Aimez-vous la liberté ?

lundi 20 mars 2006
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LE LIBERALISME CONTRE LA LIBERTE

LE LIBERALISME : A l’origine, philosophie politique dont l’objectif essentiel était de libérer les individus de la monarchie de droits divin. Le libéralisme est le grand courant philosophique du XVIII ème siècle, qui va contribuer à la Révolution Française. Le libéralisme politique est fondé sur la liberté de pensée et d’opinions et la séparation des pouvoirs. Le libéralisme politique est à l’origine du droit de vote. Cet ensemble fonde la démocratie et crée le citoyen. Dans cette approche, qui pourrait ne pas être libéral en politique ?

LE LIBERALISME ECONOMIQUE : Il en va tout autrement pour ce qui concerne le libéralisme économique. En économie, le libéralisme est une perception du rôle économique de l’Etat. En économie, les libéraux sont partisans d’une non intervention de l’Etat dans l’économie. Selon eux, le marché (loi de l’offre et de la demande) est le meilleur régulateur économique possible qui permet de construire une société équilibrée (croissance et plein emploi). A l’origine du libéralisme économique, se trouve l’abolition des corporations (loi Le Chapelier de 1789), car celles-ci empêchaient toute innovation et toute évolution.

En effet, les corporations (ex : la corporation des boulangers), déterminaient toutes les conditions nécessaires à la fabrication du pain. Aucun boulanger ne pouvait prendre d’initiative particulière (nouveau pain). Les salaires étaient aussi fixés par les corporations. C’est cette loi qui en « libérant le travail » fit naître le salariat. C’est aussi au nom de cette loi que les organisations syndicales, les rassemblements et manifestations d’ouvriers furent interdits et parfois réprimés par l’armée (fusillade de Fourmies). L’ordre économique libéral régnait.

LA DESTRUCTION CREATRICE : Pour le capitalisme qui s’appuie sur le libéralisme économique (liberté d’initiative et concurrence), il existe un concept clef qui justifie tout : c’est celui de « destruction créatrice ». Pour les libéraux, la liberté et la concurrence débouchent inévitablement sur des affrontements économiques entre entreprises (guerre économique). Résultat, seules les entreprises les plus solides survivent, les autres disparaissent (1). Le libéralisme applique à l’économie, la logique de sélection naturelle existant dans la jungle (rebaptisée civilisation (colonies) ou démocratie (Bush)). C’est du darwinisme économique. C’est ce mouvement incessant de « destruction création » qui est censé expliquer le dynamisme du système. Le dernier exemple en date vient de FORD, qui pour survivre face à la concurrence, ferme 14 Usines et détruit 30.000 emplois. Quel est ce système qui pour survivre détruit (c’est le titre des échos). Est cela le progrès ? la guerre de 1914-1918 (dénommée « grande boucherie » était-elle un progrès ?

LA LIBERTE : Concept clef du libéralisme, sur lequel est fondé toute la construction théorique et politique du libéralisme économique. A ce niveau de réflexion, il est donc nécessaire de regarder comment la liberté a-t-elle été définie par ceux qui ont en promu le concept : On trouve cette définition dans l’article IV de la déclaration des droits de l’homme de 1789, qui nous dit : « la liberté consiste à pouvoir faire tout ce ne nuit pas à autrui ». La lecture et la compréhension attentive de cette définition nous permettent de voir à quel point la signification profonde du concept de liberté s’oppose au « libéralisme économique », à son principe de régulation par la concurrence et sa traduction en terme de destruction créatrice.

LE LIBERALISME (système concurrentiel) DETRUIT LA LIBERTE : En effet, dans un système économique de marché, l’objectif de l’entreprise (celle qui le peut(2 ) va être de prendre des initiatives industrielles (sous-traitance, délocalisation), technologiques ou commerciales visant à prendre une plus grande part de marché au détriment d’une ou d’autres entreprises (Ford voit ses parts de marché diminuer).

A l’origine de l’initiative privée, l’objectif est donc bien de nuire à autrui (à d’autres entreprises) en conquérant des parts de marché. Observons que cette volonté de nuisance, quand elle va jusqu’au bout, passe par l’élimination du concurrent (et donc des emplois), c’est dire si la nuisance observée peut s’avérer importante (demandez aux chômeurs, aux rmistes, aux S.D.F, etc.). On est donc confronté à un système économique, le « capitalisme libéral », qui s’appuie sur un concept clef, la liberté, mais dont le fonctionnement réel (concurrence, destruction créatrice), est antinomique avec la liberté, tel que défini par l’article IV de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen. En d’autres termes, en économie, le libéralisme détruit la liberté.

LE SERVICE PUBLIC EST LIBRE : Ce n’est pas le moindre des paradoxes que de constater qu’en définitive, le service public est l’entreprise qui s’approche le plus près du concept de liberté. En effet, les initiatives du service public , ne sont jamais prises en vue de pouvoir conquérir un marché plus important, mais seulement en vue de pouvoir répondre aux besoins des « citoyens usagers ». Il n’y a donc pas de nuisance à autrui (pas de destruction d’entreprise ni d’emplois). Au niveau mondial, quand il y a échange avec d’autres Pays, on ne parle pas de conquête de marché et de concurrence, mais de coopération (ex : coopérations décentralisée sur l’eau). Le service public est donc bien plus libre, au sens de l’article IV, que les entreprises du libéralisme économique.

CONCLUSION : La lutte idéologique intense menée par les dirigeants (entreprises et politiques) a consisté à introduite une confusion volontaire entre « libéralisme politique » et « libéralisme économique ». Si l’un (le libéralisme politique), est fondateur de la démocratie et de la liberté, le second (le libéralisme économique) se sert du premier, pour imposer un système d’exploitation et d’aliénation (la mondialisation), destructeur de la liberté.

(1)Sur 10 entreprises crées seules 4 sont encore survivantes 5 ans après.
(2)Toutes les entreprises ne sont pas en mesure d’innover, ou de prendre des initiatives car fonction de leur situation spécifique (taille, capacité financière etc.).



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