Chávez bienfaiteur des Londoniens

samedi 24 février 2007
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Grâce à l’accord qu’elle vient de signer avec le président vénézuélien, la capitale britannique va faire rouler ses bus avec du carburant moins cher et ainsi offrir des réductions aux défavorisés.

Deux cent cinquante mille Londoniens vont pouvoir voyager à moitié prix dans les autobus et tramways de la capitale grâce à l’accord "pétrole contre balais" que Ken Livingstone a conclu avec le président vénézuélien Hugo Chávez. Malgré les critiques de ses opposants, qui l’accusent de contribuer à l’aggravation de la situation sociale au Venezuela, le maire a apposé sa signature au bas du protocole d’accord à côté de celle du ministre vénézuélien des Affaires étrangères, Nicolás Maduro, lors d’une cérémonie organisée le 21 février à l’hôtel de ville.

Aux termes de ce texte, la filiale européenne de la compagnie pétrolière nationale Petróleos de Venezuela accordera à la municipalité londonienne une réduction de 20 % sur ses livraisons de carburant, ce qui permettra à la ville d’économiser 16 millions de livres [23 millions d’euros] sur les 100 millions [148 millions d’euros] qu’elle dépense chaque année pour remplir les réservoirs de ses autobus. Et ces économies permettront d’offrir de nouveaux avantages aux usagers. A partir du mois de juillet, les Londoniens qui bénéficient d’une aide sociale pourront en effet demander des réductions. Il leur suffira de remplir un formulaire disponible dans les bureaux de poste et de faire modifier leur carte de transport. Selon M. Livingstone, les parents isolés, les personnes qui ont à leur charge un de leurs proches et celles qui souffrent de problèmes de santé - des catégories qui ne bénéficient d’aucune réduction - seront les premiers bénéficiaires de cette mesure.

En retour, Livingstone enverra à Caracas une petite équipe d’experts pour conseiller le gouvernement vénézuélien en matière de gestion des déchets, de transports urbains, d’aménagement du territoire et d’autres domaines qui sont du ressort des municipalités. Son adjoint aux transports, Peter Hendy, va se rendre dans la capitale vénézuélienne en avril prochain pour évaluer les besoins des collaborateurs de Chávez.

Les critiques de cet accord estiment que Londres ne devrait pas accepter qu’un pays relativement pauvre comme le Venezuela lui vende son pétrole à petit prix. Mais M. Livingstone assure que cet accord profite autant à Caracas qu’à Londres et reflète l’interdépendance croissante des nations du monde entier face à des défis tels que le changement climatique. Le maire de Londres insiste sur le fait que l’accord ne poussera pas les autobus à utiliser davantage de carburant mais qu’il aura seulement pour effet de rendre les transports moins coûteux pour certaines catégories de passagers. Il estime que les villes du monde devraient davantage coopérer. "Nous allons être amenés à travailler avec des métropoles situées à l’autre bout de la Terre, affirme-t-il. Les gens considèrent de plus en plus qu’ils font partie d’une même planète. Soit nous sauvons la planète ensemble, soit nous disparaissons ensemble de sa surface." Le Venezuela est un pays riche en pétrole, a-t-il ajouté." Je crois que le litre de carburant coûte là-bas environ 1 penny [1,5 centime d’euro]. Cet engagement est donc facile à tenir pour le Venezuela. De notre côté, nous avons derrière nous cent ans de pratique et d’expérience dans la gestion d’une grande ville."

Le porte-parole des conservateurs à l’Assemblée de Londres [conseil municipal], Richard Barnes, est hors de lui : "Il est indéfendable qu’une des villes les plus riches du monde accepte une aide étrangère de ce type." Même sévérité de la part de Darren Johnson, un des membres écologistes de l’Assemblée : "Le maire demande aux Londoniens d’agir contre le changement climatique en utilisant moins leurs voitures mais il envoie aussitôt un message contradictoire en se jetant sur l’occasion d’avoir du carburant pas cher."

L’accord divise également l’opinion. Des associations comme le Groupe d’action contre la pauvreté des enfants l’ont bien accueilli, et des membres du Centre d’information sur le Venezuela, qui soutient Chávez, ont assisté à la cérémonie de signature à la mairie. Mais il y a aussi eu des protestations de groupes anti-Chávez.

REPÈRES

Hugo Chávez utilise le pétrole comme arme politico-diplomatique depuis plusieurs années. Soucieux de donner une aura internationale à sa "révolution bolivarienne", le président vénézuélien exporte du carburant à prix réduit en Amérique centrale, en Bolivie et dans plusieurs petits Etats des Caraïbes. Il a également organisé des ventes de fioul domestique à prix réduit en faveur des familles pauvres des Etats-Unis. Histoire de faire un pied de nez à son ennemi juré, le président Bush.

Source : The Guardian (Londres)

Transmis par Linsay

« Le porte-parole des conservateurs... est hors de lui... même sévérité de la part de Darren Johnson, un des membres écologistes de l’Assemblée...le Groupe d’action contre la pauvreté des enfants ont bien accueilli » [l’accord]

Nous on a choisi notre camp et on se réjouit !



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