Petit tour du monde des privatisations et de leurs bienfaits

jeudi 16 septembre 2010
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Privatiser pour rentabiliser, c’est la marotte de nombreuses organisations comme le FMI ou la Banque mondiale qu’elles tentent d’imposer dans le monde entier quant aux résultats ils sont flagrants !
Dommage que l’article ne parle pas des renationalisations et de leurs résultats...mais ce sera pour une autre fois !

Depuis des années, les privatisations sont présentées aux états comme la solution à tous les problèmes d’efficacité des fonds publics. Au centre de ce mouvement un groupe de trois entités internationales : Le Fond Monétaire International (FMI), la Banque Mondiale et la Réserve Fédérale Américaine. Les premiers pays fortement touchés par cette vague ont été les pays pauvres. La réserve fédérale américaine prête aux pays pauvres puis par le relèvement de ses taux rend la situation économique délicate.

La Banque Mondiale, propose des prêts au pays pauvres mais en échanges de conditions sur l’usage de ces fonds (droits de l’homme [1] , bonne gestion…). L’argent est prêté en vue de la construction d’infrastructures et d’opération de microcrédits. Ainsi dans les années 80 des prêts aux pays pauvres sont accordés en échanges d’ajustement structurel comprenant des réductions de budgets publics. Un moyen de réduire les budgets consiste en des privatisations d’autant plus que dans le même temps le FMI conseille aux états de privatiser les entreprises publiques par souci de performance et d’innovation. La santé, l’éducation, l’électricité, l’eau sont des domaines éligibles selon la banque mondiale bien que réputés difficiles à privatiser.

Tout à commencé par une idéologie fondée sur des constats : si nous voulons aider efficacement les pays pauvres nous devons nous assurer que les fond publics seront utilisés de manière optimum. L’idée est en effet percutante : plutôt que d’arroser un désert de sable, assurons-nous que la terre soit fertile. Constatant que les entreprises publiques sont en général pas très efficientes et que la corruption y sévit parfois, une solution consiste à inciter très fortement les pays éligibles à l’aide des pays riches à privatiser ces entreprises. L’idéologie sous-jacente étant que la corruption et l’inefficacité est inexistante (ou moindre) dans le privé. Evidemment, nous savons qu’il n’en est rien et que la corruption frappe autant les entreprises privées comme le montrent les énormes scandales comme Enron. Quand à l’efficacité des entreprises privées, elle est variable suivant les entreprises : parfois assez forte dans les PME, parfois assez faible dans certaines multinationales.

Aux idéologies libérales du FMI et de la Banque Mondiale, s’est ajoutée progressivement la cupidité catalysée par les énormes profits que peuvent générer ces privatisations. Les investisseurs des entreprises privées des pays pauvres ont également bien contribué à cette dégradation. Les exemples ratés de ces périodes ne sont pas rares.

Philippines

Aux Philippines, le système de santé public a longtemps été réputé comme performant. Les pauvres y étaient bien soignés, gratuitement. Puis dans les années 1980 le gouvernement a progressivement privatisé le système. Depuis les malades pauvres ne sont plus soignés. Les salaires des personnels de santé n’ont plus évolués. La masse salariale a été limitée et les investissements matériels réduits aux maximum. Cette situation a provoqué une pénurie de personnel encore plus grave car, les étudiants en médecine partaient directement pour l’étranger dans l’espoir d’y trouver de meilleures conditions et un meilleur salaire. Sur une période de 10 ans qui a suivi la privatisation, plus de 100 000 infirmiers et 5000 médecins sont partis à l’étranger. De fait de nombreux hôpitaux ont fermés ou ont réduits leurs activités par manque d’effectifs. Mais dans le même temps, des cliniques privées pour riches se sont montées. Elles payent bien leur personnel et donc n’en manquent donc pas. En revanche comme elles ne sont pas gratuites pour les pauvres, ils en sont exclus en pratique.

Bolivie

En Bolivie, [2] une grande vague de privatisations à eu également lieu. Ainsi en 1999, l’entreprise gérant l’eau potable de la 3e ville de Bolivie, Cochabamba, a été privatisée et une concession jusqu’en 2039 a été négociée avec une compagnie jusqu’alors inconnue dans le pays « Aguas del tunari ». Dès cette date, le prix de l’eau a augmenté de 30% à 300% suivant les cas. Avec cette augmentation, certaines familles modestes consacraient plus d’un quart de leur budget à l’eau potable. Les sources qui appartenaient aux paysans ont également été confisquées et privatisées. Des lois votées sur mesure protégeaient la société privée gérant l’eau. Les textes de lois suivant la lecture sue l’on en faisait pouvaient même prévoir l’interdiction de récupérer l’eau de pluie. Devant cette pression insoutenable pour la population, des émeutes ont eue lieu. La situation pour le gouvernement est devenue réellement dangereuse lorsque les habitants apprirent que l’entreprise « Aguas del tunari » était en réalité la propriété du groupe Américain « Bechtel ». Etant donné l’ampleur de la protestation citoyenne, le président n’a pas d’autre choix que d’instaurer, en avril 2000, la loi martiale. Cela conduit à de nombreuses arrestations de contestataires et syndicalistes. Le but de la loi martiale étant de rétablir l’ordre et d’acter les privatisations. Au plus fort de la crise qui devenait incontrôlable, des tireurs d’élite ont été employés par le gouvernement. C’est ainsi que le jeune Victor Hugo Daza (16 ans) a été abattus ainsi que six autres personnes. Des dizaines de femmes et adolescents furent blessés par ces tireurs. Finalement, après six mois de manifestations intenses, l’entreprise Bechtel qui quitta la ville rapidement et le gouvernement fit marche arrière sur cette privatisation.

