LA CRISE APPELLE LE BESOIN DE NOUVEAU

jeudi 6 mai 2010
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Tous ces débats, comme celui sur les retraites et leur financement, je les perçois comme une vaste campagne d’enfumage destinée à éviter le débat principal, le débat décisif aujourd’hui, celui du changement de société, lequel conditionne, aujourd’hui, tous les autres.
Je pense que cette vérité doit être dite, même si elle peut sur le moment entraîner quelques questionnements naturels, le courage est de le faire.
La caractéristique principale de tous ces débats jusqu’à ce jour, c’est qu’ils visent à nous installer « à perpète » dans le système capitaliste, lequel est d’ailleurs en train de se « casser la gueule » avec sa crise, laquelle s’approfondit encore.
Jean Gadrey, économiste, professeur émérite à l’Université de Lille, publie dans "Tribunes et Idées", sous le titre : "Les trois pistes oubliées : égalité, "conversion verte", pouvoir d’achat", un article bien intéressant relatif au financement des retraites ( L’Humanité - 3 mai 2010 )

LE DEBAT POUR SORTIR DU CAPITALISME

Jean Gadrey, il raisonne à 20 ans, mais toujours dans le cadre du capitalisme, même si c’est un capitalisme qui évolue en devenant « vert ».
Donc, 20 ans de capitalisme en plus !
Il nous installe dans le capitalisme pour 20 ans encore !
S’il avait raison, je nous souhaite bien du bonheur !
Mais il ne voit pas, ou bien ne veut pas voir, ce qui est en train de se passer dans notre société, et à plusieurs niveaux.

VOIR CE QUI SE PASSE DANS LA SOCIETE

Par exemple, l’UE tremble sur ses bases, à l’évidence très fragilisées, elle n’apparaît guère vivable, cela devient évident, elle est faite pour le capitalisme, et celui-ci est bien mal , la Grèce est loin d’être le seul pays qui s’effondre !
La question est plutôt : à qui le tour ?
Va-t-on accepter cela en France et ailleurs ?
C’est-à-dire va-t-on accepter que tous les peuples, tour à tour ou ensemble, soient passés à la moulinette dans des pays qui parmi les plus riches du monde ?
L’avenir économique du capital ?
Mais qu’est-ce que la crise ?

QUEST-CE QUE LA CRISE ?

La crise, selon Marx, c’est le résultat de ce qu’il appelle « la baisse tendancielle du taux de profit », c’est-à-dire que la masse du profit s’accroît, mais que le taux de profit diminue, ce qui n’est pas supportable pour le capitalisme.
Pour maintenir le taux de profit pour certains capitaux, il convient de détruire une partie plus ou moins importante des autres.
La sur-accumulation du capital aboutit en conséquence à la dévalorisation d’une partie du capital, c’est-à-dire à la disparition de capital sous différentes formes.
Cette dévalorisation, ce peut être des fermetures d’entreprises, partielles ou totales, ou la disparition simple de plus ou moins grandes quantités de capitaux sur les marchés financiers.
Les capitaux restant peuvent alors retrouver un taux de profit « normal », au moins pour un temps, tant que l’on n’est pas entré dans une autre phase de sur-accumulation.
La crise actuelle semble avoir d’autres caractéristiques que les précédentes : sa fin est annoncée tous les jours, mais tous les jours sont également annoncés de nouveaux approfondissements.
La crise actuelle apparaît sans fin.

LA CRISE SANS FIN ?

Est-ce la dernière ?
On bien le capitalisme est-il entré dans une crise permanente ?
Je pense que personne n’a la réponse à cette question.
Et tu voudrais discuter sérieusement des retraites dans une telle situation, alors que c’est la panique partout ?
Et les sources, les causes, de la panique ne sont pas seulement économiques.

Le système capitaliste est confronté à d’autres problèmes.
Par exemple, la nouvelle « révolution » du mode de production avec l’entrée en force de l’automation et de l’informatisation, dont on peut attendre encore de nouveaux et importants progrès de productivité, jusqu’à la possibilité en tendance de supprimer le nécessité de tout travail humain.

LE CAPITALISME BLOQUE

Dans l’immédiat, il conviendrait de diminuer considérablement le temps de travail, mais le capitalisme, à la recherche de la remontée du taux de profit, ne le peut pas.

Il freine même l’introduction, qui coûte cher, de l’automation et de l’informatisation, et recherche dans d’autres parties du monde de la main d’oeuvre à bon marché qui lui évite des investissements coûteux.
Il y arrive encore, mais ce n’est pas sans problèmes conséquents dans les anciennes bases économiques du système.

Là, la crise économique devient une crise générale de toute la société, notamment parce que le capitalisme y bloque les possibilités de développement. Tous les secteurs de la vie de la société sont concernés, et pas seulement les retraites, mais les salaires, l’école, la recherche, la culture, la fonction publique, toute l’organisation de l’Etat, des territoires et de leur aménagement...

Tous les secteurs concernés entrent en lutte, la crise prend davantage encore une dimension sociale.

LE REJET DE TOUT LE SYSTEME

Et, finalement, la crise prend des dimensions politiques fortes, des dimensions institutionnelles, constitutionnelles, juridiques...
Tout est concerné, c’est le mai-vivre généralisé...et le ras-le-bol généralisé !

C’est le rejet, un rejet profond de tout le système !
Ce rejet annonce aussi un besoin profond de nouveau, un besoin profond d’une société nouvelle, de solutions nouvelles à des problèmes déjà anciens restés en déshérence.
Aussi, il n’est pas étonnant que 72% des Français considèrent le capitalisme comme négatif !
Mais si, pour 72%, le capitalisme est négatif, c’est en conséquence quelque chose de profondément nouveau qu’ils souhaitent, pas un quelconque rafistolage qui ne ferait d’ailleurs que reculer les échéances.

LE PEUPLE, C’EST LE NOUVEAU

Ce profond rejet, ce profond besoin de nouveau, se manifestent également avec une puissance inégalée jusqu’alors à l’occasion des élections.
C’est l’abstention, c’est le boycott, qui deviennent majoritaires.
C’est la caractéristique nouvelle de la situation de crise !
Et cette caractéristique, c’est une création du peuple !
Et c’est pourquoi cela panique de plus en plus, à la fois dans les conseils d’administration et dans les cercles des gestionnaires politiques du système.
Ils ont, entre autres besoins, de débats de diversion qui apparaissent crédibles, et les uns se portent au secours des autres, les uns et les autres « se tenant la barbichette ».

LE DEBAT EST LANCE

Car, bien évidemment, ce ne sont pas eux qui vont lancer le débat du changement de société !
Alors, qui va le lancer ?
Mais il est déjà lancé ! Les 60% d’abstentionnistes aux européennes, les 54% aux régionales, ont cette signification !
C’est le peuple qui a lancé le débat !
Et c’est lui qui va continuer !
Ce n’est pas la première fois qu’il prendrait ses affaires en mains, il y a aussi ces traditions-là dans le mouvement ouvrier français.
L’essentiel, c’est de le comprendre !



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