Cessez le voeu.

dimanche 31 décembre 2006
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La nouvelle année étant électorale, nous vivons un temps de Noël, une Nativité toute de candeur, et l’on nous promet déjà un an neuf pharamineux.
On se prendrait à en douter, en voyant la police chasser des misérables qui dormaient sous la tente, sur les quais de la Bastille, tout près de cet éléphant de bois où logeait Gavroche.

D’autant que les flics agissaient au nom des riverains, pour la tranquillité de cette nouvelle population qui paye si cher la vue sur les canaux de Paris.

Quand on a les moyens d’habiter les anciens quartiers populaires, on ne saurait supporter de les voir ressembler à ce qu’ils étaient au temps des romans.

On achète à prix d’or l’air de Paris et le décor des goualantes. [1] On reçoit ses amis au loft, en leur parlant de Victor Hugo et d’Eugène Sue ; on se met à l’accordéon, on chante Bruant, Carco et Lemarque.

Après quoi, on en appelle à la marée chaussée pour donner la chasse aux rôdeuses des berges, aux Gavroche et aux clochards que l’on aime, mais dans les vieux films.

Ah ! Jean Vilar, dans les Portes de la nuit, quelle merveille !

Mais ces sans-abri défigurent le décor des films de Prévert et Carné.

On ne peut laisser proliférer les tentes, entre le métro aérien et le canal Saint-Martin, devant les portes de la nuit.

C’EST TOUT DE MEME NOEL !

Le soir de l’élégant coup de main des sergents de ville contre les clochards, le ministre de la police prenait un engagement solennel.

A compter du jour où il sera président, il ne faudra pas deux ans pour que nul ne soit contraint de dormir dans la rue !

C’est quand même beau, un discours de Nicolas Sarkozy.

C’est comme les voeux, on voudrait y croire.

Dans l’immédiat, n’étant que ministre de l’Intérieur, il ne peut loger les SDF.

Il se contente donc de les déloger, mais avec humanité.

Il semble pourtant qu’il soit possible dès cet hiver de loger la totalité des sans-abri.

Il suffirait d’ouvrir certains bâtiments publics, inutilisés depuis la suppression du service militaire.

Certes, je ne peux croire ce que me souffle un partisan notoire de Nicolas Sarkosy : toute utilisation sociale des anciennes casernes serait bloquée, selon lui, par ...Michèle Alliot-Marie.

Le ministre de la Défense planche sur la vente d’une partie de son patrimoine.

Des casernes vides, il y en a dans toutes les anciennes villes de garnison, et il en reste, tout près de Paris, au bout du métro, à l’ombre du château de Vincennes par exemple.Entre le bois et le donjon de Charles V, la priorité n’est pas au logement social.

UN PEU PARTOUT EN FRANCE,

Les forts les plus anciens éveillent d’ailleurs quelques appétits, du côté des groupes hôteliers et des promoteurs immobiliers. Même quand ils n’ont pas le charme des ouvrages conçus par Vauban, les bâtiments militaires sont assis sur des terrains dont on ne saurait négliger la valeur.

S’appuyer sur le patrimoine de l’Etat pour construire des logements sociaux, ça ne se fait pas.

Et qui le demanderait ?

L’opposition a mieux à faire que de s’opposer, elle est en phase d’écoute. Donc, Ségolène Royal vous tend ses oreilles, Nicolas Sarkozy se penche sur la partie douloureuse du pays, la sous-France.

Demain sera formidable !

Maintenant, tout de suite, cela n’existe pas. L’ELU OU L’ELUE LUTTERA, mais après mai, après juin, contre la précarité. En attendant, tout est précaire.

Le président et le gouvernement sont en bout de course.
Tout se passe comme s’ils n’étaient déjà plus.
Il ne leur reste que des voeux à présenter, adressés en particulier à ceux qui souffrent, selon la formule consacrée.

Et qui souffriront encore d’attendre l’élection.

L’année sera belle ! Nous aurons six mois de futur.
Nous verrons loin, très loin, jusqu’au réchauffement de la planète « preuve que le froid de l’hiver n’est qu’une frayeur de pauvres ». Ces gens ne comprennent pas l’avenir.

Ils n’en ont pas.

Source Marianne

Transmis par Linsay


[1Terme populaire ancien pour désigner une chanson des rues. Féminin du participe présent de l’ancien verbe goualer, qui était probablement une variante de gouailler. Edith Piaf avait rendu célèbre La Goualante du pauvre Jean.



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