Juste un témoignage
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Ses proches nous l’avait dit, la presse l’a rendu public : Mama Galledou, la jeune fille incendiée du bus de Marseille est sortie de réanimation, sa vie n’est plus en danger. En cette période de fêtes cette bonne nouvelle (relative si on pense à la suite de ses soins et de ses séquelles) est quand même rassurante. Le chemin de la guérison est encore long...
A l’époque des faits et de la déferlante médiatique qu’ils avaient provoqué une amie de Nîmes nous avait fait parvenir ce témoignage : il garde toute sa valeur...
La signature en est lourde de sens...
A la lecture de l’article « Arrêtez » de Charles : j’ai eu envie d’apporter ma modeste contribution.
Il ne s’agit pas de lever ou d’alléger la responsabilité de ce drame mais posons nous quelques questions avant de donner un avis sur telle ou telle chose.
Si pour une fois nous n’étions pas juges mais citoyens responsables.
Si on pouvait prendre suffisamment de recul pour voir la société dans laquelle on est et surtout les répercussions que tout ce désordre engendre et engendrera.
Si on pouvait en finir par conclure : ne nous trompons pas de combat il y a en trop pour perdre notre énergie !
Alors Amnésie ou Inconnue ?
L’inconnue pour moi c’est d’être en capacité de dire si sur Nîmes, ma ville, il se passe des « EVENEMENTS dans les quartiers » ? Je ne sais pas et pour cause je n’habite pas un quartier populaire mais un joli boulevard du nom de Jean Jaurès dans un appartement dit social (un toit pour tous) que j’ai obtenu très facilement car je suis fonctionnaire. Comme je n’ai pas été fonctionnaire toute ma vie je connais un peu la galère pour obtenir ce bien en voie de disparition.
Par contre je ne suis pas amnésique et j’ai même une bonne mémoire c’est pourquoi je peux imaginer qu’avoir 14 ans en 2006 doit être très difficile.
J’ai eu 14 dans les années 90 et c’était déjà pas mal dans les quartiers. On passait nos journées à traîner à se faire chier et donc nous étions propices aux « INCIVILITES » et autres activités de ce genre.
Pour se faire du fric(déjà) on faisait les vitres sur le bord du périphérique et quand les condés se pointaient il fallait courir.....et vite parce qu’adieu ton salaire !
Bien sur entre deux on n’allait pas au collège, on fumait(la clope) et les grands nous sollicitaient pour d’autres choses car pour certains le niveau supérieur était dépassé.
Finalement heureusement qu’il y avait un maximum d’arabes (musulmans) avec nous on a évité l’alcool (!)
Mais je peux assurer qu’au fond de nous il n’y avait pas préméditation, méchanceté programmée ou autre chose de ce genre nous ne savions que faire et où aller c’est tout. Alors quand l’un d’entre nous avait une grande idée on disait OK sans mesurer le danger.
Mais que mesure-t-on à 14 ans ?
Aujourd’hui qu’en est il de ces quartiers et surtout avoir 14 ans en 2006 c’est quoi ? pour mon quartier je peux en parler car j’y suis retourné pour la première fois il y a trois ans pour distribuer des tracts.
Immonde, fermé, cloisonné, abandonné mais les cages d’escaliers où j’étais assise sont toujours le lieu de rencontre des enfants, forcement où aller ?
Mon collège est devenu une forteresse, dire que moi j’y entrais et sortais comme ça. A cette visite je me suis dit « c’est ma bande qui leur a fait peur ? »
Que sont devenus mes amis ? gardiens d’immeubles (HLM), CES,TOS, femme battue, chômeurs et Mohamed à la cicatrice(c’est son surnom) lui est en prison de temps en temps. A noter que la cicatrice qui lui a défiguré le visage est un signe d’affection paternelle et que déjà à l’époque l’école ne l’a pas plus aidé que ça.
Pour ceux qui ont des crises d’amnésie ce n’est pas bien grave il suffit de temps en temps de leur dire « et nous on faisait quoi ? » mais pour ceux dont tout ça est du domaine de l’inconnu c’est plus grave et à chaque fois je me dis :
Qui sommes nous pour juger des situations juste en les imaginant ?
Laissons ceux et celles qui vivent dans ces quartiers qui y travaillent nous expliquer et écoutons pour pouvoir avancer mieux avec eux et pas pour eux.
Quand je vois l’année dernière deux jeunes morts électrocutés ou bien là à Marseille cette jeune fille, les camions de CRS et la médiatisation du tout : je me dis « si j’avais 14 ans aujourd’hui de quel côté serais-je ? »
Victime ou coupable ?
Toutes ces questions n’ont pas de réponse mais par contre je sais que nous n’avons pas tous eu 14 ans en même temps au même endroit dans les mêmes familles et que ce sont ces différences qu’il faut comprendre pour qu’elles nous enrichissent tous au lieu de nous déchirer .
Comme je le disais plus haut ne nous trompons pas de combat c’est la misère que nous devons abattre et pas la jeunesse ni ces quartiers.
Le parasite.
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