La Palestine historique n’a jamais été aussi menacée

lundi 13 février 2017
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Que n’aura-t-on écrit, publié et produit comme livres, documents et informations sur les territoires palestiniens occupés, afin d’informer et d’attirer l’attention du plus grand nombre mais aussi des responsables politiques, sur le démembrement de la Palestine historique au profit de la colonie sioniste ?!
Sans le moindre résultat à la hauteur du drame qui y perdure.
Sans la moindre réaction déterminée des autres nations.
Comment le comprendre ?

Impossible à ce stade, de ne pas revenir quelques années en arrière et de comprendre à la lumière des événements qui se sont succédés depuis, à quel point les Accords d’Oslo ont été une erreur stratégique du président Arafat. Les Palestiniens, trop naïfs, se sont faits piéger – une fois de plus – au plus grand bénéfice de la sournoise idéologie sioniste qui poursuit son objectif : le vol et l’accaparement de toutes les terres palestiniennes. L’art et la maîtrise d’une diplomatie d’un pays réside dans sa capacité à s’adapter aux événements. Or, depuis ces Accords, la situation en Palestine occupée continue de se déliter, au seul profit du projet sioniste. Et il faut bien constater que ni Y. Arafat à l’époque, ni le gouvernement actuel de M. Abbas – collaborationniste s’il en est – n’ont su réagir de manière adéquate, s’entêtant à poursuivre la chimère d’un « processus de paix » moribond et euthanasié au fil du temps par les sordides manœuvres israéliennes !
Loin d’y opposer la moindre contrainte qui eut pu ramener la partie israélienne à rentrer dans le rang, la courageuse diplomatie mondiale alignée sur celle des USA s’est retranchée derrière la même rhétorique éculée d’Oslo. Repoussant ainsi, la possibilité d’un partage acceptable (?) entre l’État israélien et l’improbable État palestinien, au point de le rendre totalement caduque à ce jour.

De même pour les associations et militants de la cause palestinienne dont la plupart persistent à poursuivre ce phantasme de « deux Etats vivant côte à côte dans une paix juste et durable ». Mantra usé jusqu’à la corde, inaudible pour le peuple palestinien, premier concerné et qui n’y croit plus. Quel aveuglement, à la limite de la bêtise, dont les autochtones paient le prix le plus fort, quand d’aucun poursuivent leurs manifestations stériles et de plus en plus clairsemées à défendre des Accords dont tout le monde sait qu’ils sont devenus irréalisables. A ce stade, il faut craindre que tant les associations que leurs militants n’aient rien compris de ce qui se joue sur le terrain, servant d’idiots utiles à la poursuite d’une colonisation intensive. De la même manière que les États, ces associations n’ont pas su s’adapter aux contingences.

Comme l’Histoire ne s’arrête jamais, depuis l’élection de D. Trump aux USA, les forfaits dans ces territoires amplement fractionnés semblent s’accélérer. En ce moment même, la droite la plus extrême d’Israël au pouvoir, met les bouchées doubles pour accaparer dans une indifférence quasi générale, le maximum de terres qu’elle vole désormais sans retenue aux Palestiniens, pour y implanter de nouvelles colonies et en légaliser d’autres – pourtant TOUTES illégales aux yeux du Droit international – dès lors qu’elle a compris avoir le feu vert de la nouvelle administration américaine. Et que le reste du monde, tant arabe qu’européen ou asiatique s’en fout. Même l’ONU en est réduite à ses discours pitoyables, réitérant « ses inquiétudes » ou prenant des Résolutions jamais respectées !

Sur le terrain, loin des propos lénifiants et des rêves éveillés des belles âmes, qu’en est-il ? En parallèle à ce pillage éhonté mené au galop, les assassinats de civils en Cisjordanie se multiplient ; les incursions de colons protégés par l’armée sur l’esplanade des mosquées à Jérusalem également ; le nombre d’arrestations et d’emprisonnements augmente ; et plus inquiétant, des bombardements aériens de l’armée israélienne s’intensifient sur la Bande de Gaza. Ajoutant au stress permanent que subissent les habitants de cette enclave concentrationnaire, prisonniers depuis 10 ans d’encagement et d’embargo.

Par le passé, de tels bombardements étaient pratiqués en vue d’affaiblir la résistance palestinienne avant une intervention militaire d’envergure. Présagent-ils la prochaine guerre qu’Israël voudrait mener contre Gaza ? Et sont-ce ces plans inavoués qui occasionnent dans la foulée, le renforcement actuel de leurs forces terrestres et maritimes ?

A ce stade, aucun pays ne semble réagir. En attente de ce que l’imprévisible nouvel occupant de la Maison Blanche va faire, d’autant que le 1er ministre israélien arrive aux USA dans quelques jours. Ici-et-là, certains trouvent comme à chaque fois quelque circonstance atténuante à l’entité sioniste qui a « le droit de se défendre » ! Ces bombardements s’inscriraient donc dans des « mesures préventives » admises de facto dès qu’il s’agit d’Israël. Mais pour se défendre contre qui, dès lors qu’il est la puissance occupante !? C’est donc à un renversement de toute notion de Justice auquel on assiste, où le coupable se présente à l’extérieur et aux médias comme victime. Qualifiant du même coup les résistants, de terroristes. Et nos gouvernements, par leur manque de rigueur, de probité et de courage politique, n’ayant aucune cohérence dans leurs propos et prises de position, révèlent combien ils sont hypocrites, menteurs et dès lors complices et coupables de cette situation.
Ceux qui suivent la situation me diront peut-être qu’il n’y a-là pas grand-chose de neuf dans la dérive qui prévaut dans la région depuis la partition de la Palestine en 1947. Sauf que ce qui change, est le contexte global des événements en cours.