Afrique du Sud

En Afrique du Sud, la compagnie nationale d’électricité « Eskom » fut privatisée en 1999 et rachetée par une entreprise étrangère. Depuis, comme en Bolivie, les prix de l’électricité ont fortement augmentés et les pauvres et chômeurs ne pouvaient plus payer leurs factures. Ne pouvant plus payer, de nombreux citoyens ont vu Eskom venir chez eux couper les câbles et arracher les disjoncteurs. Au plus haut des coupures, les foyers étaient déconnectés au rythme de 20 000 foyers par mois. A ce rythme, Soweto fut rapidement transformée en ville sans électricité. Comme pour l’eau, il est difficile, de nos jours, de vivre sans électricité. L’électricité apporte l’éclairage, le chauffage, le réfrigérateur, permet de cuisiner, etc. Une résistance s’est donc organisée au fur et à mesure que de nombreux foyers étaient déconnectés. Des militants se sont organisés afin de monter des « opérations lumière » qui reconnectent les usagers les plus pauvres. Eskom qui s’est rapidement aperçu de cette nouvelle tendance réagit en diffusant des publicités à la télévision incitant la population à dénoncer ces Robins des Bois. La lutte contre la fraude continue ensuite en justice. C’est ainsi que de nombreux militants finissent par passer des mois en prison.

Pour faire plus d’argent et limiter la fraude, Eskom décide de commander à Siemens des compteurs CashPower 2000. Installés en 2001, ce compteur prétendent résoudre le problème des coupures de courant. Ils se basent sur des cartes d’électricité prépayées. Des « simleys » sur le compteur indiquent si la carte a encore des unités ou est bientôt épuisée. Lorsque les unités manquent l’électricité est automatiquement coupée chez les abonnés. Tous les foyers se voient proposé ce nouveau compteur « miracle » et ceux qui refusent se voient menacés de coupure définitive de l’électricité. En fait pour Eskom, ces compteurs sont magiques : difficiles pour les robins de bois à contourner, ils virtualisent le prix de l’électricité et rendent les augmentations de tarifs plus discrètes. Les unités achetées ont une correspondance variable avec l’énergie électrique qu’elles représentent. A Johannesburg, le gouvernement a aussi privatisé l’eau qui est gérée par Johannesburg Water. Eux aussi ont installés des systèmes de compteurs prépayés qui coupent l’eau lorsque les unités sont épuisées. Les personnes refusant l’installation de ces compteurs ont eu l’eau coupée définitivement.

Mali

Au Mali, [3]dès 1988 des privatisations ont été organisées sur les conseils du FMI et de la Banque Mondiale, finalement plus de 200 entreprises ont été privatisées. Presque tous les dossiers de privatisations ont été un cauchemar économique et financier. Cela a participé à la paupérisation des travailleurs. Par exemple un nombre important du personnel de la Société Malienne des Produits Chimiques est en contentieux avec leur entreprise pour des impayés de salaires. Ont été privatisés les chemins de fers (RCFM, 612 licenciements, fermeture de 2/3 des gares, suppression des droits sociaux, peu d’investissements), L’électricité, l’industrie (Itema, Sonatam, SMPC, Sepom), les transports publics (Comanav, transports et services aériens), deux banques (BMCD, BIM), l’agriculture (Compagnie Malienne pour le Développement des Textiles, 595 licenciements, HUICOMA), l’énergie (Energie du Mali), télécoms (Sotelma)… Cette dernière vente, correspondant à 4% du PIB du pays, a provoqué un scandale dans la presse locale car l’argent de la vente n’était pas inscrit au budget 2010. Les privatisations n’ont bénéficié qu’au privé, avec un accroissement du chômage, de l’endettement de l’état et de la perte de la notion de service public.

Par Eugène - Blogueur associé Marianne2 le 17 /08/ 2010

Transmis par Linsay


[1cette condition étant particulièrement à géométrie variable quand on sait, pour ne prendre qu’un exemple, que le Honduras au lendemain du coup d’état et en pleine période de répression sanglante a bénéficié d’une aide importante du FMI NDR

[2Evidemment les exemples donnés concernent la période avant Morales élu en décembre 2005. Depuis le lecteur trouvera à la rubrique BOLIVIE des éléments sur la politique de réappropriation des richesses nationales menées par le gouvernement bolivien NDR

[3Là aussi, comme pour la Bolivie, voir l’exemple inverse, NDR



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