A chaud...

lundi 17 mars 2008
par  Charles Hoareau
popularité : 4%

Difficile de prétendre analyser en détail et ici les résultats des élections cantonales et municipales qui viennent de se dérouler dans notre pays. Pour autant quelques éléments nous paraissent dignes d’alimenter l’analyse et la réflexion collectives.

- La première constatation qui s’impose c’est que la France a connu un record d’abstention pour des élections municipales comme le montre le tableau ci-après.

Taux d’abstention aux élections municipales depuis 1959
en%195919651971197719831989199520012008
1er Tour 25,2 21,8 24,8 21,1 21,6 27,2 30,6 32,6 33,5
2d Tour 26,1 29,2 26,4 22,4 20,3 26,9 30 34 35,0 *

*estimation

Dire comme l’écrivent Ouest France ou d’autres pour expliquer ce triste record qu’il s’agit « d’une partie de l’électorat de droite » qui serait déstabilisée par le comportement personnel du président semble bien léger. Cet élément, qui peut bien sûr exister, n’explique ni la montée régulière de l’abstention depuis près de 20 ans, ni aussi et surtout le taux particulièrement élevé dans les cités populaires des grandes villes, celles-là même qui avaient voté massivement à la présidentielle pour faire barrage à Sarkozy.
Si l’abstention est élevée c’est que le peuple a le sentiment de se trouver devant un non choix. Pas plus que la droite le PS n’est crédible quand il parle de pouvoir d’achat - souci N°1 des habitants de France – d’emploi ou de gestion démocratique. Pas plus que la droite le PS ne propose le changement de société qui pourrait mettre un terme à l’injustice et à la mal vie. Dans ces conditions l’abstention doit s’analyser non comme un désintérêt de la chose publique de la part d’un peuple qui a voté à 84% lors de la dernière présidentielle, mais comme un refus ou une impossibilité de vote devant le choix offert.

- La deuxième constatation c’est qu’il y a vote sanction. Non pas des seuls effets « carlabrunesques » du président mais des résultats de sa politique qui ont fait s’ajouter « les impatiences et les mécontentements » comme le reconnaissait François Coppé au soir de l’élection. Pour un président qui a fait campagne sur le thème de la rupture et celui du « travailler plus pour gagner plus », s’augmenter de façon éhontée, mettre en place le bouclier fiscal et dire que les caisses sont vides cela fait beaucoup. Nul doute que la récente grève des employé-e-s de la grande distribution était dans les urnes. Ce vote sanction n’est certainement pas le coup du balancier mais le juste retour des choses à une UMP qui a mis à la tête du pays un bonimenteur qui, selon le mot célèbre de Lincoln [1] a trompé beaucoup de monde une fois.

- La 3e constatation c’est que ce qu’il est encore convenu d’appeler la gauche progresse de façon non uniforme et c’est de cette diversité que l’on peut tirer le plus grand enseignement pour les mois à venir.

- D’abord le PS continue à affirmer sa volonté hégémonique et à vouloir faire disparaître le PCF de son camp au risque de se couper encore davantage de son électorat le plus populaire comme Marseille en est d’ailleurs une illustration flagrante. En région parisienne, le maintien d’un certain nombre de candidats PS face au sortant PCF pourtant en tête et ce au mépris de règles que se sont en principe fixés ces partenaires montre assez ce qu’il faut penser du concept d’union de la gauche…Le plus étonnant c’est que dans ce contexte le PCF par la voix de Michel LAURENT se félicite du résultat de la « gauche » sans avoir un mot pour les pratiques déloyales du PS qui lui ont pourtant fait perdre plusieurs municipalités et le département. De Seine St Denis.

- Autre élément, quand il a électoralement le choix, du moins à ce qu’il croit, le PS privilégie l’alliance à droite avec le MODEM, plutôt que l’alliance à sa gauche…quitte à décontenancer l’électorat populaire et à se brûler les doigts.

- Le PCF gagne quand il apparaît être, si ce n’est sur une position révolutionnaire renouant avec l’identité communiste, du moins sur une ligne d’opposition résolue et claire. De ce point de vue l’avertissement lancé par les électeurs à Aubagne à une mairie d’union de la gauche à direction PCF devrait faire réfléchir. Il y a d’ailleurs quelque chose de cocasse et de pitoyable de voir l’équipe municipale de cette ville qui fut il y a quelque mois (avec le département de Seine St Denis…tiens, tiens) le chantre de la lutte contre le libéralisme au côté du pseudo ultra gauche Bové, faire aujourd’hui l’alliance avec la droite pour pouvoir se maintenir !!

- A l’inverse quand le PCF est fondu dans une alliance informe qui va, au nom de l’ouverture, de la droite à lui-même [2] non seulement il ne gagne pas, mais il disparaît – et avec lui les idées révolutionnaires – de l’expression politique électorale. Du coup les plus exploités ne trouvent pas à s’exprimer et de ce point de vue le faible score réalisé dans les quartiers Nord de Marseille par les listes Marseille contre attaque à Gauche montre à quel point l’implantation populaire du PCF a manqué [3] pour donner à ce rassemblement la force qu’il méritait .

- Dernier élément et non des moindres, quand la gauche du NON s’unit, y compris face au PS dissident ou non, quand elle vise l’intervention populaire, elle pulvérise son score [4], ce qui tend à prouver qu’elle représente alors un vrai choix porteur de perspective.

Quand nous avons créé Rouges Vifs nous nous étions donnés entre autres comme objectif, au-delà du rassemblement des communistes, de permettre la redécouverte collective d’un clivage droite gauche.
Le référendum sur la constitution européenne a été une première occasion.
Ces élections en ont été une deuxième.
Dans la confusion actuelle où l’on peut voir comme à Gap, un maire radical de gauche soutenu par l’UMP être élu sous l’étiquette divers droite, cet objectif est plus que jamais d’actualité.

Nul doute que les prochaines réunions de Rouges Vifs 13, au premier rang desquelles celle du mardi 25 mars au local marseillais enrichiront largement ces premières réflexions à chaud…


[1Vous pouvez tromper quelques personnes tout le temps et tromper tout le monde de temps en temps, mais vous ne pouvez pas tromper tout le monde tout le temps.

[2voire à Lutte Ouvrière comme dans le cas de Marseille !

[3et ce malgré les efforts faits par les différentes forces de ces listes pour que le PCF en soit partie prenante, ce qui au vu des résultats leur donne raison

[4à l’image dans notre région d’Allauch où elle fait plus que doubler son score en voix et en pourcentage toutes forces confondues



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mercredi 9 avril 2008 à 15h49 - par  Leila
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lundi 17 mars 2008 à 22h35 - par  Charles Hoareau
lundi 17 mars 2008 à 18h58