Non au conditionnement des cerveaux !

vendredi 29 décembre 2006
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« Jamais l’information ne s’est autant noyée dans la communication et cette dernière confondue avec le conditionnement », déplore Alain Tihon dans La Libre Belgique. "L’émotion, le slogan, l’image, qu’elle soit brute ou travaillée, priment absolument, niant la complexité de la réalité du monde où nous vivons

Ce n’est ni un mouvement brutal ni l’expression d’une politique délibérée. C’est beaucoup plus subtil. Les emballages dans lesquels se présente l’information deviennent de plus en plus chatoyants, mais le contenu commence à manquer singulièrement de saveur. L’uniformisation de l’information est aidée et poussée par la télévision, qui se révèle une formidable machine à décerveler, à ’faire croire’, à répandre et à faire vivre des émotions semblables à un maximum de gens. Le monde est peut-être devenu un village, mais un village émotionnel et superficiel.« Dans cet univers plus que fini, »communiquer devient le maître mot, peu importe le contenu. Les princes de la communication, les ’spin doctors’, ont décidé qu’il fallait nous arrêter de penser. Comme les prisonniers dans la caverne de Platon, nous en sommes à nouveau réduits à ne regarder que les ombres sur les parois. Et nous sommes subtilement conditionnés de manière à nous persuader de les prendre pour la réalité. Les exemples de ce processus pervers d’uniformisation-conditionnement ne manquent pas. Dans la plupart des pays démocratiques, nous assistons à une dérive du débat politique qui privilégie l’image et la forme du message au détriment des explications sur les programmes, leurs exigences, les débats d’idées.« Au final, »tout le monde se moque du contenu et de sa réalité, l’enjeu est de garder le pouvoir et ses avantages.« Alors, certes, »le phénomène a toujours existé, mais il atteint une ampleur sans égale".

L’auteur, consultant spécialisé dans le secteur de l’information au sein de l’entreprise, analyse le mécanisme de cette uniformisation-décérébralisation qu’il dénonce. « La volonté de libéraliser les domaines culturels et éducatifs, discutée à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), participe clairement de la même logique d’uniformisation. Le discours dominant proclame l’efficacité du marché, qui procurera à tous les meilleurs services culturels et éducatifs au moindre coût. Or soumettre ces matières au seul critère du profit matériel revient à provoquer à terme une standardisation des produits et des processus culturels. En effet, une grande quantité de produits semblables permet seule de maximaliser le profit. Les coûts de production sont réduits et le producteur peut alors concentrer ses efforts et ses ressources sur la promotion, sur ’les emballages’ et les émotions qu’ils véhiculent. Il faut anesthésier toute critique, communiquer une image adaptative dans laquelle tout un chacun pourra se reconnaître, se concentrer sur l’idée d’un service ou d’un produit, et non sur son contenu. On se gardera, bien sûr, de mentionner la destruction des patrimoines culturels, la domination économique de la culture au profit de quelques grands groupes de médias avec les risques de conditionnement à grande échelle qu’elle entraîne. »

Selon Alain Tihon, « le modèle suivi par l’uniformisation-conditionnement consiste à ne retenir et ne proposer qu’une partie des informations au nom de théories et de jugements de valeur préétablis, allant dans le sens des intérêts dominants, à la traduire en slogans et images et à dénier toute crédibilité ou influence à une information plus complexe et différente. Il en résulte un appauvrissement du débat et la difficulté, sinon l’impossibilité, pour le citoyen de se forger une opinion éclairée et de décider en connaissance de cause, bref l’affaiblissement du processus démocratique ».

Pourtant, tout n’est pas perdu laisse entendre l’analyste. « Certains captifs sont parvenus à s’évader de la caverne et tentent de nous démontrer, souvent en vain, que les ombres ne sont pas la réalité et que, sous l’apparence de nous éclater, de vivre comme nous voulons, de nous exprimer, nous marchons tous au pas. Les évadés ont raison. Car les enjeux qui se cachent derrière le processus de conditionnement que nous venons d’esquisser sont essentiels. Il s’agit ni plus ni moins de savoir entre quelles mains nous remettons notre liberté : les nôtres ou celles de ceux qui changent les pierres en pains, celles des fabricants de rêves frelatés, des princes de l’illusion qui exigent en retour notre ’autolobotomisation’, l’adoration et l’obéissance absolue aux totems qu’ils érigent... »

Source LA LIBRE BELGIQUE

Transmis par linsay



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