République ça rime avec sociale ...

...Pouvoir autoritaire avec capital
lundi 5 février 2007
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Répétons-le, martelons-le, le seul critère d’évaluation de la politique d’un pays, c’est le partage de la richesse créée par le travail.

Ainsi, de 1978 à 2003, en 25 ans :

- Le revenu national, en monnaie courante a été multiplié par 4,57

- La part des salariés (neuf actifs sur dix) a été multipliée par 4,32

- La part des revenus du patrimoine, c’est-à-dire du capital par 11,3 !!

Trois remarques à ce propos :

- Depuis vingt cinq ans, patronat et pouvoir politique mettent en avant les difficultés des PME (plus de 20 salariés) ou des TPE (moins de 20 salariés) en prétendant qu’elles viennent des « coûts salariaux » des « charges salariales » qui ne leur permettraient pas d’embaucher : même repris par 95% des médias publics et privés, c’est un mensonge : la première cause vient de la dévalorisation du travail salarié dont pourtant la productivité horaire est toujours la première du monde ; du reste les patrons les plus lucides se plaignent surtout de la faiblesse de leur carnet de commande c’est-à-dire du pouvoir d’achat de leurs clients.

- D’autre part, la production de biens et de services est fortement concentrée en France. Avec l’aide, et les fonds publics, se sont constitués quelques dizaines de grands groupes industriels et financiers qui en dominent l’essentiel : leur position de « donneur d’ordres », leur politique de « sous-traitance », « d’externalisation des services », de « commercialisation », leur permet de faire remonter vers la tête de groupe une partie de la richesse créée par les PME.

 [1]

- C’est dire l’ampleur des prélèvements des groupes sur l’ensemble du travail salarié. Ceux que Mr DE VILLEPIN appelle avec tendresse « nos champions » sont de véritables prédateurs. Et le gouvernement ne fait pas que dire, il les gâte : 65 milliards de subventions, allègements de charges, baisses des impôts prélevés sur le travail en 2005. D’ailleurs c’est un tic chez nos gouvernants : par exemple quand les médecins protestent contre le triplement de leurs assurances professionnelles, ils décident d’en financer le surcoût ... non pas à l’assuré mais à l’assureur en prélevant sur le budget de la sécu, c’est-à-dire sur le salaire socialisé !

Et ce n’est pas une innovation : quand en 83 le gouvernement du socialiste Pierre MAUROY (qui compte 4 ministres PCF) décrète la « rigueur », il s’agit bien de la rigueur salariale et non pas de celle des « revenus du patrimoine ». Et quand Mme AUBRY, ministre socialiste, présente son projet de RTT elle dit que c’est « une occasion historique de transformer l’organisation de l’entreprise pour une plus grande compétitivité du travail » ! elle a effectivement dopé la productivité mais cet effet est maintenant épuisé, aussi ils veulent aller plus loin : en liquidant les majorations des heures supplémentaires ! ce que SARKOZY clame à l’unisson du MEDEF mais également la candidate du PS qui d’après le magazine « Valeurs Actuelles » (Juin 2006) a modifié « son point de vue » sur les 35 heures, après avoir été présentée à de grands patrons par l’ex-PDG et liquidateur de la nationalisation de RENAULT, ex-directeur de cabinet de l’ex-premier ministre PS, Laurent FABIUS ; elle est donc ainsi adoubée « présidentiable » par une partie du patronat.

Le débat faussé

Nous avons donc, à trois mois de la présidentielle, un débat théatralisé, médiatisé, entre les candidats sur leur « programme ». Il nous souvient qu’avant 81, François MITTERRAND tenait des discours incendiaires contre le capital. Mais, devant les patrons réunis par les chambres de commerce alors qu’il se présentait comme « le seul capable d’obtenir des salariés, les sacrifices nécessaires ». Mieux, il fit le voyage à Washington pour rassurer les dirigeants américains inquiets de son programme de nationalisation et surtout de la présence de communistes au gouvernement. « Je lèverai l’hypothèque que fait peser le PCF sur la politique française ». Ces deux objectifs ont été atteints, grâce à quoi les salariés ont « travaillé plus pour ... gagner moins » !

