Impossible enquête sur la gestion de l’argent du pétrole

jeudi 22 mars 2007
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Interpellée à Cabinda, Sarah Wykes de l’organisation Global Witness n’a pu enquêter sur l’utilisation de l’argent du pétrole angolais. Elle a été expulsée le 18 mars.

L’enquêtrice Sarah Wykes de l’ONG britannique Global Witness a été arrêtée le 21 février [enquêtant sur les progrès accomplis dans l’utilisation des fonds issus du secteur pétrolier, elle a été expulsée le 18 mars 2007] et conduite à la prison de la ville de Cabinda, après avoir été accusée de crime d’espionnage. Elle avait été retenue plus de huit heures avant dans le bureau provincial de la police d’investigation criminelle (PIC). « Ceci confirme ce que nous disons depuis longtemps, à savoir le manque de liberté. Il s’agit d’une dictature diabolique », a affirmé le père Raul Tati, ancien responsable du diocèse de Cabinda.

Sarah Wykes a mené pour Global Witness nombre de campagnes contre la corruption et la mauvaise gestion de fonds provenant des recettes du pétrole, et elle se trouvait à Luanda [capitale de l’Angola] afin de discuter avec des représentants des compagnies Chevron, Total, Devon et Rock Oil. Puis elle s’est rendue à Cabinda pour approfondir les enquêtes qu’elle mène depuis plusieurs années.

Le soir de son arrivée à Cabinda, le vendredi 17 février 2007, apparaissent à son hôtel des représentants de l’immigration qui lui demandent son passeport. David Mendes, un avocat angolais, intervient pour qu’on le lui rende. Il semble alors que l’incident est clos, mais le lendemain, à 5 heures du matin, plusieurs policiers frappent à la porte de la chambre de Sarah Wykes. Les agents déclarent vouloir effectuer une fouille, convaincus que l’enquêtrice britannique dispose de « propagande hostile ». L’enquêtrice n’accepte pas la fouille : elle exige un mandat d’arrêt ainsi que la présence d’un avocat. A 8 heures 40, les policiers sont de retour avec un mandat en bonne et due forme. Ils fouillent ses valises et emportent l’appareil photo de Sarah Wikes, ses blocs notes et ses clés USB. Ils refusent la présence de l’avocat David Mendes.

Emmenée à la police, Sarah Wykes est entendue une demi-heure pendant que la police analyse le contenu de ses documents. Plus tard, dans l’après-midi, les trois avocats présents, Luemba, Mendes et Martinho Nombo, se voient refuser par le procureur de Cabinda le droit d’assister à l’interrogatoire. Le procureur, André Gomes Manuel, demande la présence d’un avocat commis d’office. « Nous, les avocats de Sarah Wykes, décidons de quitter le tribunal et affirmons que le procureur méconnaît les règles les plus élémentaires de la justice. »

Sarah Wykes a passé une nuit dans des conditions déplorables à la prison centrale de Cabinda, sans pouvoir dormir dans une cellule qui n’avait ni lit ni matelas.

L’ambassadeur britannique à Luanda, pourtant au fait de la situation, s’est refusé à tout commentaire.

Sarah Gill Wykes est enquêtrice et militante des droits humains pour l’ONG Global Witness. Elle se trouvait à Cabinda pour recueillir de l’information dans le cadre de la campagne internationale « Publiez ce que vous payez » pour la transparence au sein de l’industrie pétrolière. Selon l’avocat Martinho Nombo, elle n’a pas eu le temps de faire ses recherches, parce qu’elle a été suivie dès son arrivée à Cabinda. Si la police lui a rendu son passeport, elle n’a jamais pu récupérer son appareil photo, ses blocs notes et ses clés USB.

Global Witness, une ONG qui lutte depuis plus de quinze ans pour la transparence dans la gestion des ressources naturelles, a des contacts permanents avec le gouvernement angolais afin que ce dernier applique les mécanismes de contrôle prévus pas l’Initiative pour la transparence des industries extractives. Global Witness a demandé la libération immédiate de Sarah Wykes. « Sarah Wykes n’est pas une simple militante, c’est une professionnelle internationalement reconnue, qui participe aux réunions de haut niveau sur ces questions », a déclaré le porte-parole de l’organisation. Sarah Wykes faisait à Cabinda « ce qu’elle fait sans problème dans le monde entier, à savoir se réunir avec des représentants de la société civile, recueillir des informations et entendre des opinions ».

Source O País du 21/03/2007

Transmis par Linsay



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