L’arnaque à 360 milliards

mercredi 15 octobre 2008
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360 milliards d’Euros…
de quoi rémunérer 2 millions d’emplois au Smic pendant 10 ans, si on compte (à la louche) 18 000 Euros par emploi et par an « charges comprises », comme disent les patrons !
Mais pour l’heure, pas question de créer des emplois : 320 milliards serviront de garantie d’Etat aux banques et aux sociétés d’assurance qui chercheraient des fonds pour de se refinancer.
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Actuellement, sans doute parce qu’elles ont quelques raisons de se méfier les unes des autres, les banques ne se prêtent plus d’argent. Le gouvernement va donc créer une société chargée de lever des fonds sur les marchés à la place des banques.

En échange de ce service à leur disposition jusqu’à fin 2009 et pour 5 ans, les établissements financiers apporteront à l’Etat des titres… dont la ministre de l’économie Christine Lagarde a cru bon de préciser ce lundi qu’ils seraient « de qualité », c’est-à-dire pas ceux dont les banques se méfient... C’est la Banque de France qui se chargera du contrôle des opérations.

Pour le reste, si elles bénéficient des largesses de l’Etat, les banques devront respecter le « code de bonne conduite » du Medef [1] et devront utiliser les fonds prêtés à « développer l’économie » - une notion qui reste à définir, de l’aveu même de Christine Lagarde.

Comme le premier ministre se tue à le répéter, ces 320 milliards ne coûteront rien à l’Etat, il pourrait même y gagner de l’argent : selon Mediapart.fr, un haut fonctionnaire affirmait lundi que Bercy voulait « faire payer cher sa garantie. Quand on donne une garantie, ça a un prix, une valeur que l’Etat facturera. Il s’agit d’un risque que nous prenons, il y a donc une rémunération qui correspond ». Problème, relève le journal en ligne : « si la banque fait défaut, alors l’Etat devra inscrire dans sa dette le coût du prêt. Ce que l’on résume à Bercy par cette alternative : « Si aucune banque ne fait faillite, on a gagné. Si une banque fait défaut, la garantie joue et on perd. »

40 milliards supplémentaires

Et puis, il y a 40 milliards supplémentaires : par l’intermédiaire d’une société déjà créée pour renflouer la banque Dexia [2], l’Etat se donne les moyens d’entrer au capital des banques qui auraient besoin de se renflouer (se "recapitaliser", comme on dit). C’est là qu’iront ces 40 milliards. Le gouvernement nourrit l’espoir de récupérer sa mise en revendant après la crise...

C’est « un coup de bluff pour les marchés », explique Mediapart, "si le plan échoue, il sera vraisemblablement très difficile de trouver une nouvelle parade. En attendant, il est clair que la dette publique de la France va s’aggraver dans les prochaines semaines, au fur et à mesure que des banques vont demander de l’aide. S’il y a bien un enseignement à tirer de cette journée, où les plans européens pour sauver les banques se sont succédés, c’est bien que la dette va exploser. Elle était déjà attendue à 65,3% du PIB fin 2008, avant même l’annonce de ce plan ».

Et voilà rangés aux oubliettes Maastricht, le pacte de "stabilité" et tous les beaux principes du marché roi, du traité constitutionnel européen ou de Lisbonne. Et avec ça, on n’a pas encore créé un seul emploi au Smic ni changé quoi que ce soit au système financier qui s’est mis lui-même dans cette situation.

Mardi, tandis que l’assemblée nationale votait le plan de sauvetage en question, le sénat se penchait sur le budget 2009 du logement (en baisse de 7%), la RGPP [3] prévoyait 30 000 suppressions supplémentaire de postes de fonctionnaires, les postiers voyaient leur entreprise privatisée « parce qu’il lui manquait 3 milliards d’Euros », et on s’acheminait vers une nouvelle et importante augmentation du chômage. Mais les bourses sont rassurées !


[1Remise en cause des parachutes dorés mais pas des bonus, stock-options, retraites-chapeau, qui restent inchangés ou revus à la hausse. En un mot, pas de changement…

[2la Société de prise de participation de l’Etat SPPE

[3réforme générale des politiques publiques



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