L’Union Européenne contre les droits des femmes

samedi 9 mars 2013
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Ines Zuber, députée européenne du Parti communique portugais (PCP) pique sa colère à l’occasion du 8 mars (lire ci-dessous). Inutile de dire qu’en réfléchissant bien, elle ne doit pas être la seule... au Portugal et ailleurs !

On commémore la Journée internationale de la Femme. Il nous revient à nous, communistes, de rappeler que la commémoration de cette journée – proposée il y a 103 années de cela par Clara Zetkin [en photo ci-contre avec Rosa Luxemburg NDLR] – est historiquement liée au mouvement révolutionnaire, à l’émancipation des travailleuses dans la lutte du prolétariat contre l’exploitation capitaliste. Un événement qui s’est transformé, au fil des ans, en une célébration symbolique de luttes bien plus vastes de toutes les femmes pour leur émancipation économique, sociale et politique.

Et il nous revient à nous également, communistes, de ne pas laisser faire l’instrumentalisation et la manipulation de cette journée pour donner un blanc-seing aux politiques de droite, d’exploitation capitaliste, et aux responsables de la mise en place de ces politiques qui, naturellement, usent toujours de cette date pour feindre l’indignation face à ces inégalités « inacceptables » entre hommes et femmes, inégalités que reproduisent chaque jour les politiques qu’ils mettent en œuvre, défendent et cautionnent.

Cette semaine sera même célébrée dans les institutions européennes. Conférences, séminaires, affiches dans les couloirs, déclarations d’intentions, bouquets de fleurs, enfin, beaucoup de marketing atour d’une journée est qui est celle des travailleuses et non de ceux qui remettent en cause leurs droits chaque jour tout en cherchant à se défausser sans gêne de leurs responsabilités.

Le diagnostic partagé

Dans toutes ces initiatives organisées par le Parlement européen ou par la Commission européenne, on fait des diagnostics « alarmés » sur la difficile situation des femmes en « temps de crise ». Et en analysant des chiffres effectivement préoccupants, tous seront unanimes pour manifester leur inquiétude.

On nous dira que les femmes sont plus sévèrement touchés par les « effets de la crise ». Que les femmes sont les plus touchées par la destructions des fonctions sociales d’État. Que ce sont les femmes qui travaillent le plus à temps partiel (dans l’UE, en 2011, quatre fois plus que les hommes) et qu’elles subissent plus les contrats de travail « atypiques », que les politiques de coupes dans les investissements publics, y compris les baisses de salaires et les licenciements, touchent surtout la fonction publique, secteur où, dans l’UE, 70% des travailleurs sont des femmes.

On nous dira que tous ces facteurs ont un impact énorme sur le montant des retraites que les femmes se verront accordées. On nous dira que les coupes dans les aides sociales – comme les coupes dans les allocations familiales au Portugal – affectent le droit des femmes à donner à leurs enfants une vie digne.

On nous dira que la pression sur les familles augmentera les violences domestiques, majoritairement contre les femmes. On nous dira que dans l’UE, 23% de la population (données de 2010) sont sous le seuil de pauvreté et que la paupérisation de la population touche surtout les femmes, notamment les femmes âgées qui vivent seules et celles qui sont à la tête d’une famille mono-parentale. On nous dira de nombreuses vérités.

Les causes se trouvent dans cette Europe

Ce qu’on nous dira pas lors de ces commémorations officielles, c’est que les causes de ce recul de civilisation que les femmes vivent aujourd’hui dans plusieurs pays de l’UE sont les politiques de droite qui visent à l’accumulation de richesse et des profits entre des mains privés, n’hésitant pas à casser les fonctions sociales de l’État et à appliquer des politiques qui facilitent l’exploitation maximale de la main d’œuvre féminine.

Si ces messieurs qui parlent à la Commission européenne et au Parlement européen ont défendu et mis en pratique l’ingérence étrangère dans notre pays, ils ont également défendu la dérégulation du code du travail, la casse des conventions collectives – un des meilleurs instruments pour combattre les discriminations salariales – ont défendu les baisses de salaires et des aides sociales, les licenciements dans la fonction publique, dont ils admettent que cela touche d’abord les femmes.

Tout cela, au Portugal (comme en Grèce et en Irlande) fait partie des mémorandums qu’ils ont soutenu et qu’ils disent inévitables. Ils défendent, par exemple, le Semestre européen et approuvent ses recommandations pour 2013, ils ont donc approuvé : le « développement des régimes de travail flexibles », la diminution des allocations-chômage et des salaires.

Ce n’est pas nous qui le disons. C’est, tout simplement, écrit. La majorité du Parlement européen a adopté ces recommandations : cette même majorité qui se plaint des conséquences de ce qu’elle a provoqué.

Quelles solutions ?

Pour résoudre ce qu’ils estiment inacceptables, ils proposeront : les mêmes politique d’austérité et de redressement budgétaire mais, cette fois, avec des « préoccupations de « genre » de façon à ce que les effets négatifs pour les femmes soient « nuancés ».

Et ils ne feront rien, ensuite, en pratique, pour renforcer les fonctions sociales d’État, renforcer les lois de façon à défendre les droits des femmes et à garantir des salaires dignes pour les travailleuses.

Mais, certainement, les femmes ne laisseront pas faire l’instrumentalisation de cette journée. Elles continueront la lutte et la résistance pour la dignité.

Inés Zuber
Traduction AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/



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samedi 9 mars 2013 à 21h43

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