Congrès UD CGT 13

mardi 6 juin 2006
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Quelques réactions de délégués qui donnent leur sentiment sur ce congrès qui a rassemblé 7OO délégués pendant 3 jours. Le rapport d’activité présenté par la secrétaire générale à l’ouverture du congrès a été adopté à l’unanimité.

Nadia Adjémout, la quarantaine, est employée territoriale et secrétaire de l’UL d’Aubagne. Le congrès l’a élue au bureau de l’UD

R.M : Tes impressions sur le congrès...

N.A : Il y a eu un très grand respect de la diversité d’opinion et de parole et donc une grande richesse des débats et des moments forts comme celui de l’intervention des sans papiers. Tu ne peux pas t’appeler Nadia Adjémout et ne pas te sentir concernée...

D’autres questions ont été abordées sur lesquelles on doit marquer des progrès y compris dans la CGT, ainsi celle du droit des femmes...La précarité aussi. Cela commence toujours par les plus faibles et puis cela s’étend à tout le monde. Si on ne comprend pas ça on n’avancera pas.

R.M : Et vu d’Aubagne ?...

N.A : Cela m’a confortée dans l’action que nous avons entreprise sur le territoire de l’UL pour syndiquer de nouvelles catégories de salarié-e-s. Dans ce congrès il a été beaucoup question des services publics ce qui prouve que l’ensemble du monde du travail est attentif à cette question. Sur Aubagne on a créé un collectif service public qui fonctionne bien. Tour à tour ce sont les métallos qui rendent visite aux instits et les instits qui rendent visite aux métallos. On est tous sur le même bateau. Le privé crée la richesse, les fonctionnaires rendent les services. Quand on prend conscience de cela le corporatisme recule.

Dans le congrès aussi il y a eu la question des nationalisations. On a l’exemple d’Evo Morales...Il faut renationaliser ce qui a été privatisé, mais aussi aller plus loin sur les richesses naturelles (eau, gaz...), faire prendre en compte par le service public des questions comme la qualité de l’air, y a pas de radar contre le cancer. Grâce aussi à la prévention on vit de plus en plus vieux mais si on ne prend pas en compte les questions d’environnement... Cela aussi c’est du rôle du service public ;

R.M : Tu as donc été élue au bureau de l’UD qu’en penses-tu ?

N.A : J’attends d’y être pour voir concrètement ce que cela demande. J’espère être à la hauteur...C’est important pour Aubagne d’avoir un vrai lien avec l’UD pour partager ce qui marche. Je veux continuer à m’occuper de formation syndicale. On a un déficit de syndiqués militants. Un syndiqué c’est pas Obélix. Il n’est pas tombé dans la marmite du militantisme quand il était petit. Il ne se structure pas tout seul. C’est donc important qu’il se forme et qu’il lise. Souvent les gens ne lisent pas ou pas des choses qui aident à la formation du jugement. Ils se disent que « Les Pensées » de Pascal par exemple ce n’est pas pour eux. Projeter dans un livre ses réflexions c’est une valorisation de son propre jugement. Je suis pour ma part un exemple vivant que l’échec scolaire ne signifie pas l’incapacité à l’acquisition de connaissances ni la fin de la formation !..


Cynthia et Sylvain, pas 50 ans à eux deux, font partie de ces jeunes qui ont marqué le congrès de leur présence, leur détermination et leur regard aiguisé. Cynthia employée de bureau dans le privé est sur l’UL de Gardanne et Sylvain travaille au trésor public de Marseille.

Rouge midi : Qu’avez-vous pensé du congrès ?

Cynthia Sanchez : C’est mon premier congrès de L’UD CGT 13. Il m’a permis d’avoir une connaissance plus large de notre syndicat des Bouches du Rhône, par les différentes prises de paroles et rencontres avec nos camarades.

Sylvain Bernardeau : C’était moi aussi mon premier congrès départemental. J’ai déjà participé au congrès de mon syndicat (le trésor) mais celui de l’UD 13 est beaucoup plus impressionnant (près de 700 camarades). J’ai apprécié la diversité des professions qui se battent ensemble sur les mêmes combats.

Rouge midi : Qu’est ce qui vous a le plus marqué ?

Cynthia Sanchez : J’ai été très marquée par le rappel de nos fondamentaux ; ce qui fait vraiment plaisir surtout après la tenue du congrès confédéral. J’ai particulièrement apprécié la volonté de coopérations et de convergences avec les différents outils et syndicats des Bouches du Rhône qui a été fortement exprimée lors de notre congrès.

Sylvain Bernardeau : La réaffirmation de la fraternité comme valeur essentielle de notre syndicalisme est quant à moi ce qui m’a le plus touché. Cette fraternité est illustrée, entre autres, par l’accompagnement, le soutien, l’implication des camarades pour impulser le combat pour la régularisation des sans papier.

