Sequelles : 160 000 obus sur le Liban.

vendredi 13 octobre 2006
popularité : 3%

La vérité se fraye son chemin en Israël même...et elle est terrible. Ceux qui nous accusaient de propagande quand on parlait de bombes à fragmentation vont ils continuer à nier l’évidence ?

Au cours de la guerre, l’armée israélienne a utilisé des bombes à fragmentation, qui ont laissé des milliers de mines sur le sol libanais, écrit Ha’Aretz.

S. est réserviste dans l’artillerie. Depuis la deuxième guerre du Liban, il ne dort pas en paix. Certaines nuits, lui et ses camarades ont tiré jusqu’à 200 obus en une nuit. Les autres nuits, ce n’était “que” 50 ou 80.
Il ne sait pas quels dégâts ces obus ont causés, ni où ils sont tombés exactement. Il ne sait même pas quels villages étaient réellement visés. “Dites-moi, à quoi ressemblent ces villages aujourd’hui ? Sont-ils tous détruits ?”, me demande S. après que je lui ai dit que j’étais en contact avec plusieurs spécialistes des Nations unies.

Ce qui le fait frémir, c’est qu’une nuit, son bataillon a reçu l’ordre de bombarder un village toute une nuit durant. Il croit qu’il s’agissait de Taibeh, dans le “secteur est”. Tout le village a été divisé en secteurs. Chaque unité d’artillerie a reçu l’ordre d’“arroser” le lopin qui lui avait été attribué, sans nommer de cibles.

Selon les inspecteurs des Nations unies, S. a de quoi ne pas être en paix. Tsahal a ainsi tiré environ 160 000 obus sur le Liban. A titre de comparaison, lors de la guerre du Kippour, Tsahal en avait tiré moins de 100 000. Plus grave : outre des dizaines de milliers d’obus normaux, Israël aurait lancé des centaines de roquettes et d’obus à fragmentation.

Ces munitions explosent avant de toucher le sol et libèrent des centaines de petites bombes dans un rayon de 100 mètres. Si la plupart d’entre elles explosent en touchant le sol, certaines ne le font pas et se transforment en mines. Une bonne partie des villes et villages du sud sont ainsi tout simplement devenus des champs de mines. Les démineurs de l’ONU ont à ce jour identifié 450 sites ayant reçu des bombes à fragmentation et il ne s’agit ici que des zones bâties, ce qui signifie que la situation est plus grave encore dans les espaces ouverts et dans les champs. Pas moins de 100 000 de ces petites mines seraient dispersées sur tout le territoire libanais.

Pour le juriste international Youval Shani, de l’Université hébraïque de Jérusalem, si les conventions internationales interdisent explicitement l’usage d’armes chimiques ou biologiques, ce n’est pas le cas des bombes à fragmentation. Mais, précise-t-il, le paragraphe 57 du 1er protocole de la Convention de Genève (dont Israël est signataire) interdit l’usage d’armes “indiscriminées”.
“En clair, dit Shani, les bombes à fragmentation ne peuvent être utilisées dans des zones civiles, sauf si ces bombes sont les seules armes dont dispose l’armée. Ce qui, dans le cas de Tsahal, est assez difficile à admettre.”

Un autre problème est le type d’obus tirés par Israël. Les batteries de 155 mm tirent des obus de fabrication américaine et d’autres de fabrication israélienne, ces derniers laissant sur le terrain moins d’obus non explosés. L’ennui, c’est que, apparemment, ce sont les lanceurs de fabrication américaine, les MRLS achetés à la fin des années 1990, qui ont essentiellement servi.
Le plus troublant est que ce sont seulement dans les 72 dernières heures de la guerre qu’ont été tirées ces roquettes contenant chacune pas moins de 644 petites bombes, et ce dans des zones où allaient revenir des centaines de milliers de civils.

En définitive, les démineurs de l’ONU estiment que le taux de bombes israéliennes non explosées et transformées en mines terrestres est de 40 %. Si chaque munition à fragmentation a laissé sur le terrain 250 petites bombes non explosées, des dizaines de milliers de mines parsèment le sol libanais.

Les démineurs de l’ONU proviennent tous du Kosovo, où ils ont déminé les zones arrosées de bombes à fragmentation par les forces de l’OTAN. Selon un officier onusien, leur tâche y a été facilitée par le fait que “les bombardements de l’OTAN avaient été plus ciblés et que les militaires leur avaient fourni des cartes précises et les coordonnées complètes des zones bombardées. Les militaires israéliens ne nous ont quant à eux fourni que des cartes générales et vagues. Et je crains qu’il nous faille nous en contenter.”

Meron Rapoport
Ha’Aretz (dans le Courrier international).

Transmis par : Linsay



Commentaires

Sites favoris


20 sites référencés dans ce secteur