L’astuce de Jacques CHIRAC fût de dénoncer « la fracture sociale » dans les discours de campagne, tout en l’aggravant. Alors commença la série de ses revers politiques :

Le puissant mouvement social de 1995 mit fin au gouvernement JUPPE et provoqua la cohabitation d’un président de droite avec un gouvernement dit de « gauche plurielle » avec des ministres PC !

Jacques CHIRAC aborda la présidentielle avec un discours très néolibéral et falsifié : « perte de compétitivité » « coûts salariaux et charges trop élevées » : le 21 avril 2002 fût pour lui aussi un échec. Seuls 13.75% des inscrits se portèrent sur le candidat de la droite. Mais protégé sur sa droite par LE PEN et par l’effondrement de « la gauche plurielle » il fût sacré « rempart de la République » et plébiscité le 5 mai à l’appel des partis de gauche ! Ce plébiscite fut interprété comme un blanc-seing donné au gouvernement de droite pour appliquer son programme néolibéral.

Mais cela provoqua la montée en puissance de la riposte des salariés et retraités : contre la réforme des retraites et de l’assurance maladie, au point de mettre en échec le projet de constitution européenne, pourtant soutenu par la droite et le PS ; également de battre le CPE pourtant voté par une assemblée « godillots » dont les deux tiers des députés avaient été élus en juin 2002 par moins de 21% des inscrits, tout comme ont été votées les réformes des retraites et de l’assurance maladie.

Tout cela a été rendu possible par une Constitution vidée de ses principes républicains.

En avril dernier des journalistes ont fait état (bien que discrètement !) d’un affrontement entre les « porte-flingues » de SARKOZY et le pouvoir politique à qui il est reproché de « céder devant la rue ». Toute la question est là pour les décideurs économiques et politiques :

Comment imposer leur politique néolibérale à un peuple, un mouvement social qui s’y oppose ?

Evidemment en renforçant un pouvoir déjà fort, mettant en Å“uvre TOUS les moyens que leur donne la constitution, en s’éloignant un peu plus du régime républicain, « dans lequel le peuple exerce sa souveraineté directement ou par l’intermédiaire de ses représentants élus ».

Tel est l’enjeu du 22 avril pour les salariés, les retraités. Faire monter l’exigence de revenir aux principes républicains. Toute l’histoire l’atteste : la République seule, constitue la cadre politique dans lequel le travail peut exprimer ses besoins : la République ça rime avec sociale, le pouvoir présidentiel ça rime avec capital.

Il lit l’avenir dans son rétroviseur

Depuis son investiture, Monsieur SARKOZY a rangé sa « matraque » pour se tourner vers le peuple, vers la gauche ! Il nous le jure ; « Il aime le travail et les travailleurs ». Il prétend être « moderniste », mais ceux qui le connaissent nous disent son admiration.... Pour le Second Empire : rappelons que son fondateur, Louis Napoléon se fit élire Président de la république par plébiscite en Décembre 1848. Toujours animé par l’idée d’un pouvoir dur et autoritaire, il rétablit l’Empire dont il se proclama l’Empereur mais qui finit dans le sang et la défaite. En 48 soucieux de rallier à sa cause les ouvriers il leur adressa quelques pages intitulées : « vers l’extinction du paupérisme » du même tonneau que « travailler + pour gagner + » !!! Pourtant dans la plupart des bassins industriels de l’époque, le non était majoritaire car dès 1848 la jeune classe ouvrière choisit et se battit pour la République.


[1En 2003, on comptait en France, 78 groupes dominants 103.000 entreprises employant 7.700.000 salariés !
Dans l’industrie la plus concernée par ce système, la « valeur ajoutée » par chaque salarié des PME (20 à 250) est inférieure de 45% à celle de chaque salarié des grandes entreprises (+ de 500 salariés) et le profit brut inférieur de 60% ! et le travail y est pourtant aussi dur dans les deux cas.



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