Zambie, à qui profite le cuivre ?

dimanche 19 juillet 2015
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« Ce pays devrait être très riche. C’est l’un des plus pauvres du monde… » ou comment la Zambie est dépossédée de ses richesses par les multinationales. Là-bas comme ici, la soif de profits entraine austérité et misère. Face aux dirigeants des multinationales les pays de l’UE comme ceux de l’Afrique doivent livrer le même combat.

Lorsque la Zambie accède à l’indépendance, en 1964, ses dirigeants nationalisent les mines. Le commerce du cuivre permet de financer son développement. Écoles et hôpitaux publics sont construits dans ce pays qui devient l’un des plus prospères d’Afrique.

Dix ans plus tard, son PIB se rapproche de celui du Portugal, jusqu’à ce que les cours du cuivre s’effondrent, après le premier choc pétrolier. Pour compenser la baisse des revenus qui en résulte, le FMI et la banque mondiale conseillent à la Zambie d’emprunter.

Mais au début des années 80, la réserve fédérale américaine hausse brutalement ses taux d’intérêt. La charge de la dette devient alors insupportable pour la Zambie. Le pays n’obtient de nouveaux crédits qu’en cédant au dictat du FMI qui l’oblige à privatiser ses sociétés d’états. Les services publics sont démantelés et les mines bradées en l’an 2000.

Quelques années plus tard, le cours du cuivre est multiplié par 5. Mais les multinationales se sont déjà emparées de toutes les richesses dans le cadre d’accords secrets qui les exonèrent des taxes et de toute responsabilité sociale et environnementale.

Au pillage généralisé des ressources, s’ajoutent les drames humains, comme dans la ville de Mufulira, théâtre d’un documentaire [1] , où la plus grande fonderie d’Afrique s’élève sur la mine de Mopani.

Mopani appartient à une société écran basée dans les Iles vierges britanniques, qui sert de paravent à la multinationale suisse Glencore, leader mondial du commerce des matières premières et fondée par le « patron voyou » Marc Rich, partenaire privilégié de l’Afrique du Sud au temps de l’apartheid ou de l’Iran de Khomeiny mais également organisateur en 2003 de la faillite frauduleuse de la fonderie Métaleurop en France, dont la responsabilité dans la pollution au plomb de la région fut découverte par la suite.

Glencore, basée dans le canton Suisse de Zoug, est une championne de l’évasion fiscale avec ses 80 filiales réparties dans le monde entier. Pourtant, en 2005 la BEI, la banque publique de l’Europe, qui gère le fond européen pour le développement, lui accorde un prêt de 48 millions d’euros pour la mine de Mopani ! Le prétexte est la modernisation de la fonderie, la réduction des émissions de dioxyde de soufre et le maintien dans l’emploi des populations locales, mais il s’agit surtout de sécuriser l’approvisionnement en matière première pour l’Europe, face à la concurrence chinoise ou indienne.

Pourtant, dans les années qui suivent, le dioxyde de souffre qui s’échappe de la mine de Mopani en quantité 72 fois supérieure aux normes admises (le « centa » comme l’appellent les habitants), continue de ronger les poumons des habitants de Mufulira. En 2008, 800 personnes sont intoxiquées après avoir bu l’eau du robinet. Pas de chance pour eux, les soins de santé étant désormais payants, les dispensaires locaux n’ont que du paracétamol à leur offrir. Le fleuve kafué, qui est la principal réserve d’eau du pays et qui irrigue sa plus grande réserve naturelle avant de se jeter dans le Zambèze est lui aussi menacé par la pollution.

Car le procédé d’exploitation mis en œuvre par des ingénieurs kazakhs ou ukrainiens employés par Glencore, consiste à injecter de l’acide sulfurique dans le gisement pour collecter les métaux. Outre les pollutions qu’il génère, ce procédé permet de se débarrasser de la pauvre main-d’œuvre de Mufulira. 3000 mineurs sont ainsi licenciés en 2009, qui hantent désormais la ville sous la surveillance des vigiles de la société.

Pourtant la résistance s’organise. La député européenne Eva Joly demande des comptes à la BEI, Les victimes tentent de faire entendre leurs voix, les ONG portent plainte contre Glencore pour pollution et évasion fiscale, puisqu’il apparait que 700 millions de dollars ont été dissimulés dans les livres de comptes de Mopani.

Source : Les-Crises

Le gouvernement Zambien a décidé d’augmenter de 6% à 20% les redevances minières. Il est à noter que le cuivre est la première richesse de ce pays de l’Afrique Australe. Or, cette prise de décision risque de faire fuir les investisseurs à l’approche des élections présidentielles. [2]

A moins, à moins, qu’il ne décide de rendre à la population la souveraineté sur ses productions afin qu’elle ne soit plus dépendante de capitalistes internationaux (euh pardon d’investisseurs !) qui pillent les richesses et massacrent le pays...et ça ça commence à ressembler au socialisme...NDLR

Pour connaître les dernières informations sur ce pays : RFI en 2015. h

Transmis par la_peniche


[1Film documentaire d’Audrey Gallet et Alice Odiot Voir Ici.

[2Zambie : une redevance de 20% amène Barrick Gold à suspendre les activités sur le cuivre à Lumwana



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