nous


[1sociologue et économiste il enseigne à l’université de Paris X. Il anime aussi l’Institut européen du salariat
Ses recherches portent sur la sociologie du salariat et la comparaison des systèmes de protection sociale en Europe.
Bibliographie
-  L’enjeu des retraites, 2010, édition La dispute
-  Puissances du salariat, 1999, édition La dispute
-  Et la cotisation sociale créera l’emploi, 1999, édition La dispute
-  La construction sociale de l’emploi en France, des années soixante à aujourd’hui, édition L’Harmattan

[3L’enjeu des retraites La Dispute

[423 bd d’Athènes

[5Fédération Syndicale Mondiale voir nos articles sur le sujet dans INTERNATIONALSYNDICALISME



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