Avant de lever le verre de l’amitié...

dimanche 22 janvier 2006
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Intervention aux voeux de Rouges vifs 13 le 17 janvier 2006

...un retour rapide sur une année 2005 riche en évènements dont le plus marquant au plan politique restera sans doute la victoire du « non » au traité constitutionnel européen.
Un « NON » de classe, un « NON » de rejet populaire de toutes les politiques libérales subies depuis des années.
Je ne vous infligerai pas une nième analyse de ce scrutin mais je reviendrai simplement sur un aspect qui montre toutes les potentialités de résistance qui existent aujourd’hui.

Si l’on s’en souvient, en février / mars 2005,tous les sondages donnaient le « oui » aux environs de 70%.
Le chantage au chaos, le matraquage des médias, le concert quasi unanime des états majors politiques laissaient peu de place au doute. L’affaire semblait pliée.
Et pourtant, 2 mois plus tard ......on connaît la suite.
C’est bien la preuve que lorsqu’on affronte unis le combat d’idées, on peut gagner.

Un enseignement capital, me semble- t- il, pour les batailles à venir.
En même temps, chacun sait bien que rien n’est définitivement acquis et que déjà les libéraux et socio-libéraux de tous poils manÅ“uvrent pour revenir à la charge en 2007.

Et même avant puisque le 18 février prochain, le Parlement européen sera amené à se prononcer sur.la directive BOLKESTEIN que les partisans du « OUI » disaient définitivement enterrée au printemps dernier et qui réapparaît telle quelle 8 mois plus tard.
Je rappelle que cette directive instaure le principe de l’embauche aux conditions sociales du pays où se trouve le siège de l’entreprise.

Elle illustre de façon spectaculaire la logique capitaliste qui vise à réduire toujours plus les coûts salariaux, à éradiquer les obstacles à la recherche du profit maximal.
Elle symbolise cette exigence de « concurrence libre et non faussée » synonyme de concurrence impitoyable entre salariés européens et de mise en pièces de notre code du travail.

Bref, ce que le peuple français a rejeté le 29 mai dernier. Cette directive est donc bien illégitime.
D’ores et déjà 2 manifs sont prévues au siège du parlement européen à Strasbourg :

- Le 11 février à l’initiative des Collectifs du 29 mai
- Le 14 février à l’appel de la confédération européenne des syndicats (avec la participation de la CGT).

Dans le cadre de cette bataille je vous invite à noter également sur vos agendas la conférence-débat organisée par les collectifs du 29 mai des BDR animée par Raoul Marc JENNAR (docteur en sciences politiques) qui aura lieu le 31 janvier à 18h30 au grand amphi de la FAC ST CHARLES.
Déjà la détermination des dockers a ouvert la voie puisque hier (NDLR : 16 janvier) les députés européens ont été contraints de rejeter une directive qui prévoyait de faire décharger les navires par les équipages dont on connaît les conditions de travail et de salaire en particulier quand le bateau bat pavillon de complaisance.
C’est donc bien une « BOLKESTEIN » des ports que les dockers européens ont repoussée.

On le voit à travers l’affaire Bolkestein mais aussi dans tous ses actes, le gouvernement ne tient aucun compte de la volonté populaire. Il poursuit et aggrave la politique de dérèglementation et de démantèlement social de ses prédécesseurs. Il multiplie les mesures en faveur des entreprises et des riches au détriment du plus grand nombre. Les inégalités sociales ne cessent de s’aggraver. Les services publics sont bradés aux intérêts privés.
Les critères de rentabilité ont pris le pas sur l’exigence d’efficacité sociale modifiant ainsi en profondeur la nature et les missions du service public qui n’est plus à même de jouer son rôle de cohésion sociale et d’égalité d’accès à des domaines indispensables à l’épanouissement des individus (santé, éducation, communication, culture, énergie, transports .....).

La révolte des banlieues est un puissant révélateur de cette crise sociale dans laquelle sont plongés des pans entiers de populations exposées au chômage, à la précarité aux mauvaises conditions de logement, sans parler du racisme instrumentalisé par un ministre de l’intérieur qui n’hésite pas à légitimer les thèses du Front National. Et plutôt que de déclarer l’urgence sociale le pouvoir décrète l’état d’urgence.

Cela dit et pour difficile qu’elle soit, la situation est aussi marquée par l’émergence et la montée de résistances.
Quelques « morceaux choisis » pour illustrer cette tendance.

- Au plan international : en Amérique latine le front s’élargit des pays qui refusent la dictature du libéralisme et de l’impérialisme américain. Autour notamment de Cuba, du Venezuela, de l’Uruguay, de la Bolivie, de l’Argentine, du Brésil se construit, pas à pas et malgré les difficultés qu’on imagine, un néo-socialisme (la formule est de Chavez) basé sur la ré appropriation par le peuple des richesses tirées du sous-sol et jusqu’alors confisquées par les multinationales.
Un socialisme non doctrinaire comme réponse aux besoins matériels, de justice et de paix des peuples.