Tentons d’en dresser une topographie rapide :
– la première intervention en Irak décidée par le père Bush en janvier 1991 a entraîné tout le M-O dans le chaos. Nos « amis » américains – ah, le bel euphémisme – y ont multiplié leurs sales guerres pour les oléoducs et hydrocarbures, maquillées sous les prétextes humanitaires habituels qu’il n’y a plus que les bobos de gôôche pour les accréditer, genre BHL, Kouchner, Glucksmann, Bruckner, Adler et autres sombres sionistes qui se succèdent sur les ondes, à justifier ces crimes déguisés sous le label du « droit d’ingérence » ;
– après leurs échecs en Afghanistan, puis en Irak, les USA et la coalition dont fait partie l’UE à travers l’OTAN, ainsi qu’Israël, viennent d’essuyer un sérieux revers en Syrie. Le gouvernement officiel syrien soutenu par la Russie, l’Iran et les forces du Hezbollah libanais gagnent sur les mercenaires d’Al Qaïda et ses nébuleuses protéiformes, financées, formées et armées par nos États (!) ;
– les mêmes « amis » américains, alliés aux Britanniques et aux Israéliens (!) sont enlisés dans leur guerre par procuration menée par l’Arabie saoudite au Yémen, dont presque aucun média mainstream ne parle – on attend toujours les perspicaces analyses des nombreuses pleureuses d’Alep – comme lorsqu’il s’agissait de condamner le tyran B. Al Assad. Mais la résistance yéménite se révèle beaucoup plus robuste que les stratèges américano-israélo-saoudiens ne l’avaient imaginée, au point que les doutes s’installent là-aussi, et que certains princes n’osent même plus dormir dans leurs palais de Ryad ;
– en Israël, B. Netanyahu faisant l’objet d’un dossier compromettant où il risque 10 ans de prison pour corruption avérée, tente de détourner les regards sur l’accord nucléaire signé à Vienne entre l’Iran et les grandes puissances (USA, Russie, Chine, France, G-B, Allemagne) après 12 ans de négociations, pour le dénoncer et affirmer que suite à ce mauvais accord, le monde n’a jamais été aussi menacé – allégation obsessionnelle reprise ce week-end par le président Trump qui a déclaré cet accord « très mauvais » et a dans la foulée, décidé de nouvelles sanctions à l’encontre de l’Iran ;
– parallèlement et toujours pour détourner l’attention, Netanyahu entouré de ses généraux répète que le Hezbollah représente une menace directe pour Israël et attise les provocations par des incursions armées en territoire libanais ;
– le président Trump a nommé son gendre Jared Kushner issu lui-même d’une famille juive orthodoxe au poste de haut conseiller à la Maison Blanche, particulièrement pour les Affaires étrangères, ce qui présage des positions que le milliardaire de 36 ans pourrait avoir sur le dossier. Le président américain a révélé que ce dernier était à l’origine de son discours de campagne sur Israël, et pourrait donc l’aider à « être celui qui fera la paix entre Israël et les Palestiniens ». Avec le projet de transférer l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem, qui en douterait ?!
– loin de calmer les esprits, les forces armées de différents États pro-occidentaux n’ont de cesse d’organiser des exercices militaires simulant des attaques des uns contre les autres, se rapprochant toujours des frontières de pays ciblés et décrits comme menaçants…

Les tensions sont donc à leur comble et le moindre dérapage de l’une des parties de cet échiquier géant pourrait réellement mettre le feu aux poudres et entraîner un embrasement général dont on peut craindre, comme toujours dans ces cas-là, ne pas savoir comment l’arrêter. Mais, la première victime est toute désignée : la Palestine historique risque bel et bien de passer sous contrôle israélien complet, hormis le camp d’extermination de Gaza où seraient entassés tout ce qu’il y a moyen d’entasser comme population, tant de Cisjordanie que d’ailleurs. Le peuple palestinien aurait de la sorte, sa terre pour y établir son État (360 km² !) que s’empresserait de reconnaître Israël qui se sera approprié tout le reste de la Cisjordanie avec Jérusalem, capitale éternelle de ces fous de Dieu !

Ces plans machiavéliques ne sont pas des cauchemars. Ils émanent d’observateurs palestiniens eux-mêmes, sont dans les cartons de l’administration israélienne et donc, américaine à coup sûr. Et il n’est pas exclu qu’un D. Trump y prête une oreille favorable, flattant au passage les illuminés qui y voient le signe du retour imminent du Messie !

Les Palestiniens ayant compris depuis longtemps qu’ils ne pouvaient réellement compter que sur eux-mêmes, n’ont qu’une issue pour éviter la perte définitive de leur terre : la résistance armée. L’avenir s’assombrit donc encore pour ce bout de terre et sa population courageuse qui risque dans les mois prochains, de passer de la colonisation à l’annexion pure et simple. Mais à quel prix ?!

Daniel Vanhove le 10 février 2017

Transmis par Linsay



Daniel Vanhove est Observateur civil et membre du Mouvement Citoyen. Il a publié aux Ed. Marco Pietteur – coll. Oser Dire : Si vous détruisez nos maisons, vous ne détruirez pas nos âmes – 2004 et La Démocratie mensonge – 2008



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