Metlatonoc, capitale de la pauvreté.

dimanche 2 juillet 2006
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Le Guerrero, dans le sud du Mexique, est réputé pour être un des Etats ou les inégalités sont les plus flagrantes.
Reportage dans le Mexique profond.

Si le royaume des cieux appartient aux pauvres, Metlatonoc doit en être la capitale.

Cette localité reculée du pays mixtèque, en pleine Sierra Madre du Sud (Etat du Guerrero), a pour triste particularité d’être la plus pauvre du Mexique.

Ce n’est pas un hasard si Andrés Manuel Lopez Obrador, candidat du Parti de la révolution démocratique (PRD), en a fait le point de départ, de sa campagne électorale, avec pour slogan :

- « Pour le bien de tous, les pauvres d’abord ».

Pour arriver à Metlatonoc, il faut partir de Tlapa au point du jour afin de pouvoir rentrer avant que la nuit ne tombe et que l’orage n’éclate, ce qui rendrait impraticable le tortueux chemin de terre et de pierres.

La route est en construction, elle est censée déboucher un jour sur la Costa Chica, non loin de la propère station balnéaire d’Acapulco.
Tous les six ans, au moment de la campagne électorale présidentielle, on inaugure un nouveau tronçon de route, puis celle-ci retombe dans l’oubli.

Il reste toujours la piste en terre battue, parcourue par des pick-up, seule forme de transport en commun pour les Indiens Na Savi qui peuplent ces montagnes escarpées.

Sur le bord du chemin, presque tous les arbres portent une affiche de Roberto Madrazo, le candidat du Parti Révolutionnaire institutionnel (PRI), avec lequel le PRD se partage le pouvoir au Guerrero.

Dans cet Etat, le Parti d’action nationale (PAN, conservateur) existe à peine. La mairie de Metlatonoc est tenue par le PRD, mais les Mixtèques sont plus attachés à leurs traditions qu’aux obédiences partisanes (de fait, les postes administratifs sont pourvus conformément à la loi, mais aussi selon les us et coutumes des indiens).

Comme le dit Nieves Guevara, qui arbore un tee-shirt du PRD, « aucun politique ne va rien faire pour nous, mais je vais voter pour Lopez Obrador parce que j’aime sa manière d’être. »

José de la Cruz, l’un des prêtres qui s’occupent de l’église délabrée, porte un maillot du Réal Madrid ( le 9 de Ronaldo).
Il n’est là que depuis neuf mois, mais il connait déjà les maux dont souffrent les habitants.

La santé, l’éducation, les conditions sanitaires laissent à désirer...Il y a beaucoup de pauvreté et le peu d’argent qui arrive parfois par le biais de programmes gouvernementaux, ils ne savent pas l’employer, ils le gaspillent".

Leonor Guerrero insiste pour que nous l’accompagnions jusqu’à la communauté qu’il représente, Cerro de las Ranas.
Il veut nous faire visiter ses maisons en planches, au sol en terre battue, sans eau ni électricité, et nous faire constater le chômage généralisé.
« On plante du maïs, mais le vent se lève et il arrache tout », se lamente-t-il.

En outre, l’Accord de libre échange nord-américain (ALENA) a relégué l’agriculture mexicaine au rang d’activité vivrière, incapable de concurrencer les produits subventionnés des Etats-Unis.

Sur le retour du chemin, nous voyons que, dans d’autres communautés, comme Santa Catalina ou Barranca Soltera, la situation est identique à celle qu’évoquait Léonor Guerrero.
La misère de ce lieu est parfaitement résumée par les statistiques :

- 50% d’analphabètes

- 50% de personnes qui ne perçoivent aucun revenu

- 25% qui gagnent moins de 3 euros par mois

- Sept logements sur dix n’ont pas l’eau courante.

Dans la montagne, il n’y a qu’un seul hôpital, équipé de 40 lits, pour une population de près de 300 000 habitants.

Pas besoin d’en dire davantage.

Art de « Manuel M. Cascante », dans le « Courrier international », transmis par Linsay.



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