Mensonges sur l’épizootie de grippe aviaire en Angleterre

lundi 12 février 2007
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L’épizootie de grippe aviaire qui a frappé un élevage industriel de dindes dans le Norfolk (Est de l’Angleterre) trouve probablement son origine en Hongrie, pays où cet élevage dispose d’une filiale et où le virus H5N1 avait fait son apparition en janvier. Telle est l’hypothèse que privilégient les autorités sanitaires britanniques.

La confirmation de cette « piste hongroise » contredit les propos tenus jusqu’ici par les dirigeants de l’élevage contaminé et met en évidence certains silences gouvernementaux.

Ce nouvel élément a été avalisé vendredi 9 février par Fred Landeg, chef adjoint des services vétérinaires britanniques. « Il semble que le virus de Hongrie pourrait être identique à la souche trouvée dans le Norfolk. Cela suggère que le virus a été importé directement, probablement par des produits de la viande, plutôt que par des oiseaux sauvages », a-t-il déclaré tandis que le conseiller scientifique du gouvernement, David King estimait que la piste hongroise était « le scénario le plus probable ». Il a souligné que le risque encouru par les consommateurs était négligeable.

Depuis quelques jours, les experts, en Grande-Bretagne comme en France, semblaient exclure que l’épizootie dans l’élevage de Holton, qui appartient au groupe agroalimentaire Bernard Matthews, ait pu résulter des déplacements migratoires d’oiseaux sauvages, compte tenu notamment de la vaste dimension de cet élevage.

Fondée en 1950 et employant 7 000 personnes, l’entreprise Bernard Matthews est le premier producteur de dindes en Europe. Elle a affirmé pendant une semaine qu’il n’y avait « pas la moindre possibilité » que les foyers britannique et hongrois soient liés, notamment parce que l’élevage d’oies contaminé en Hongrie se trouve à plus de 250 km de sa filiale. « Tous nos oiseaux sont britanniques », avait assuré un porte-parole.

Après l’annonce de l’identité possible des deux virus, Bernard Matthews a dû reconnaître que 38 tonnes de volaille partiellement transformées étaient importées chaque semaine entre l’exploitation hongroise et l’usine britannique, qui jouxte l’élevage de Holton.

Selon l’Observer, les dindes suspectes sont arrivées sur place, pour le dernier stade de leur transformation, quelques jours avant le 27 janvier, date à laquelle les employés de l’élevage ont découvert les premiers symptômes de la maladie. Ces transports entre la Hongrie et l’Angleterre sont désormais suspendus.

Obligés de se contredire, les responsables de Bernard Matthews continuent de démentir que la grippe aviaire soit arrivée à partir de ses produits fabriqués en Hongrie. Ils soulignent qu’aucun cas de grippe n’a été décelé chez les dindes en Hongrie. Ils précisent n’avoir jamais eu aucun contact avec les fermes hongroises touchées par l’épizootie en janvier.

Les dernières révélations embarrassent le gouvernement de Tony Blair qui, selon plusieurs journaux, était au courant des échanges de viande depuis lundi mais qui n’en a informé ni le Parlement ni l’Union européenne (UE).

Le 5 février, dans une déclaration aux Communes, le ministre de l’environnement, David Miliband, n’avait pas mentionné l’existence des transports de volailles. Il avait affirmé qu’« il n’y avait aucune sorte de lien hongrois ». Ce message avait été transmis le lendemain aux vétérinaires de l’UE.

Autre information gênante : le ministère de l’agriculture a indiqué que, selon des tests préliminaires, le virus était présent dans trois nouvelles unités de l’élevage de Holton, et non limité à une seule. D’où une question supplémentaire : comment l’infection a-t-elle pu se transmettre de l’usine de Holton aux unités abritant les dindes vivantes ?

Tout cela jette un sérieux doute sur la sécurité biologique du complexe Bernard Matthews, présenté comme un modèle en Grande-Bretagne.

Source : Le Monde

Transmis par Linsay



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