Jacques Chirac : Dur à l’Ex mais doux pour lui !.

dimanche 29 novembre 2009
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Le Corrézien à la mémoire qui flanche sur ses petits arrangements de carrière, mais il tape comme un sourd sur Giscard et Balladur.

Ses amis pariaient qu’il échapperait aux juges et n’écrirait jamais ses Mémoires, méprise.

Il revient en correctionnelle et s’installe dans les librairies.

Pourtant, de la mémoire, Chirac en manque un peu, ce qui lui a rendu plus facile sans doute l’écriture de ses souvenirs.

Il se rappelle qu’il aurait pu sauver la Nouvelle-Orléans de l’ouragan Katrina : il avait écrit une étude en 1954 sur "l’état de précarité des digues censées protéger la ville des inondations". malheureusement tombée à l’eau.

Mais il oublie les liasses de billets dans les campagnes RPR, les femmes qui ont rendu Bernadette folle de jalousie, les partisans abandonnés le long de la route, les promesses non tenues, les virages à 180°, les emplois fictifs de la Mairie de Paris qui lui valent aujourd’hui d’être le premier chef d’Etat français jugé depuis Pétain.

"Comment est la juge ?

Elle est mignonne ?"

avait-il demandé à son avocat avant d’être mis en examen par Xavière Simeoni...

Chirac a appris de Malraux qu’il y a du romanesque dans la politique.

Lui a tant abusé de la fiction qu’il a toujours du mal à ne pas se raconter d’histoires.

Même son boulot de président, douze années au turbin, finit par ressembler à un emploi fictif.

"Il n’a fait qu’une réforme et demie", disait Sarko en mai 2008.

Sarko voulait la "rupture" avec son prédécesseur, Chirac le moque : il est devenu l’homme politique préféré des Français, preuve de leur peu de considération pour les hyperactifs.

Une chiracomania toute relative une fois sorti de Brive-la-Gaillarde : l’époux de la dame aux pièces jaunes est, au baromètre du "JDD", 29 places derrière Nohah, l’homme des petites balles jaunes, et les deux tiers des sondés pensent que la justice a raison de le poursuivre.

Si la chiraconostalgie est arrivée, elle est déjà repartie.

Sommé de défendre son honneur devant les juges, le Corrézien du quai Voltaire échappera ainsi à la retraite qui le déprimait.

Il n’est plus aussi agile qu’au temps jadis, la machine ne tourne plus que sur une jambe et une oreille, mais, à bientôt 77 ans, il est encore assez fin bretteur pour exécuter ceux qui l’ont mordu.

Sumo est en pension chez l’ancien ministre Christian Jacob et les roquets Giscard et Balladur pendent au bout de sa lame !

Avec quel plaisir il s’acharrnee dans ses mémoires sur le cadavre de ces deux ex dont l’excellence ne l’a jamais impressionné !

Chirac les fend aussi bas que les autres l’ont pris de haut.

Secrétaire d’Etat au Budget en 1967, le ministre des Fiaces d’Estaing le rabaisait déjà :
"Lors d’un entretien de tavail, il fait appeler l’huissier en demandant qu’on lui apporte une tasse de thé, sans se soucier de savoir si je souhaite boire quelque chose.

La scène est à ce pont cocasse que je ne peux m’empêcher de lui dire , amusé :
« Merci, monsieur le Ministre, je ne bois jamais de thé ».

La rancœur lui fait aussi prendre pour un moniteur de ski le prof de tennis que Giscard avait invité à dîner à Brégançon en sa compagnie et celle de Bernadette à la Pentecôte 1976.

Se souvenir d’un skieur à table en plein mois de juin renforce, il est vrai, le côté saugrenu d’un dîner censé arranger les relations entre les deux têtes de l’exécutif !.

Aujourd’hui, la suprématie de Chirac sur l’Auvergnat obsédé de la particule ne se discute plus, lui a été réélu !

Mais la rancune demeurera à jamais.

Quand ses visiteurs lui demandent, ces jours-ci, s’il a lu le roman de Giscard, Chirac ironise (Le Monde ») : « Ah bon, il a écrit un livre, je vais le lire, c’est toujours intéressant de savoir ce qu’un homme intelligent a à dire sur les choses ».

Et sur Omar Bongo ?

Balladur n’est pas mieux loti.

Chirac l’accuse de lui avoir conseiller en 1988 de s’entendre avec le FN.

Et le traite avec la haine de qui a été trahi par celui qu’il a sorti du caniveau :
« Faîtes quelque chose pour lui, je vous en prie », m’avait demandé Claude Pompidou »…

« Salut l’artiste », dit-il, en revanche, de Mitterrand, à qui il doit le meilleur discours de sa présidence : son éloge funèbre.

On savait que Chirac avait signé l’appel de Stockholm dans sa jeunesse, on ignorait qu’il était victime à ce point du syndrome de Stockholm…

Le voici désormais à dire du bien de François Hollande, qui a éradiqué le chiraquisme de sa chère Corrèze ; c’est son ouverture à lui.

Il se plaît aussi à recevoir les virés de la Sarkozye, dont Rachida Dati, qui « l’émoustille », selon Bernadette.

Voilà Sarko prévenu : entre eux, la paix n’est qu’une trève , le temps que justice passe.

Chirac se paie la tête de ceux qui lui ont manqué, et c’est bien la première fois qu’il paie quelque chose.

Il a vécu quarante ans aux frais de la République, il séjourne depuis deux ans et demi dans l’appartement des Hariri, il part en vacances chez les Pinault, il voyage pour sa fondation aux frais du milliardaire, c’est ce qui s’appelle tirer profit de ses amitiés.

Celle de Marcel Dassault pour son père lui avait valu l’appui de l’avionneur dès sa première campagne législative, la preuve d’une belle continuité dans sa recherche du soutien des riches et puissants.

« Chaque pas doit être un but », philosophe Chirac, déguisé en vieux sage.

Ce qui peut signifier plusieurs choses : soit qu’il a de plus en plus de mal à marcher, soit qu’il glisse un conseil d’ami à Raymond Domenech en vue de la Coupe du monde 2010, soit qu’il a lu Laotseu : « Le but n’est pas le but, c’est la voie ».

De garage, pour ce qui le concerne.

Par Jean-Michel Thénard dans Le Canard enchaîné du 11/11/2009

Transmis par Linsay.



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