Une bande de lèche-pote.

dimanche 2 septembre 2012
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Sarko les avait mis au placard, ils reviennent à la tête des Amis de Nicolas Sarkozy. Sous couvert de réhabiliter l’ex, les recalés se cherchent un avenir.

« GARDEZ-MOI de mes amis »...

Sarkozy médite chaque jour l’adage prêté à Voltaire, qui lui même l’avait emprunté à Antigone II, roi de Macédoine, petit-fils d’Antipater, lequel avait de très mauvaises relations avec son père.

Imagine -t-on son calvaire, tout l’été ?.

Carla lui a interdit le bain de mer au Cap Nègre car, cette année, elle ne voulait pas, croiser des paparazzi.

Et lui qui, depuis la défaite, veut se retirer de la vie politique, a dû contenir les assauts d’une bande de braillards qui veulent préparer son retour alors qu’il n’est pas encore parti.

Il rêvait d’une traversée du désert, il n’a même pas eu une plage... de répit.

Imagine-t-on son infortune ?.

Si Sarkozy ne rime pas avec nostalgie, dixit Nadine Morano, son été rime à coup sûr avec ennui et flatterie.

A l’origine de ces Amis de Sarkozy qui font tout pour compliquer la vie de l’ancien président et mettre à bas sa brillante tactique de reconquête - se faire oublier pour mieux revenir -, l’inénarrable Brice Hortefeux, autoproclamé « ami de toujours », Sarko lui a confié trois portefeuilles ministériels et les lui a repris chaque fois, mécontent de l’usage qu’il en faisait.

Hommage au grand homme.

Hortefeux s’est retrouvé sur la touche à un an de la présidentielle.

Sans doute en a-t-il nourri un ressentiment caché, lui qui pensait obtenir en compensation un poste de directeur de campagne qui n’est jamais venu pour cause d’affaire Takieddine, afffairiste à grande piscine antiboise chez qui il aimait poser avec Jean-François Copé.

Sarko battu, Hortefeux a aussitôt trouvé prétexte à exercer sa vengeance en créant l’Association des amis de Sarkozy et en en prenant la présidence.

Au grand dam de l’Association nationale des amis de Nicolas Sarkozy, crée en 2004 par Nadia Bourhis, une militante de Bruges, en Gironde.

Hortefeux lui a demandé de faire hara-kiri, mais la dame ne se passera par la baïonnette que si Sarko le lui demande en personne.

Drame.

Le plagiaire a appelé à ses côtés un autre banni de l’Elysée, Pierre Charon, ex-mentor de Carla, qui s’est paré du titre de vice-président.

Le Charon est culotté qui avait osé braver l’oukase présidentiel en se présentant aux sénatoriales de l’automne 2011 à Paris, précipitant ainsi la déroute UMP dans la capitale.

Troisième larron dans la conspiration, Christian Estrosi, dont Sarko avait décidé de se priver des talents de ministre dès novembre 2012, lui préférant à l’Industrie un traître, mais socialiste, Eric Besson.

L’emploi d’un jet privé pour un aller-retour à Washington n’avait pas servi la cause du Niçois, et pas d’avantage ses multiples appartements de fonction.

Estrosi s’est octroyé le titre de secrétaire général de l’association.

Enfin, à ces trois-là s’est joint Alain Joyandet, éphémère secrétaire d’Etat à la coopération et à la Francophonie amené à démissionner du gouvernement Fillon après avoir utilisé un jet privé afin de se rendre à la Martinique, où il devait participer à une conférence interationale pour la reconstruction d’Haïti.

L’affaire a coûté 116 500 euros au contribuable, et Joyandet a aggravé son cas en se faisant délivrer un permis de construire illégal pour l’agrandissement de sa maison de Grimaud (Var).

C’est ce garçon délicat qui est aujourd’hui secrétaire général adjoint des Amis de Sarko.

Et président de l’association de financement qui va avec.

Les adhérents peuvent être rassurés sur la gestion de leur cotisation (25 euros).

