45€ !!!

mercredi 24 septembre 2008
par  Charles Hoareau
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Résumé des chapitres précédents. Suite à une passation de marché, 39 salariés du service nettoyage (en CDI avec une ancienneté moyenne de 16 ans) ont été jetés à la porte du jour au lendemain, quand ADOMA, par amour du social, les a remplacés par des rmistes contraints de travailler à leur place pour ne pas perdre leur allocation….Les Bouches du Rhône sont en effet un des 16 départements qui se sont portés volontaires pour expérimenter le RSA : résultat garanti…

Nous avions laissés les salariés d’ADOMA en pleine campagne provençale après une visite de courtoisie chez le vice président du MEDEF 13 qui, la main sur le cœur, leur avait juré qu’il les comprenait.
 [1]

Nous les retrouvons ce lundi 22 septembre en conférence de presse à la Bourse du travail en compagnie de leur avocat, Me Julien BERNARD et de résidents qui ont entamé une grève des loyers en signifiant clairement à ADOMA qu’ils ne reprendraient les paiements que lorsque le nettoyage serait à nouveau régulièrement et correctement fait…par celles et ceux qu’ils connaissent depuis tant d’années.

Après un historique de la situation plus que nécessaire dans la circonstance, l’avocat tente une mission impossible : lire et expliquer le jugement qui vient de tomber. Rappelons que les salariés venaient devant le juge de l’exécution chargé en principe de faire exécuter le jugement du 27 décembre qui leur avait donné raison …et n’avait toujours pas été appliqué.

Comment expliquer à des salariés qui n’ont jamais eu de gros salaire, ont connu des ballottements d’une entreprise à l’autre tous les deux ans, qui se lèvent tous les matins à 5h pour prendre leur poste à 7h, qui n’ont rien perçu depuis le 12 novembre 2007, depuis ce jour où en toute illégalité et sans crier gare ils ont été mis à la porte du jour au lendemain, comment leur expliquer la décision qui vient de tomber ?

Comment expliquer que depuis 9 mois il est impossible de faire appliquer une décision de justice alors qu’à chaque audience depuis a été reconnu le droit des salariés à revendiquer leur emploi ?

Comment expliquer que cela se passe dans le même pays où la justice vient d’accorder 390 millions d’euros de dommages et intérêts à un affairiste douteux ?

Car la décision est là : 1€ par jour ! soit pour 45 jours 45€ !!!

Mme DAMPFHOFFER, la « juge », (mais le terme est-il approprié ?) a estimé que si la régie avait bien été condamnée à réintégrer les salariés à compter du 12 novembre 2007 sous astreinte, ce qu’elle n’avait pas fait, les termes du jugement n’indiquait pas que l’astreinte portait sur la date mais seulement sur le fait de réintégrer ????????????

Donc en vertu de ce……jugement elle a considéré que lorsque la régie avait écrit aux salariés en leur proposant de les réintégrer au 3 juillet 2008, au salaire de 2006 (sic !), sans s’engager à verser les salaires en retard depuis novembre, les salariés auraient du accepter…..et s’asseoir sur les sommes dues ?

Elle a même tenu compte de constats d’un huissier qui, peuchère doit avoir la vue qui baisse, car il n’a pas vu les salariés alors que ceux-ci l’ont distinctement reconnu.

Par contre, toujours dans sa logique imparable, cette Mme DAMPFHOFFER, ne fait aucune mention du courrier que les salariés et leur syndicat ont envoyé à l’employeur qui était absent le jour prévu de la reprise (il était en vacance en Corse !), le fameux 3 juillet, ni les courriers qui ont suivi disant en substance tous la même chose : quand c’est qu’on reprend, où est notre avenant, comment on fait pour les salaires en retard ?

Et tout est à l’avenant : elle demande aux salariés de prouver qu’ils n’ont pas les clefs [2] : comment pourraient ils le faire ? Si la « juge » a une idée sur la manière de le prouver…Doivent ils tous demander une perquisition à leur domicile ?

Dans la salle de la bourse du travail salariés, résidents, journalistes tous sont abasourdis. Abasourdis mais – et c’est ce qui est le plus étonnant concernant les salariés – pas abattus. Ils sont calmes, d’une rage froide et d’une détermination que ce simulacre de justice ne va pas arrêter. Bien sûr ils ont bien compris le but de la manœuvre : la décision permet aux affameurs déguisés en acteurs sociaux qu’il s’agissent de l’entreprise d’insertion ou d’ADOMA de gagner quelques mois pour que les salariés à bout se lassent et renoncent.

Une manœuvre de plus dans ce dossier qui n’en manque pas et en marge duquel les salariés ont fait des découvertes leur démontrant que des intérêts puissants étaient en jeu et les moyens de pression de toute nature importants. [3]

Ils ne se lasseront pas ! Ils ne lâcheront pas ! Ils tiendront !
Ils préparent déjà la riposte…

Ils ont simplement en tête cette phrase de Francis Combes qu’ils ont apprise aujourd’hui : « Certains juges rendent la justice, d’autres la vomissent. »


[1Voir dans cette même rubrique les épisodes précédents de ce Dallas social
SONACOTRA la sale attitude
ADOMA une longue histoire d’amour (I)
ADOMA de plus en plus sociale (II)
ADOMA une longue histoire d’amour (III) : ADOMA déboutée !
ADOMA une longue histoire d’amour (IV) : Y a-t-il un donneur d’ordres dans la salle ?
ADOMA une longue histoire d’amour (V) : ADOMA condamnée !
ADOMA de plus en plus sociale
ADOMA une longue histoire d’amour (VI) : Qui aime bien châtie bien
ADOMA une longue histoire d’amour (VII) : L’amour vache !.
Une longue histoire d’amour (VIII) : Les mystères de l’amour.
Les délits de l’amour ou les drôles de pratiques d’ADOMA (IX).
Audience et parcours champêtre (X).

[2dans une des lettre et lors de l’audience l’avocat avait mentionné que l’employeur était pour le moins culotté de soutenir que les salariés ne voulaient pas travailler alors que, outre les questions de contrat et de rappel de salaire, il ne leur avait même pas remis les clefs ! De plus un constat d’huissier mentionnait que les clefs des salarié-e-s n’ouvraient pas les nouvelles serrures !!!

[3Nous reviendrons dans un prochain article sur un certain nombre de questions qui ont amené la CGT à écrire au procureur et au fait qu’une plainte soit déposée au pénal.



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