« Des » jihadistes combattent en Syrie contre le régime "apostat"

samedi 28 juillet 2012
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Pour nombre de combattants (en particulier étrangers) en Syrie, le régime laïque syrien est un régime apostat (qui a rejeté la religion) et c’est même la raison première de leur combat. La question des libertés étant sans doute à géométrie variable comme on a pu le constater en Libye depuis la prise de pouvoir par leurs semblables...

Dans le nord de la Syrie en rébellion, les révolutionnaires locaux ont vu arriver, par petits groupes, des jihadistes sunnites étrangers venus combattre le même ennemi : le régime du président Bachar al-Assad.

Si l’adversaire est le même, la motivation est différente. Les rebelles syriens affirment verser leur sang pour faire tomber le régime despotique tandis que les combattants étrangers disent venir pour éliminer du pouvoir les alaouites, qu’ils considèrent comme des apostats.

Ainsi, à Bab al-Hawa, un poste-frontière avec la Turquie conquis la semaine dernière par l’Armée syrienne libre, composée en majorité de déserteurs de l’armée nationale, l’AFP a pu voir des dizaines de combattants disant venir de pays arabes ou musulmans.

Ils prétendent venir d’Algérie, du Maroc, d’Arabie saoudite, des Emirats arabes unis, d’Egypte, de Libye et de Tunisie. D’autres assurent venir de plus loin encore... de Tchétchénie ou de Somalie.

Depuis le début de la révolte, il y a 16 mois, qui s’est transformée, en raison d’une répression inouïe, d’un mouvement pacifique en une lutte armée, le régime syrien a accusé les rebelles d’accueillir les combattants d’Al-Qaïda pour prouver que le mouvement de contestation n’était qu’un complot étranger.

Il est très difficile de connaître le nombre exact de combattants étrangers, où de jihadistes, sur le territoire syrien mais il est certain que les rebelles syriens ne veulent pas leur reconnaître un rôle dans la bataille.

Dans la province centrale de Hama, un rebelle qui affirme s’appeler Abou Ammar et commander 1.200 hommes déclare sans ambages : « Nous ne laisserons jamais Al-Qaïda prendre pied ici et nous les tuerons si ces combattants tentent de le faire. La révolution appartient aux Syriens ».

Mais les témoignages prouvent le contraire et les nombreux sites publient des appels d’islamistes à rejoindre la révolte. L’un d’eux, qui se dénomme « Réseau du Jihad mondial », a mis en ligne en juin un appel de la « bannière irakienne du droit et du jihad » incitant « les volontaires à rejoindre le jihad en Syrie ».

Sur un autre site « Honein », Abou Bakr al-Husseini, qui se présente comme « l’émir » de l’« Etat islamique d’Irak » (ISI), une branche d’Al-Qaïda, emboîte le pas : « Je n’oublie pas que nous devons être aux côtés de nos frères dans notre Syrie bien aimée » dit-il en précisant que l’ISI ne reconnaît pas « les frontières artificielles ».

Le groupe libanais Fatah al-Islam, lié aussi à Al-Qaïda, a également revendiqué l’attaque d’un véhicule militaire dans la province septentrionale d’Alep, près de la localité d’Azaz.
« Trente soldats alaouites ont été ont été tués dans la campagne d’Alep », affirme un communiqué daté du 18 juin. Le texte décrit les alaouites, communauté à laquelle appartient Bachar al-Assad, comme « des hérétiques chiites ».

En avril, le chef de cette organisation, Abdel Ghani Jawhar, recherché dans tout le Liban pour le meurtre en 2007 de 14 soldats libanais à Tripoli, avait été tué en Syrie.

Sur un forum, un communiqué d’un groupe intitulé Ansar al-Cham assure de manière péremptoire : « Le monde doit savoir que la Syrie a commencé à attirer des jeunes arabes prêts à rejoindre les révolutionnaires et les combattants ».

Le communiqué ajoute que « personne n’a le droit de critiquer le fait que la Syrie soit devenue un terrain pour le jihad international ».

Le communiqué d’Ansar al-Cham va même jusqu’à menacer de mener des attaques en dehors de la Syrie : « Ils ont le droit de frapper à travers le monde ceux qui soutiennent directement ou indirectement le gang au pouvoir en Syrie ».

Selon le site jihadiste Honein, « des centaines de héros libyens » combattent aussi les « Noussaïris », un terme péjoratif pour désigner les alaouites. Il présente une photo d’un homme en uniforme militaire et un cliché de deux manifestants tenant un poster avec le logo : « la brigade des révolutionnaires de Tripoli » en Libye.

Non loin de la frontière turque, dans un village proche d’Alep, un autre groupe d’islamistes étrangers, de 60 à 80 hommes, loge dans ce qui était autrefois un bâtiment administratif, a encore vu l’AFP, qui y a rencontré des Turcs, un Ukrainien, deux ou trois Tchétchènes, des Syriens, un Pakistanais.

Bien organisés, ces combattants s’entraînent sur un terrain de football proche à la course à pied et au tir.

26 juillet 2012 - Assawra avec les agences de presse




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