- Au plan national j’évoquais précédemment le 29 mai, je voudrais également retenir la formidable journée d’action syndicale unitaire du 4 octobre.

- Au plan local la multitude de luttes m’a conduit à faire un choix forcément arbitraire et incomplet.

C’est Nestlé avec le maintien de l’activité industrielle et de l’emploi sur un site pourtant condamné par une multinationale.

C’est Momo, symbole de la résistance à l’arbitraire patronal, réintégré à Carrefour.

C’est la mobilisation populaire pour sauver l’hôpital de Salon ou s’opposer à la privatisation de l’hôpital de Ste Marguerite.

C’est la bataille contre les horodateurs, partie visible d’un mouvement plus large contre le remodelage de Marseille à la sauce Gaudin.

Et c’est bien sûr les luttes admirables menées cet automne par les salariés du Port autonome, de la SNCM et de la RTM.

novembre 2005

Ces deux dernières sont exemplaires à bien des égards car elles soulèvent des questions de fond. Tout d’abord dans leur contenu qui pose l’enjeu du service public et, de fait, du choix de société.
Elles ont permis (ces luttes) d’élever le débat dans la population et parmi les salariés.
La seule réponse apportée par le gouvernement et la municipalité aura été de passer en force.
Et ils y ont laissé des plumes tandis que les traminots, comme les marins avant eux, ont repris le travail la tête haute et déterminés.

Cela dit, il est clair que les difficultés à réaliser la nécessaire convergence syndicale des luttes (le tous ensemble) a pesé lourdement sur l’issue des conflits.
Par ailleurs ,les luttes ont besoin d’une expression politique pour se renforcer. Cette expression politique a été singulièrement insuffisante pour ne pas dire absente durant ces conflits.
Il nous semble qu’il est encore temps d’y remédier.

C’est pourquoi nous avons décidé de lancer une pétition afin d’exiger un référendum local sur la privatisation du tramway. Un moyen de prolonger le combat des traminots.
Les 3 mairies de secteur de gauche pourraient organiser une telle initiative qui mettrait Gaudin face à un véritable défi démocratique à l’instar de ce qui vient de se faire dans le Golfe de Fos sur le projet d’implantation de l’incinérateur.

Reste que la plupart des luttes de l’automne sont marquées par un contenu éminemment politique. La grève de la RTM, celle du PAM, de la SNCM et plus largement celles en défense du service public sont des grèves politiques dans le sens où elles s’opposent à une conception qui va à l’encontre des intérêts des salariés, des usagers et du peuple.

Les luttes à ST MICRO, à NESTLE, à LUSTUCRU sont aussi politiques parce qu’elles s’opposent à des choix de gestion capitalistes. La hauteur des enjeux explique la férocité du Medef et du gouvernement et leur détermination à ne rien lâcher.

Face à ce gigantesque bras de fer, l’issue passe par l’indispensable développement des luttes et par la reconstruction d’une véritable alternative de gauche capable de fédérer et de porter les aspirations populaires.
L’exigence d’une politique de rupture avec le libéralisme est sans doute aujourd’hui majoritaire dans le pays.
Mais pour rassembler ce peuple de gauche globalement inorganisé, une union qui se proclame de gauche doit concrètement tourner le dos au capitalisme et s’engager sans ambiguïté dans le sens du progrès social.

Il faut que les forces politiques porteuses de cette ambition surmontent leurs différences, se rassemblent pour donner envie aux citoyens aux militants syndicaux et associatifs de se réapproprier la politique de s’engager et de participer à la construction d’une nouvelle perspective politique.

Jâ€ËÅ“en terminerai en reprenant la conclusion d’un article de Raoul Marc JENNAR (publié sur Rouge midi) qui rendait compte du sommet de l’OMC réuni en décembre dernier à HONG KONG.
Un sommet qui, loin de rééquilibrer les échanges commerciaux Nord/sud, va permettre au contraire aux multinationales de continuer à étrangler les pays pauvres et à piller leurs richesses.

Au même moment à La Paz le peuple fêtait l’élection d’Evo Morales à la présidence de la république bolivienne.
D’où cette image de R Jennar : « Après que la nuit soit tombée sur Hong Kong, le soleil s’est levé sur La Paz. »

Au nom de Rouges Vifs je vous souhaite ainsi qu’à vos proches et à vos organisations une bonne année et je nous souhaite à tous que 2006 nous envoie quelques rayons de soleil de La Paz.



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