Et revoila la ville, le béton et les foules (VI)

samedi 13 août 2011
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Comme l’an dernier Rouge midi vous emmène Sur les Chemins du Monde.

Rendez vous chaque samedi avec les terres sauvages d’Amérique du sud…
Nos deux jeunes voyageurs arrivent à Valparaiso...

L’homme n’est pas un animal grégaire il supporte très mal d’être entassé....

Valparaiso ville aux mille couleurs

Nous quittons la région des lacs, pour arriver de bon matin à Valparaiso.

Valpo, c’est un port tout entouré de collines qui plongent dans la mer. En remontant ses rues escarpées aux façades multicolores, et en flânant dans ses multiples passages étroits et tortueux ornés de fresques murales et de mosaïques, nous commençons à penser que notre étape va être un peu courte.

Deux jours et une nuit pour explorer cette ville, que du haut des collines nous pouvons embrasser du regard et qui s’étend à perte de vue en un immense amas de taches multicolores nous semble soudain dérisoire. C’était sans compter sur l’autre facette de cette ville : le port car derrière les collines peuplées d’artistes se cache une autre Valparaiso, celle des taudis et des quartiers où personne n’ose pénétrer, paradis de la petite délinquance et de la violence ordinaire.

Nous découvrons bien vite que nous sommes cantonnés à quelques quartiers et au centre-ville. Dès que nous nous laissons aller à flâner au gré des rues à sortir un peu des sentiers couramment battus par les touristes, à vouloir marcher d’un quartier à un autre plutôt que de prendre le bus, les gens nous font signe de rebrousser chemin ou de prendre un bus. « Pas par-là, les touristes, c’est dangereux ! » Une femme illustre même son propos en passant un doigt sous sa gorge (j’vous jure que nous n’avons pas fait les malins !)

Finalement nous ne rallongerons pas notre étape. Un peu déçus tout de même, nous explorons des rues où fleurissent écoles d’art, de design, de photo. Cette ville regorge de jeunes artistes pour qui elle est tout à la fois , l’inspiration , la toile et la salle d’exposition , on s’y sent libre (du moins dans ces quartiers là ).
Des murs aux trottoirs tout regorge de messages, le regard est accroché où qu’il se pose. On a l’étrange sensation d’évoluer dans une bande dessinée ou dans un décor de film ... Un monde imaginaire

Qu’est ce qui se cache derrière les façades colorées ?
La violence d’un port en déclin et la misère des gens qui y vivent ?
Ou le cri d’espoir d’une ville qui a choisi l’art comme remède à ses maux, l’art pour aller de l’avant et se transformer, pour ensevelir le gris sous des tonnes de peintures colorées ? Nous quittons Valparaiso avec cette question, mais conscients qu’il faudrait y vivre pour y répondre .... pourquoi pas ?

Amer désert

C’est sous une chaleur étouffante et un soleil de plomb que nous arrivons à San Pedro de Atacama (et nous n’avons toujours pas de tongs !), une oasis en plein cœur du désert le plus aride du monde ...qui ne désemplit pas de touriste !

Flairant le piège nous avions d’abord résolu de ne pas y aller et puis l’idée de passer à côté de paysages uniques sans nous y arrêter et la perspective d’une pause dans notre longue remontée vers le nord nous ont fait changer d’avis .

Comme prévu nous nous retrouvons prisonniers des tours opérators (hors de prix évidement) sans lesquels il est impossible d’accéder aux sites. Malgré ce bémol de taille , les paysages sont sublimes , la vallée de la lune, toute de sable et de sel est un chef d’œuvre sculpté par les vents ; les geysers qui créent des paysages irréels et vous enveloppent dans leurs majestueux manteaux de vapeur, le désert de sel et ses lagunes peuplées de flamants roses ...

J’ai malgré tout beaucoup de mal avec cette idée que la nature puisse être exploitée de cette façon. Partout de grandes routes bien larges et bien goudronnées défigurent le désert. Sous couvert de protection de cet « écosystème fragile » on parque les visiteurs dans de minuscules zones bien délimitées, mais on construit des parkings pouvant accueillir des dizaines de bus.

Et je ne parle même pas des droits d’entrée de ces soi-disant « parcs nationaux » .Au final on visite le désert en faisant moins d’effort que pour visiter un château ou un monument : rien ne se mérite et tout se paye.
Pourtant il n’y a pas que du mauvais dans l’idée de rendre les beautés du monde accessibles à tous ( à toutes les bourses pleines du moins ) après tout il en faut pour tout le monde...C’est simplement nous cette fois qui nous sommes trompés de destination , nous irons voir d’autres déserts ailleurs et autrement , des lieux où seuls nos pieds pourrons nous emmener ...

Heureusement il y a encore des endroits sur terre où l’on n’est pas prêts de construire une route ...
Enfin j’espère ...



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