LE SYNDICALISMEVOLUTIONNAIRE ET LES NOUVELLES FORMES DE LA LUTTE DES CLASSES ?

jeudi 12 août 2021
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Les formes de luttes « inattendues » se développent de plus en plus et cela hors des cadres syndicaux, associatifs et politiques traditionnels du mouvement ouvrier et populaire. En France, des bonnets rouges, des Gilets Jaunes aux manifestants anti-pass sanitaire, les résistances populaires se multiplient sans et hors des organisations historiques de la classe ouvrière et du mouvement démocratique et populaire.

A chaque fois celles-ci sont traversées par des interrogations, des hésitations puis par la division entre opposants ou partisans. Si tout le monde s’accorde pour qualifier « d’inédits » ces mouvements, les uns les caractérisent de « populistes », voire de « fascistes » et les autres de « populaires ».

On retrouve même parfois des questionnements dubitatifs sur les actions du « Comité Adama », des « comités contre les violences racistes policières », les appels à dé-esclavagiser et décoloniser les noms de rues, les statuts, les monuments publics ou encore les appels à se mobiliser contre l’islamophobie d’État ainsi que des difficultés persistent à faire le lien entre les lois jumelles dites sur le « séparatisme » et « l’urgence absolue ». Tout se passe comme si le mouvement ouvrier et populaire démocratique est prisonnier à travers ses "dirigeants" de l’idéologie bourgeoise des "valeurs républicaines", des "principes républicains" dont pourtant à maintes reprises la lutte prolétarienne des classes s’est démarquée, notamment la Commune.
Mais à y regarder de plus près ce type de soulèvement populaire spontané partiel ou total n’est pas une particularité « française » et peut être apparenté à d’autres soulèvements populaires en Europe, aux USA, mais aussi ailleurs, notamment dans les pays dépendants, coloniaux, néocoloniaux.

Le caractère spontané de ces luttes sociales est l’élément le plus partagé dans tous les exemples de soulèvements populaires anti-libérales, anti-impérialistes, anti-racistes et anti-capitalistes.

Ainsi en Tunisie, au-delà de l’appellation de « printemps arabe » qui lui est donné par les médias et la stratégie impérialiste des « révolutions de couleurs » pour les détourner et les mener dans une impasse avec l’aide des forces réactionnaires internes, par exemple, islamistes financées par les pétro-dollars, le suicide du jeune de Sidi Bouzid est le déclencheur du ras le bol du peuple des politiques libérales prédatrices qui affament le peuple et enrichissent surtout les Multinationales impérialistes et les fractions de la bourgeoisie apatride soumise à l’OMC, le FMI, la Banque Mondiale.

En Colombie, c’est la contre-réforme fiscale, qui pique dans les poches des travailleurs et des populations à l’instar de la "taxe carburant" qui a mobilisé les Gilets Jaunes, qui a jeté les manifestants dans les rues au cri de « Ils nous ont tellement pris qu’ils nous ont même enlevé notre peur » qui a contraint à reculer la dictature sanglante de la bourgeoisie compradore pro-US qui utilise les paramilitaires narcotrafiquants pour tuer les adversaires politiques et jouer son rôle de déstabilisation du Venezuela Bolivarien antilibéral et anti-impérialiste.

Au Chili, les manifestations ont commencé à l’annonce d’une hausse du ticket de métro de 800 à 830 pesos avant d’obtenir du gouvernement libéral pro-FMI et Banque Mondiale la suspension de la hausse de 9,2 % de l’électricité, celle annuelle de 3,5 % des péages et l’abrogation à 79 % de la Constitution datée de l’ère de la dictature de Pinochet l’assassin de Allende.

Au Pérou, c’est une longue grève des enseignants qui a donné à Peru Libre, un parti marxiste-léniniste, son candidat et actuel président, Pedro Castillo.

Aux USA, c’est le genou mortel sur le cou d’un Noir qui a lancé le mouvement « la vie d’un Noir compte » qui a fait tâche d’huile en France donnant aux mobilisations du Comité Adama une dimension de masse qui a été enfin prise en compte par la justice.

