L’empire n’a pas pu empêcher l’Unasur

mardi 14 mai 2013
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Ce texte est un extrait du livre America Latina en la Geopolitica del Imperialismo que l’auteur, Atilio Boron, a présenté le 12 mai à la foire du livre de Buenos Aires.

Le coup d’Etat dans cette nation centro-américaine (Honduras) a mis fin aux illusions, entretenues par beaucoup, qui soutiennent que l’impérialisme aurait changé et que le pillage effréné des ressources naturelles et les méthodes brutales de domination étaient une chose du passé.

Ceux qui pensent ainsi oublient le rôle actif que joua Washington dans le coup d’Etat militaire vénézuélien d’avril 2002 et du non moins important rôle joué dans le lock-out pétrolier de la fin de cette même année ; ou ils sous-estiment ( ou ignorent) ce que fit-et continuent de faire !-diverses agences du gouvernement nord-américain comme l’Usaid et la NED, avec des ONG de ce pays, supposées indépendantes, pour déstabiliser la Révolution Bolivarienne, ou le gouvernement d’Evo Morales et provoquer la sécession de La Media Luna Orientale ( l’Est de la Bolivie, Ndt) ; ou ils méconnaissent la façon dont est suscitée la renaissance du séparatisme du Guayas en Equateur, et l’appui à la tentative putschiste de 2010, sans parler de l’incessante campagne mondiale de mensonges et de calomnies lancée contre les leaders populaires de la région.

Ils oublient aussi l’exorbitante expansion des bases militaires qui entourent avec une ceinture de fer toute la région ; de l’imposition - devant des gouvernements qui abandonnent leur souveraineté - d’une législation « anti-terroriste » conçue pour réprimer et désactiver la protestation sociale ; de la terrible offensive médiatique internationale, fixée jusque ses moindres détails et qui transforme les grands médias de la région comme les « états major » d’une droite politique toujours moins influente sans l’aide de ceux-ci.

Les descriptions précédentes parlent avec éloquence de la virulence de la contre-offensive nord-américaine mais en même temps et dialectiquement, de la force des résistances sociales qui s’opposent à ses desseins. Rien ne serait plus pernicieux dans la conjoncture actuelle que l’acceptation d’une certaine opinion qui conçoit les Etats Unis comme une puissance imprenable et invincible.

Si sa puissance continue d’être formidable il n’en est pas moins certain que, comme on l’a souligné plus haut, plusieurs de ses initiatives échouèrent du fait de la résistance tenace que lui opposèrent les peuples de la région. Ses aventures putschistes au Venezuela furent déjouées, de même que ses plans séditieux en Bolivie et en Equateur. Ils n’ont pas pu non plus empêcher la réalisation d’exercices navals conjoints entre les marines de la Russie et du Venezuela dans la mer des Caraïbes, que beaucoup des stratèges des Etats Unis conçoivent comme un lac ou une mer « intérieure ». Cela était impensable il y à peine dix ans, mais aujourd’hui c’est une réalité.

Le rejet de l’ALCA, impulsé par une massive mobilisation continentale, s’inscrit dans cette même ligne, ainsi que la croissante inefficacité des « sommets » lancés en 1994 quand était autre le climat qui régnait et que Bill Clinton mit en marche le dispositif qui était censé aboutir à l’approbation de l’ALCA , terminant ainsi le processus d’annexion économique et politique de l’Amérique latine et des Caraïbes à l’empire. L’un après l’autre les sommets se terminèrent par un revers pour Washington : celui de Trinidad et Tobago, en 2009, réincorporant Cuba au système inter-américain en dépit du véto étatsunien. Et le plus récent, à Carthagène, avec 32 chefs d’Etat déclarant que c’était la dernière réunion qui se tiendrait sans Cuba et exigeant la fin du criminel blocus que l’empire impose à l’île rebelle.

Additionnellement il faudrait ajouter une autre défaite, qui bien qu’elle se soit produite au sein d’une institution moribonde comme l’OEA , n’en est pas moins importante. En 2005, et contre la préférence affichée des Etats Unis les pays de la région élirent comme nouveau secrétaire général José Miguel Insulza, qui fut un éminent fonctionnaire du gouvernement de Salvador Allende et qui devint ainsi le premier à être élu en contrariant la volonté de Washington.

Dans un autre ordre de choses, les Etats-Unis ne sont pas parvenus à empêcher la fermeture de la base de Manta, en Equateur ; à faire échouer la politique de libération des otages des FARC en Colombie et à corriger Evo Morales pour avoir expulsé de Bolivie l’ambassadeur nord-américain (et putschiste et sécessionniste coutumier, « inventeur » du Kosovo dans les Balkans) Philip Goldberg. Ils n’ont pas pu non plus empêcher la création de l’Unasur et de son Conseil Sud-Américain de Défense et la formation, en février 2010 de la Celac, la Communauté des Etats Latino-Américains et Caribéens, dont le premier sommet s’est tenu à Caracas en décembre 2011.

En somme : la résistance des peuples a été formidable et a récolté d’importants succès. Certains de ses succès, abordés dans ce livre, se situent dans la sphère économique, faisant échec à l’application de politiques néolibérales comme les privatisations. D’autres, comme ceux que nous venons de mentionner, érigeant des obstacles insurmontables à la politique de domination de l’empire.

Le mot de la fin

Le moment est venu de mettre fin à cet écrit. De sa lecture nous en déduisons que l’époque que nous traversons fera que la lutte de nos peuples pour l’auto-détermination nationale et la construction d’une vraie démocratie sera ardue et prolongée. Mais, comme le rappelait le commandant Fidel Castro dans sa réunion avec les intellectuels le 10 février 2012, « même si on nous disait qu’il ne reste que quelques semaines de vie au monde notre devoir serait de lutter, de continuer de lutter jusqu’à la fin ».

Nous savons que les impérialistes ne se considéreront pas comme vaincus très facilement car leur défaite sera non seulement politique mais affectera de manière décisive un mode de vie basé sur le gaspillage et l’agression de la nature, qui est insoutenable à moyen terme. Ils se défendront becs et ongles et rien ne les arrêtera ; tout crime, atrocité ou acte de barbarie sera justifié en faisant appel aux prétextes et rationalisations traditionnels : la défense de la liberté, la démocratie, la justice. Et l’Amérique latine, région absolument prioritaire, sera la zone où se livreront ses premiers combats et aussi l’ultime, le final et décisif.

Les premiers, parce que les impérialistes peuvent se résigner à perdre l’Afrique, l’Asie et même l’Europe, mais jamais l’Amérique latine, et sur ces terres ils déchargeront tout leur infernal appareil militaire sur ceux qui seront perçus comme posant les plus élémentaires questions sur leur oppression. L’ultime combat, parce que détruites ses bases de soutien dans d’autres régions du monde, ils chercheront un refuge dans nos pays, se faisant les champions de l’insularité américaine, qui prétendument, mettra l’empire à l’abri de toute incursion terrestre de forces ennemies extracontinentales.

Pour cela, la lutte doit continuer sans aucune pause. La « bataille des idées » est un des scénarios de cette lutte. Pas le seul, mais elle est très importante. Ce livre prétend être une modeste contribution à cette entreprise.

Atilio A. Boron

Source : Pagina.12

Traduit de l’espagnol par Gérard Jugant



Commentaires

Logo de Annai
dimanche 1er juin 2014 à 19h04 - par  Annai

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