Maroc : mobilisation contre la vie chère

mercredi 18 octobre 2006
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Pendant des années, le Maroc a tenu le devant de la scène en raison des violations des droits humains qui visaient les opposants politiques et tous ceux qui remettaient en cause la « marocanité » du Sahara Occidental. Les « disparitions », les tortures dans les prisons étaient régulièrement dénoncées. Depuis l’arrivée du roi Mohamed VI, la prison de Tazmamart a été fermée, des prisonniers ont été libérés, des « disparus » ont été retrouvés (malheureusement pas tous).

Une structure spéciale, Instance Equité et Réconciliation (IER), a été mise en place pour enquêter sur les violations des droits humains et indemniser les victimes. Cette instance a certes permis de révéler des exactions, d’aider des victimes mais elle ne contribue en rien à punir les responsables, ni à favoriser des changements. Elle est contestée par des associations de défense des droits humains et par d’anciens prisonniers qui constatent que « les exactions continuent au Maroc et l’impunité demeure ».

Effectivement, le Maroc n’est pas encore un véritable Etat de droit. C’est toujours un Etat colonial qui réprime avec violence les habitants sahraouis des territoires occupés qui ont déclenché depuis mars 2005 un soulèvement populaire pacifique pour réclamer le droit à l’autodétermination.

Dans la dernière période, le Maroc a fait la une de l’actualité avec la répression des clandestins venus d’Afrique noire qui essayaient d’émigrer en Europe. Même si elle n’a pas perdu d’intensité, la répression des Sahraouis ne fait malheureusement pas la une de la plupart des médias occidentaux qui se voilent les yeux et se bouchent les oreilles pour ne pas voir, ni entendre, les manifestations réprimées, les tortures dans les commissariats et les prisons, les procès bâclés et les lourdes condamnations, les longues grèves de la faim des prisonniers politiques sahraouis.

Le silence des médias est tout aussi impressionnant sur la situation économique et sociale au Maroc. L’argent consacré au maintien d’un fort contingent militaire au Sahara occidental ne sert pas au développement du pays. De plus, comme d’autres pays en développement, le Maroc est soumis aux injonctions des instances internationales, Banque mondiale et FMI, pour relever les prix à la consommation et privatiser les services publics. C’est ainsi que de fortes hausses de prix ont été appliquées à des produits et denrées de première nécessité, notamment lait, viande de volaille, sucre, électricité, transport. Les plus pauvres sont les plus pénalisés mais les couches moyennes ne sont pas épargnées.

La dégradation du pouvoir d’achat a entraîné la création d’un "collectif contre la hausse des prix"
qui regroupe des partis politiques (Parti Socialiste, Parti Socialiste Unifié, la Voix Démocratique), des syndicats (UMT, Syndicat des Retraités, Organisation Démocratique du Travail), des associations de défense des droits humains ( Association Marocaine des Droits de l’Homme, Forum Vérité et Justice, ATTAC Maroc).

Ils ont dénoncé la hausse des prix qui, comme l’a souligné un responsable de l’Association Marocaine des Droits de l’homme (AMDH) « va dans le sens contraire à l’esprit de l’initiative nationale pour le développement humain qui vise à améliorer le niveau de vie des couches à faible revenu ». Le collectif a demandé au gouvernement de revenir sur les hausses décidées et exigé une réduction du prix des denrées et produits qui sont à la base de la subsistance des gens. Il a appelé le gouvernement à « revoir sa politique d’encouragement à l’investissement étranger qui s’appuie avant tout sur la baisse des salaires combinée à la hausse des prix, des prestations et des produits ».

Il a également livré un plaidoyer pour le service public qui « doit retrouver la place et le rôle qui lui reviennent dans la gestion des secteurs qui touchent les besoins vitaux de la population ». De leur côté, les syndicats ont demandé une revalorisation substantielle du SMIG.

Cette mobilisation contre la vie chère s’est exprimée par une lettre-pétition nationale, des manifestations (une trentaine de sit-in dans plusieurs villes marocaines) et des délégations auprès des ministres et des assemblées. Face à cette mobilisation, le gouvernement a lâché du lest en baissant le prix des carburants. Mais cette décision ne peut suffire à compenser la hausse des prix de première nécessité. Fort de ce premier résultat, le collectif est décidé à poursuivre et à renforcer son action.



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