Rouge midi : Que pensez-vous de la place donnée aux jeunes ?

Cynthia Sanchez : La place aux jeunes est faite ! Nous avons pu apprécier lors de ce congrès que beaucoup de jeunes étaient présents et que ceux-ci ont déjà des responsabilités dans leur syndicat. L’efficacité de la jeunesse militante se fait par la transmission de l’expérience, de la pratique syndicale, de la mémoire de nos aînés : « Si notre département connaît une CGT forte, c’est dû à notre culture de lutte ».

Sylvain Bernardeau : En tant que jeune, tu peux rapidement te voir confier des responsabilités à la CGT ; ce qui prouve la confiance accordée aux jeunes : « L’avenir de notre syndicat va de pair avec l’implication de tous, dépend du renouvellement et de notre capacité à s’ouvrir à la jeunesse ».


Dans les Bouches du Rhône le collectif sans papiers fonctionne comme un syndicat à part entière rattaché au comité départemental des chômeurs. Nérouza Ferrat, comme 5 autres sans papiers, faisait donc naturellement partie de la délégation du comité chômeurs présente au congrès de la CGT 13. Nérouza a 33 ans, son mari est ingénieur en électronique. Ils ont quitté l’Algérie pour le Canada pays pour lequel ils avaient obtenu un visa et se sont retrouvés coincés en France. Si l’on en croit Sarkozy ils ont tous les critères de l’immigration choisie et pourtant...

R.M : Que penses tu de ce congrès ?

N.F : Je le trouve très intéressant. J’ai vu la solidarité entre tous les salariés, leur mot d’ordre c’est combattre la misère, la précarité et gagner des droits pour tous. Ce qui m’a frappé c’est l’intégration des jeunes dans le syndicat. Le plus jeune au congrès a 21 ans et je connais un jeune de 18 ans,sans papiers, qui est syndiqué. J’avais déjà participé à des congrès professionnels (Nérouza était architecte en Algérie NDLR) à Nîmes, Montreux, Genève...j’avais oublié cette ambiance. Quand je suis rentrée dans la salle j’étais vraiment émue rien que par le contexte et le décor, alors en plus avec la solidarité des camarades...

R.M : Et les sans papiers dans ce congrès ?

N.F : La CGT nous a ouvert ses portes, nous a traités comme des êtres humains dans un pays des droits de l’homme. On a pu s’exprimer. Avec le carnet d’adhésion de la CGT on a déjà des droits, on a un papier...on peut revendiquer, crier dans les manifs... Aminata (responsable du collectif 13 sans papiers) - c’est notre légende à nous - a été réélue à la CE de lâ€ËÅ“UD. Encore une fois les salariés de la CGT montrent que l’égalité ce n’est pas que dans les mots,ça s’applique concrètement par des actes... On a été bercés par la CGT quand on a passé la nuit devant la préfecture. Toute la nuit les responsables de la CGT se sont relayés auprès de nous. Malgré les rats et les cafards qui nous entouraient, les badges de la CGT brillaient. Depuis mon arrivée en France c’est la 1re fois que je dormais dans la rue paisiblement, comme quand j’étais une enfant près de ma mère...

R.M : Les sans papiers ont été acclamés par le congrès, depuis hier vous occupez un nouveau lieu le centre diocésain « Le Mistral » : la suite c’est quoi ?

N.F : D’autres actions sont prévues. On est déterminés à obtenir gain de cause. Et puis il y a les parrainages qui vont se mettre en place...

R.M : Justement parlons en. A ce congrès d’ores et déjà 45 syndicats (et ce nâ€ËÅ“est pas fini) se sont inscrits pour parrainer chacun un sans papier. A ceux là se rajoutent ceux annoncés par diverses associations membres du collectif de soutien. Cela représente quoi pour toi ?

N.F : C’est une sécurité. Ça me fait penser aux juifs face aux nazis pendant la guerre. Franchement j’ai la peur au ventre...quand j’entends les mots expulsion, jeter, virer, j’ai directement les larmes aux yeux. A partir du 30 juin on va se cacher...c’est comme ce que faisaient les nazis aux juifs...le parrainage vient au bon moment. Pendant la guerre il y a eu des français qui ont protégé des juifs, là ça va faire pareil... Pour montrer à l’Etat le mal qu’il fait aux immigrés on devrait tous mettre un signe distinctif montrant qu’on est de sans papiers, comme les juifs avaient l’étoile jaune...Au delà d’un acte politique et républicain, le parrainage est un acte humain.


