Solidarité avec les salariés de Gonfreville

vendredi 21 octobre 2005
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On pourrait rajouter, dans notre région, les spéculations de TOTAL sur l’emploi comme à St Auban ou sur le logement comme à St Menet.

La lutte des salariés de Total-Gonfreville est aussi longue qu’est assourdissant le silence entretenu par les médias à son sujet. De fait, le refus de la direction de négocier avec des salariés ne réclamant que leur dû ( déblocage des perspectives de carrière, augmentation des salaires dans un contexte de hausse des prix aggravée par le passage à l’Euro alors que les profits de l’entreprise dépassent les prévisions les plus optimistes) révèle des aspects essentiels de l’organisation sociale que l’appareil étatique et médiatique essaie tant bien que mal de dissimuler.

Le blocage actuel est exemplaire de la contradiction fondamentale entre l’intérêt des salariés et du peuple et celui des grandes entreprises. En effet, une entreprise capitaliste ne peut survivre que si elle se « développe », c’est-à-dire si le capital investi obtient un taux de
rentabilité suffisant, au moins égal avec celui des entreprises de même nature. D’où la tendance continue, véritable effet de système, à la surexploitation des salariés (salaires comprimés, précarité, productivité...).

Si cela ne suffit pas, le capital va s’investir dans
des secteurs ou des régions à taux de profit plus élevés, et la production comme les producteurs sont impitoyablement sacrifiés : fermetures d’unité de production et délocalisations, mise en faillite...

Total, comme les autres monopoles capitalistes, a pour seul horizon l’accumulation du capital et n’a aucune vocation philanthropique. L’utilisation systématique de navires-poubelles comme l’Erika et les catastrophes écologiques à répétition n’en sont qu’un autre aspect. Cela n’est pas d’ailleurs contradictoire avec le financement (moyennant
déductions d’impôts, bien entendu) de fondations pour l’environnement ou de campagnes de publicité, vues comme autant d’entreprises de com’ cherchant par des noms ronflants et des couleurs pastel à faire oublier la réalité de la destruction de la nature au Nigéria ou en Amazonie,
dans les océans et sur nos rivages.

Car les profits de Total s’accumulent aussi sur le pillage des richesses naturelles et des hommes de nombreux pays du tiers-monde. Présente et influente dans plus de cent pays, cette entreprise est ainsi l’un des agents majeurs de l’impérialisme français : la France, en guerre en Afghanistan aux côtés des états-uniens, s’est opposée à la guerre en Irak parce que Total (avec d’autres) risquait d’y laisser des plumes au bénéfice des majors nord-américaines du pétrole. Une fois le crime accompli et les positions perdues, la priorité est désormais de colmater les brèches, d’obtenir malgré tout quelques contrats, ce qui explique le
virage à 180° de la diplomatie française s’accommodant désormais de l’occupation et de la destruction de l’Irak, illustré de manière honteuse par l’écho journalistique donné au « référendum » sur la constitution américaine pour l’Irak, paraît-il une victoire de la démocratie sur les bombes...

Enfin, les profits mirifiques de Total s’expliquent par l’établissement de prix de monopole : en accord avec les quelques multinationales qui se partagent le marché, les usagers de la route, du chauffage au fuel ou au gaz sont littéralement rackettés par de scandaleuses augmentations des prix, qu’a feint de déplorer le ministre de l’économie Breton, commis à la privatisation de la SNCM et ami intime du PDG de Total, une amitié tissée de fils d’or et de participations croisées aux directions et au capital des plus grandes entreprises. Une pratique bien vite reprise par GDF qui vient d’annoncer, à peine privatisée, une hausse de 12 % de ses tarifs !

Ce sont ainsi non seulement les salariés mais l’ensemble de la population qui subissent le parasitisme de la propriété privée des moyens de produire la richesse. Le soutien à la lutte des salariés de Total est donc non seulement nécessaire mais indispensable. Nécessaire car les salariés ont le droit de vivre dignement et leur victoire constituerait un point d’appui pour l’ensemble des luttes.

Indispensable car en s’attaquant à l’un des grands monopoles capitalistes, elle fait grandir l’exigence de la nationalisation de Total et, plus généralement, de la maîtrise de sa destinée par la Nation, ce qui suppose la propriété publique des grands moyens de production et d’échange.

Soutenons la lutte des salariés de Total et les syndiqués CGT qui en sont à l’initiative ! Réclamons la nationalisation du groupe Total !


Benoit Foucambert est membre de la commission lutte du PRCF



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