Une décision révoltante

lundi 7 novembre 2005
par  Charles Hoareau
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Ainsi après la SNCM, la « justice » vient au secours de la direction et du pouvoir pour essayer de faire plier les traminots marseillais. Quand la répression, les menaces, les pressions en tout genre (les traminots en sont à la 6e lettre reçue à leur domicile, dont une de Mr Gaudin et on observera donc au passage qu’il a eu accès au fichier salariés de la RTM : est ce bien « légal » ?), la calomnie, les tentatives d’isolement vis à vis de la population, quand toutes ces armes ne suffisent pas, on fait appel à une justice aux ordres. En son temps, dans une autre affaire de libertés un dirigeant syndical avait déclaré : « Il y en a qui craignent la république des juges, nous avons plus à craindre la république des valets », en l’espèce nous y sommes.

Que cette décision d’injustice mette en scène le juge Dragon déjà connu à Marseille pour avoir essayé de toutes ses forces (dans des conditions telles que la chancellerie avait à l’époque été saisie) d’empêcher une audience en urgence sur les recalculés (la suite lui a donné tort), que ce magistrat ait été ensuite récusé dans l’affaire Nestlé par l’avocat des salariés (et là encore la suite leur a donné bigrement raison), que ce même juge se soit imposé dans le référé de la RTM dans une audience spéciale créée par (pour ?) lui n’est pas le plus important de l’affaire. (on peut voir à ce sujet l’article « RTM : questions sur une décision scandaleuse » sur le site www.cgt13.net )

Comme aurait dit Francis Combes : « Certains juges rendent la justice, d’autres la vomissent. ». Gaudin savait pouvoir en l’espèce compter sur un appareil et sur des lois au service de sa classe.

Non le plus important c’est le jugement en lui même qui est particulièrement grave et nous ramène 50 ans en arrière. Non seulement la grève est déclarée illégale parce que politique (et cela renvoie à notre dernier édito ) mais de plus il y a manifestement dans le jugement volonté de frapper à la tête et à la caisse les syndicats.

Qui pourra faire grève demain si son action est suspendue à l’appréciation d’un juge sur le bien fondé de celle-ci. Par extension le droit de manifester, conquis dans les luttes ne pourra-t-il pas demain être remis en cause au nom de la sacro sainte préservation de l’ordre public ?

De plus au delà de l’astreinte de 10 000ââ€Å¡¬ par jour (le juge a du confondre Marseille et Davos !) le jugement ordonne au profit de la RTM une provision de 20 000 euros "à valoir sur l’indemnisation de son préjudice matériel" (sic !!) Vous avez bien lu ! On décide que par la grève les syndicats ont causé un préjudice qu’ils doivent payer ! Demain quand on fera grève non seulement on ne sera pas payé mais en plus on devra payer l’entreprise, ben voyons ! Quand on sait que la RTM parle d’un coût de la grève de 8 millions d’euros on imagine les conséquences d’un tel jugement s’il était confirmé en appel.

Comme l’ont dit et décidé les traminots le jugement n’arrêtera pas la lutte et d’ores et déjà, dans notre département le 10 novembre s’annonce comme un nouveau temps fort du rassemblement non seulement pour l’emploi, les services publics, le progrès social, mais aussi plus que jamais pour les libertés et les traminots ont déposé un nouveau préavis pour le 11.

Sans rapport avec ce qui précède dans un certain nombre de quartiers des voitures flambent. A l’origine visible de cette flambée les propos incendiaires d’un ministre dont il faudrait nettoyer non seulement la mairie mais aussi la bouche au karcher.

Sans rapport vraiment ? Pas si sûr . A Clichy comme à la RTM, à Gonfreville comme à EDF, dans les immeubles délabrés de Paris comme à Mellila au Maroc, à Nestlé comme à la SNCF, le capitalisme fait des ravages, écrase, casse la protection sociale et le système de solidarité publique provoque des drames humains et détruit des vies.

Cela ne va pas sans révoltes, luttes et aussi explosions de colères parfois mal dirigées. Face à cela ce pouvoir au lieu d’écouter, de reconnaître les effets de sa politique, de reculer ou même de faire une pause, passe en force et choisit l’insulte comme méthode de gouvernement. On ne dira jamais assez que si, le soir de la mort des deux malheureux adolescents de Clichy le pouvoir avait eu une autre attitude les évènements n’auraient certainement pas pris la tournure qu’ils ont pris même si les problèmes sous jacents (chômage, mal vie, racisme...) seraient encore entiers.

Mais le pouvoir le voulait il ? Sans rentrer dans la politique fiction pour chercher à savoir qui manipule qui force est de constater qu’ en France et dans le monde, au nom de la sécurité, face à la violence de quelques uns, on s’attaque aux libertés de tous. On manie la répression, on vigipiratise la France de façon permanente, on multiplie les lois mettant la justice à l’heure Sarkozienne. Et comme si cela ne suffisait pas on traite les jeunes de racaille et les marins de voleurs, la CGT d’archaïque et les chômeurs de fainéants, les traminots de terroristes et les sans logis de squatters clandestins.

C’est donc cela leur « gouvernance » : s’attaquer aux libertés et insulter toutes les victimes de leur politique !

Raison de plus pour riposter tous ensemble !



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