Serge Bonutti est le dirigeant du syndicat de l’usine Lustucru à Arles qui mène un combat acharné pour l’emploi depuis que le groupe Panzani propriétaire de l’usine a pris prétexte de l’inondation de la ville pour délocaliser en Italie.

R.M : Que retiens-tu de ce congrès ?

Serge : C’est un congrès qui a manifesté son attachement à un syndicalisme de classe, de masse et anticapitaliste. Ça tranche avec le congrès confédéral (celui de Lille en mai dernier NDLR). La question de la réappropriation des richesses nationales est une idée qui est venue fortement dans le rapport de Mireille (Mireille Chessa secrétaire générale NDLR) et dans les débats.

Dans ce congrès - et c’est la conséquence logique de ce que je viens de dire - ont été également battues en brèche un certain nombre d’idées à la mode au plan national comme celles de la sécurité sociale professionnelle. Quand on connaît le poids du département des Bouches du Rhône si ces opinions n’étaient pas prises en compte au plan national cela poserait un vrai problème de démocratie...

Il y a eu aussi des moments forts, j’en retiens trois :

-  L’intervention des sans papiers et le soutien réaffirmé du congrès à leur lutte. Les sans papiers sont des citoyens que l’on ne veut pas régulariser et qui se font exploiter. Leur combat est le nôtre.

-  L’appui à Momo qui est un exemple vivant d’une CGT qui, face à Carrefour, N°2 mondial de la distribution, se bat pour exister, pour que soit entendue et respectée la dignité des salarié-e-s.

-  L’intervention des chômeurs. La démarche du comité chômeurs, par l’âpreté des batailles qu’il mène et leur caractère novateur (logement, sans papiers, emploi, indemnisation...) marque toute la CGT de ce département.

En ce qui concerne l’agroalimentaire en général et Lustucru en particulier j’ai apprécié que Bernard (Bernard Gleize responsable régional de la profession) ait rappelé la persistance de la lutte chez Lustucru et qu’il fasse le lien avec les Nestlé et les salariés OMI.

De manière générale j’ai ressenti dans ce congrès un grand vent de fraternité, valeur fondatrice de la CGT, ciment de son unité et qu’il ne faut pas perdre.


Othmane Boussalah, 35 ans travaille dans le secteur du nettoyage où le syndicat vient de se réorganiser et connaître deux conflits longs et durs (30 jours et 45 jours) contre un patronat au comportement de négrier.

R.M : Avant de parler du congrès quelques mots sur ta profession qui vient de connaître deux conflits qui ont été largement évoqués au congrès.

O.B : Dans notre activité on trouve beaucoup de contrats précaires, recours abusif aux CDD, à l’intérim... Les patrons veulent maintenir au plus bas les coûts salariaux de chaque chantier pour garder le marché et préserver leurs profits en exploitant notre travail. Nous travaillons de nuit ou tôt le matin et tard le soir pour des salaires dérisoires. A chaque renouvellement d’appel d’offres les marchés entre entreprises de nettoyage et donneurs d’ordre se négocient au plus bas prix et sur notre dos.

A chaque changement d’employeur notre statut est en principe garanti en fait ce n’est pas vrai. Au contraire à cause des différents changements d’employeur, au bout de quelques années, nous avons pour le même travail un statut différent. C’est cela que nous voulons faire cesser et qui était en jeu dans les conflits de PLAS NET et de la SONACOTRA. Aux nom de ces salariés je tiens à remercier tous les camarades qui nous ont aidés tout le long de ces conflits.

Notre combat est permanent pour exiger une progression salariale et des droits sociaux communs à tous comme le 13 éme mois.

Avec l’aide de l’UD le syndicat départemental du nettoyage s’est organisé, on a constitué un collectif de direction avec des délégués qui vont être répartis dans les UL pour représenter le nettoyage dans tout les secteurs. Pour nous le travail avec les UL est fondamental.

R.M : Et le congrès ?

O.B : C’était notre premier congrès pour toute la délégation du nettoyage. On a tous été très intéressés, pas un de nous n’a raté une seule séance. Sentir le côté rassemblement, diversité des branches...et surtout la qualité des débats. On voulait tous intervenir et notre intervention a été collective. On se sent plus forts, plus épaulés au sortir de ce congrès. On a été à l’honneur dans ce congrès et cerise sur le gâteau c’est nous qui avons porté un bouquet de fleurs à Mireille pour son élection !

R.M : Et ton élection à la CE de l’UD qu’en penses-tu ?

O.B : C’est un privilège et un honneur de représenter le nettoyage à la direction de l’UD. Je me languis déjà la première réunion. Il manquait que nous dans cette instance. Pour nous c’est une nouvelle porte qui s’ouvre...



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mardi 6 juin 2006 à 22h19
mardi 6 juin 2006 à 18h59

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