Avec des amis pareils, Sarkozy n’a pas besoin d’ennemis.

La preuve, il n’en a plus.

Toute l’UMP, ce week-end, s’est déplacée à Nice pour rendre hommage au grand homme trop tôt disparu.

Il n’y avait pas autant de monde aux funérailles de Giscard, aurait dit Santini.

On ne comptait que trois absents de marque : Rachida Dati, qui ne supporte pas Hortefeux, Raffarin, qui, comme le Parti communiste, a abandonné le culte de personnalité, et Fillon, qui se prétend pilote automobile mais ne sait pas conduire un scooter.

Obsédé par l’argent.

Hors ces trois là, aucun n’a voulu manquer le pélerinage par peur que son absence ne soit interprétée.

Même Fillon a envoyé une photo de sa blessure à la jambe à Hortefeux pour qu’il n’imagine pas qu’il se cherchait une excuse.

Les prétendants à la présidence de l’UMP sont dans leurs petits souliers.

Personne n’a osé mettre les pieds dans le plat.

Et s’étonner de la bizarrerie de la situation.

Il est quand même étrange que quatre placardisés du quinquennat forment l’avant-garde des amis de Sarkozy.

Cela signe soit une vengeance collective, soit un certain goût pour le masochisme, du genre qui châtie bien est bien aimé.

Sarko, lui, mesure le ridicule de cette amicale des virés du gouvernement qui le ringardise, le chiraquise, le transforme en nécessiteux de la cause mémorielle.

Jean-Michel Goudard, son publicitaire préféré, lui a tout de suite conseillé de mettre le holà à l’initiative.

Mais Sarko a craqué.

Dès qu’on prétend l’aimer de façon inconditionnelle et effacer en trois mois toutes les critiques subies pendant cinq ans, il ne résiste pas .

« Tu sais bien qu’Hortefeux n’a rien d’autre à faire », a t-til confié à l’un de ses visiteurs du soir qui le pressait de se sortir de ce mauvais pas.

Sarko a du coeur.

Et pas de réponse à la question : les has been sont-ils les mieux placés pour l’empêcher d’en devenir un ?.

Redevenir un homme d’avenir n’est pas plus simple.

Si un opportun sondage, la semaine dernière, assurait qu’une majorité de Français souhaite déjà son retour, il serait prématuré pour lui de jouer les revenants.

Goudard lui a conseillé de se faire désirer deux ans avant de réapparaître.

Pour Sarko, c’est une éternité, mais il convient qu’il ne doit pas être à la seconde, même s’il n’a pas réussi à se retenir sur la Syrie.

Une vie normale l’angoisse.

Il ne se déplace plus qu’en avion ou en hélicoptère privé par peur de retrouver le commun.

Il va en vacances chez le milliardaire canadien Paul Desmarais, qui lui fait profiter de ses facilités.

Il veut aussi gagner de l’argent, et ça l’obsède.

Goudard, encore lui, l’a mis en garde contre l’idée de s’associer de trop près à une entreprise comme l’Allemand Schröder, qui avait rejoint Gazprom après avoir quitté la politique.

Son modèle demeure Tony Blair, qui vit de ses conférences.

La banque Morgan Stanley vient de lui proposer 250 000 euros pour une conférence de quarante-cinq minutes, photos comprises.

Un bon début, si l’auditoire ne s’endort pas à la fin du premier quart d’heure.

Sarko va essayer aussi de faire rentrer des affaires à son cabinet d’avocats.

Il pourrait en profiter pour caser son fils Jean.

Tout en gardant un oeil sur l’UMP et sur Hortefeux et ses amis pour qu’ils ne lui compliquent pas davantage la vie.

« Le meilleur moyen de se défaire d’un ennemi, c’est de s’en faire un ami », prétendait Henri IV.

Sarko n’a plus qu’a inverser l’adage.

Par Jean-Michel Thénard dans Le Canard enchaîné du 29/08/2012

Transmis par Linsay



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