Shell : une journée historique

lundi 29 janvier 2007
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A l’appel de CFDT, CFE/CGC, CFTC, CGT, FO
le 22/01/07 avait lieu une journée d’action historique car de mémoire de salariés Shell [1]
on n’avait jamais vu autant de salariés, de cadres, d’agents de maîtrise, d’employés, d’ouvriers, de postés, d’anciens (même des retraités) avec des nouveaux embauchés réunis pour une même cause. La mobilisation fut identique sur les trois raffineries et même le siège social a connu le premier rassemblement de son histoire (environ 200 sur 600).

La raison de cette mobilisation ? L’annonce faite par Shell de la mise en vente de ses sites industriels en France. La réaction des syndicats ne s’est pas faite attendre ci après des extraits de leur déclaration d’appel à l’action :

« Les rumeurs qui couraient, depuis quelques mois, se sont confirmées avec l’annonce de la mise en vente des activités de raffinage. Cette annonce était prévisible compte tenu de la stratégie affichée du Groupe, depuis le problème des réserves, orientée sur l’exploration/production au détriment des sites « Manufacturing » qui déjà depuis quelques années, sont les enfants pauvres en terme d’investissements. De cette politique, découle la révision du portefeuille annoncée en novembre concernant notamment les raffineries non stratégiques.

Les 3 raffineries françaises n’ont jamais été reconnues comme stratégiques et des menaces de fermeture ou de vente ont pesé pendant de nombreuses années sur chacune d’elles.

Malgré cela, l’annonce du 11 janvier a été ressentie comme un coup de massue pour les salariés qui travaillent pour Shell depuis de nombreuses années. Nous avons tous du mal à accepter cette décision et un sentiment de colère, d’inquiétude, de rejet mais aussi d’incompréhension traverse tous les esprits et nous laissent un goût amer.

Comment un grand Groupe comme Shell peut-il décider d’abandonner son outil industriel dans un grand pays alors que les profits français existent et qu’ils explosent au niveau mondial ?
Comment peut-on accepter ces politiques qui conduisent à toujours plus de rentabilité, de profits, ... lourdes de conséquences pour les salariés ?

Nous pourrions longuement débattre de ces sujets et nous aurions de quoi nous affronter sur la mondialisation, la recherche effrénée de profits au détriment des hommes et femmes qui font la création des richesses et qui sont toujours les laissés pour compte lors de ces décisions.

Après le choc, l’émotion, l’écÅ“urement, les questions restées sans réponse, nous devons relever la tête et nous préparer à toute éventualité. Certes, il est difficile de se défaire de la « coquille » pour autant nous devons regarder les choses avec la plus grande clairvoyance.

Faire partie d’un grand Groupe comme Shell reste déterminant et rassurant mais suffit-il pour l’avenir alors que nous ne voyons aucun investissement majeur dans nos usines ? Trop de projets importants pour améliorer nos performances et être compétitifs sont restés « en salle d’attente » et pour certains refusés car leur retour sur investissement est trop long. Dans le même temps, on nous impose des outils et des procédures de plus en plus lourds et coûteux (GAME, Challenge Capex, Shell people, etc.) et une standardisation de nos processus qui n’est pas forcément adaptée à chaque pays et qui inhibe de plus en plus toute créativité et dynamisme.

Nous le disons depuis longtemps, l’orientation du Groupe n’est vraiment pas faite pour nous permettre de travailler dans les meilleures conditions pour améliorer nos coûts et notre performance. Bien entendu, si les raffineries ne sont pas vendues, nous resterons Shell mais serons-nous rassurés pour autant ? Et surtout à quel prix sachant que le Groupe a déjà annoncé qu’il n’y aurait aucun investissement majeur hormis l’entretien et la sécurité pour le futur.

A ce stade, nous pensons que nous sommes à la croisée des chemins et nous devons réfléchir à ce qui est essentiel pour notre avenir.

Tout d’abord, nous faisons savoir au Groupe que notre préférence va vers un acheteur unique pour l’ensemble car c’est un élément essentiel si nous voulons préserver une forte assise en France et reprendre la plus grand partie des effectifs surtout ceux du siège dont l’avenir est des plus incertain.

