Les Amérindiens s’opposent au barrage

dimanche 25 avril 2010
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Les Amérindiens de la région de Belo Monte ont décidé de se mobiliser contre le projet d’un immense barrage. Ils dénoncent une catastrophe écologique pour l’environnement et la disparition sous les eaux de l’habitat de 40 000 personnes vivant dans le bassin de l’Amazone.

Des membres de la tribu des Caiapós dont la culture et les moyens de subsistance sont menacés par la construction d’un barrage sur la Xingu River.

Les Amérindiens du bassin du Moyen-Xingu [Amazonie] se préparent à occuper Sítio Pimental, une île située à 40 kilomètres d’Altamira, dans l’Etat du Pará, où il est prévu que sera construit le principal barrage de la centrale hydroélectrique de Belo Monte. La mobilisation devrait se produire cette semaine. Les manifestants seront soutenus par des ONG environnementalistes qui estiment que cette action est une forme de résistance pacifique au projet [1].

La décision des Amérindiens de mener à bien cette action a été prise la semaine dernière lors d’une réunion à huis clos des leaders de différentes ethnies à l’occasion d’une rencontre dans la réserve amérindienne des Araras de la grande boucle du Xingu. Une délégation emmenée par le cinéaste James Cameron était également présente, mais les « Blancs » n’ont pas participé à la réunion. Cette opération prévoit la mobilisation d’au moins 140 Amérindiens originaires de deux ethnies vivant dans la région. Parmi elles, on trouve les Xikrins et les Caiapós. Ces derniers font partie des plus hostiles au barrage. En outre, des Caiapós de l’état voisin du Mato Grosso pourraient rejoindre le mouvement.

Une telle action devrait mettre dans l’embarras le gouvernement de Lula qui pourrait être dans l’obligation de les chasser lors du démarrage des travaux. Des négociations seraient encore en cours entre des dirigeants amérindiens afin d’obtenir le soutien d’autres ethnies. Ainsi, les Jurunas de la réserve amérindienne paquiçamba pourraient rallier le mouvement bien qu’il existe des divisions au sein de la tribu.

En envahissant un territoire qui n’est pas considéré comme une terre amérindienne, les opposants au projet veulent alerter la société brésilienne et le reste du monde sur le bouleversement que représenterait la construction d’un projet de cette ampleur prévue sur dix ans. [2]

Ils souhaitent également attirer l’attention du Parlement de Brasília. Pour les Amérindiens, ce dernier doit au plus vite se saisir de l’affaire sur laquelle il ne s’est pas prononcé pour le moment. Car, selon la Constitution brésilienne, seul le Parlement peut autoriser ou refuser l’installation de projets de développement qui affectent la vie des communautés amérindiennes. Par ailleurs, ils s’estiment trompés par les autorités fédérales. Celles-ci considèrent que les habitants ont été consultés et entendus durant le processus d’autorisation environnementale qui a été mené l’année dernière, ce que réfutent les Amérindiens.

L’IBAMA [3] affirme que parmi les dizaines de projets d’exploitation hydroélectrique du fleuve Xingu, celui retenu par l’appel d’offres ne submergera pas de terres amérindiennes. Mais même si le lac de 516 km n’atteint pas les réserves proprement dites, la construction et le fonctionnement de la centrale peuvent altérer le mode de vie de ces populations [en grande partie à cause de la modification du débit du fleuve]. Deux réserves au moins seront directement affectées par la centrale : celles de Paquiçamba et Arara de la grande boucle, respectivement sur les rives gauche et droite du Xingu. Une autre zone, la réserve Trincheira Bacajá, près de la rivière Bacajá (un des affluents de la rive droite du Xingu), peut également souffrir de l’altération du débit du Xingu. L’eau endiguée par le barrage sera drainée par deux immenses canaux vers l’intérieur de la grande boucle où des grands propriétaires terriens exploitent la culture du cacao et pratiquent l’élevage intensif. Les Amérindiens et certains spécialistes estiment que la baisse du niveau des cours d’eau menacera massivement la navigation et la pêche dans la région.

 Par Agnaldo Brito dans Folha de São Paulo le 24/04/2010

Transmis par Linsay


[1un chantier estimé à 11 milliards d’euros

[2Pendant toute cette période, l’occupation de la forêt par les ouvriers et les routes ouvertes pour le chantier représenteraient une menace pour l’écosystème et notamment pour les Amérindiens appartenant à des tribus isolées sans contact avec l’homme blanc.

[3Institut brésilien de l’environnement



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