La preuve est faite, il faut nationaliser les banques...

mercredi 12 novembre 2008
popularité : 5%

La colère de la rue est palpable. Peu à peu est découvert l’effarante réalité non seulement du monde de la finance, des pratiques bancaires mais qui doit payer. Les licenciements commencent à peine. Si les Français n’en sont pas comme les Italiens à crier dans les rues “Nous refusons de payer pour votre crise !” c’est parce que le politico-médiatique joue bien son rôle d’anesthésie, leur coupe bras et jambes.

Face à une gauche qui a éclaté en chapelles concurrentes, un émiettement hostile,une explosion, une direction du parti communiste qui met tout son art à empêcher sa base d’avoir le droit à la parole, la rue doit garder sa colère pour elle. Et encore, elle a du mal à mesurer la réalité de l’arnaque. Les chiffres sont si monstrueux qu’ils ne représentent plus rien, si ce n’est cette phrase dite et redite à satiété : “Il n’y a plus d’argent pour la sécu, plus d’argent pour l’hôpital mais pour les banquiers, ils en trouvent !”

La seule solution est de remettre en cause la propriété privée et le profit.
Alors ce seraient les banquiers ? On vient de déverser dans leur escarcelle des sommes fabuleuses pour éviter le manque de liquidité, la thrombose du crédit et de l’économie… Et pourtant ils continuent à resserrer le crédit, alors que les entreprises et les ménages sont au bord de l’asphyxie.

Mais est-ce la faute aux banquiers ? Le banquier ne peut agir qu’à travers un seul critère celui du profit capitaliste. Il lui est impossible de changer et, pour en donner l’exemple le plus criant mais pas le plus coûteux pour l’économie, le public découvre avec effarement l’étendue de certaines pratiques bancaires et par exemple le montant des bonus octroyés, cette année encore, aux plus privilégiés de la profession. Le gouvernement Sarkozy en tête peut parler de “moralisation”, c’est du pipeau : on ne “moralise” pas le capital parce que si le capital ne fait pas de profit, s’il n’exploite pas, il disparaît en tant que tel et laisse la place à un concurrent.

La faute n’est pas celle des banquiers, le banquier fait de l’argent pour lui et ses actionnaires. Si l’on veut que le crédit ait une autre fonction, celle de servir l’intérêt général, on doit leur enlever la gestion. Ou alors on continue à croire que le marché, le libre renard capitaliste dans le libre poulailler des salariés, fait le bonheur de l’un comme des autres.
C’est pour cela que la direction du parti communiste - même si elle prononce de nouveau le mot nationalisation du bout des lèvres - et le reste de la gauche nous prennent pour des imbéciles. Que cette nationalisation soit totalement insuffisante et même nocive suivant la manière dont elle est menée -par exemple par la gauche sous Mitterrand- est parfaitement exact, mais si l’on ne donne pas à l’Etat, à la nation la propriété des banques, on ne pourra jamais changer les critères d’attribution des crédits et créer les conditions du contrôle par les travailleurs et les usages.

Nous venons d’en faire l’expérience :
Les banquiers, après avoir reçu un plan de soutien de 360 milliards d’euros voté par le parlement, qui de fait a délégué à un directoire de surveillance de ces crédits aux dits banquiers assortis de ministres complaisants, se sont engagées à ce que les crédits progressent de 3 à 4 % sur l’année et l’Etat, aidé par l’armée du corps préfectoral et des trésoriers-payeurs généraux, sont censés y veiller . Mais les banques, dans leur immense majorité, aujourd’hui durcissent considérablement leurs conditions de prêts : elles prêtent des sommes moins élevées, moins longtemps, en réclamant plus de garanties. Et, faut-il s’en étonner, elles ne s’en portent pas plus mal : au moment où tous leurs clients ou presque s’enfoncent dans la crise, leurs marges bénéficiaires progressent !

D’où les questions. Pourquoi avoir aidé les banques si celles-ci serrent la vis ? Où sont les fameuses contreparties ? Que vaut le « pacte moral » conclu entre la collectivité et la profession bancaire lors du vote du plan de soutien de 360 milliards d’euros ? On le sait, l’intervention des Etats, en France comme ailleurs, visait à éviter un blocage total du système bancaire, donc une paralysie complète du financement de l’économie. Le pire a été évité. Mais les banques, comme cela était prévisible ont recherché le profit et non l’intérêt général, la dette qu’ils ont contracté à l’égard de la collectivité, ils ont jugé en fonction de leurs profits.

C’est pour cela qu’il faut nationaliser, arracher à la propriété privée, changer les critères d’attribution des crédits et créer un contrôle démocratique réel.

Danielle Bleitrach



Commentaires

Sites favoris


20 sites référencés dans ce secteur