Si ce n’est pas le cas, quel que soit le repreneur ou les repreneurs potentiels, nous devons leur dire haut et fort ce que nous attendons d’eux. Nous devons être très exigeants et ils devront nous présenter leur projet industriel avec des investissements qui montrent une réelle volonté de se développer pour devenir un ou des industriels incontournables dans le pays. Ils devront également nous montrer qu’ils sont des employeurs reconnus socialement. Ces éléments seront primordiaux pour les salariés et nous ne ferons aucune concession sur ces points.

Quant au Groupe Shell, il s’avère qu’il est prêt à vendre son outil et à se séparer de ses salariés qui ont toujours donné le maximum pour que les résultats, la performance, l’image soient les meilleurs possibles. Shell doit comprendre que nous serons très déterminés sur les conditions de transfert. En effet quelles que soient les conditions du transfert et de la vente, Shell devra assumer sa décision. L’ensemble des acquis sans exception qui font aujourd’hui le « statut Shell » devra être préservé pour les salariés. Les négociations ne commenceront qu’après signature d’une lettre d’intention par l’acquéreur. Pour les 5 organisations syndicales, elles porteront sur le transfert ou la transformation en acquis sociaux équivalents mais en aucun cas sur une diminution.

Il est clair que s’il fallait procéder à des réductions d’effectifs (siège, mise en place du Modèle opératoire sur Berre, réorganisations etc..), les négociations doivent avoir lieu avec Shell et dans le cadre du PSE Shell. Si par hasard, Shell avait l’intention de laisser gérer cela aux futurs repreneurs, elle doit s’attendre à une opposition totale et déterminée de tous les salariés. Nous ne ferons pas de démagogie mais nous préférons d’ores et déjà affirmer que nous mènerons des actions dures pour préserver la totalité de nos acquis qui vont de la retraite, aux anticipations en passant par tous les accords et conditions d’emplois actuelles.

C’est une longue mobilisation qui commence et qui devra durer dans le temps car ce type de vente peut prendre plusieurs mois. Cette première étape consiste à déposer, une motion sur les axes majeurs suivants :

- Avenir industriel de nos sites
- Maintien de la totalité de nos acquis
- Gestion des éventuelles réductions d’effectifs au sein de Shell (PSE Shell) »

Par ailleurs la fédération CGT de la chimie sous le titre : « Pour le groupe SHELL aussi :la rentabilité maximum comme unique politique » déclarait de son côté : «  Lorsqu’on connaît les profits de ce groupe, soit plus de 25 milliards de dollars en 2005, et l’année 2006 s’annonçant du même niveau, on ne peut comprendre cette décision comme découlant de difficultés financières ou industrielles, mais bien comme le résultat de choix purement financiers.

Comme d’autres groupes pétroliers, Shell se présente comme une entreprise citoyenne. Mais où se trouve la citoyenneté dans cette annonce brutale qui fait fi des conséquences sociales sur les salariés et sur les bassins d’emplois ?
Cette décision ne peut entraîner qu’émotion et écoeurement chez les salariés concernés, qui sont à la source de la création de richesses du groupe.

La CGT condamne cette politique reposant sur l’unique critère de maximiser la rentabilité, ce qui conduit à transformer les outils industriels en agents de spéculation financière.

A l’aube d’échéances électorales nationales, cette annonce pose avec force la question de quelle véritable politique industrielle dans notre pays. »

Devant la force de la mobilisation la direction de SHELL France a annoncé la tenue d’une réunion de concertation avec les syndicats. Une affaire à suivre donc...


[1Les Sociétés Royal Dutch et Shell Transport se sont unifiées le 20 juillet 2005 pour créer une seule société mère : Royal Dutch Shell plc. groupe mondial spécialisé en énergie et en produits pétrochimiques, opérant dans plus de 140 pays et territoires et employant plus de 112 000 personnes. Groupe Shell en France 7e groupe français de l’énergie est un ensemble de sociétés de droit français, filiales de la société mère anglo-hollandaise Royal Dutch Shell plc. Les trois principales sociétés sont la Société des Pétroles Shell, Shell Pétrochimie Méditerranée et Butagaz.

Les 3 raffineries concernées par la vente sont : le Site Pétrochimique de Berre (« Une envergure mondiale
Le Site Pétrochimique de Berre est l’un des plus modernes et des plus performants. » (sic !) la Raffinerie de Reichstett (Bas Rhin) et la raffinerie de Petit-Couronne (Seine maritime)



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