Ces révoltes spontanées ont en commun un événement ou une mesure gouvernementale déclencheur qui fait fonction de « goutte d’eau qui fait déborder le vase ».

Il en est de même de la « taxe et les portiques » pour les « Bonnet rouges », de la « taxe carburant » pour les Gilets Jaunes ou le « passe sanitaire obligatoire » pour l’actuel mouvement protestataire de masse.

Nous devons apprendre à surmonter nos idées préconçues, nos préjugés, nos à priori pour voir CONTRE QUI et QUOI se mettent en branle partiellement ou totalement ces mouvements, QUI COMPOSENT et QUELLE (s) revendication(s) est/sont mise(s) en avant comme déclencheur de ces mouvements. Au delà des insuffisances qui peuvent être notées par ci et par là, c’est souvent la partie inorganisée du monde du travail et du peuple qui manifeste ainsi son opposition grandissante aux politiques anti-sociales et anti-démocratiques du capitalisme et de sa dictature de classe.

Selon les contextes nationaux propres objectifs et subjectifs, toutes ces révoltes populaires spontanées peuvent aller plus ou moins loin dans leur capacité à élaborer, systématiser et fédérer autour de revendications qui en restent au stade économiques ou qui vont plus loin vers le stade politique. Un facteur important sur cette capacité de passer de l’économisme spontanéiste à la lutte des classes consciente est l’importance du lien des masses mobilisées avec les organisations syndicales et politiques de classe révolutionnaire.

Le niveau atteint par les luttes au Chili et au Pérou en est une illustration : changer la constitution avec un rôle important joué par le Parti Communiste au Chili et élire comme président le candidat d’un parti marxiste-léniniste au Pérou.

A contrario, on peut montrer comme exemples l’échec des « révolution colorées » à Cuba avec l’appel au peuple révolutionnaire de prendre la rue pour écraser la minorité contre-révolutionnaire qui a répondu aux twitts de la bourgeoisie apatride cubaine de Miami et du blocus criminel des cowboys Trump/Biden, le formidable retour démocratique électoral du MAS au pouvoir en Bolivie après le putsch de la bourgeoisie servile pro-US et la mise en échec des contre-révolutionnaires apatrides au Nicaragua et au Venezuela.

En France, le mouvement des Gilets Jaunes est celui qui pour le moment est allé le plus loin en faisant évoluer sa revendication de l’abrogation de la taxe sur le carburant à contre la précarité, le chômage, au lien « fin du mois et fin du monde », à la hausse des salaires, des pensions, des indemnités chômage, des emplois CDI, la renationalisation, puis la souveraineté populaire par le RIP (référendum d’initiative populaire), la fin du franc CFA cette monnaie coloniale qui enferme les peuples dans la françafrique prédatrice.

Dans tous les exemples ci-dessus des différents pays, différentes catégories du monde du travail et du peuple, souvent les plus précaires, se sont retrouvées ensemble dans ces manifestations dans lesquelles on a jamais autant échangé et discuté depuis toutes ces décennies de domination outrancière du réformisme idéologique et politique sur la "société" dans laquelle nous vivons et la "société" vers laquelle aller.

Dans toutes ces expériences, on a vu émerger puis évoluer par l’action des masses une critique grandeur nature du réformisme dominant et écrasant le mouvement ouvrier populaire et démocratique organisé. Toutes les critiques ne sont ni à prendre intégralement ni à rejeter intégralement.
Que tout ce bouillonnement social contestataire soit encore balbutiant, hésitant, confus voire imprégné de l’individualisme petit-bourgeois, de l’idéologie consumériste de la dite « société de consommation » à crédit qui a fait tant d’illusion, de la culpabilisation écologiste des consommateurs individuels et non des capitalistes résulte des reniements des renégats qui ont passé leur temps à mentir sur nos anciens qui ont pourtant fait les conquêtes sociales et démocratiques et des stigmates délétères des décennies d’hégémonie culturelle du réformisme sur le mouvement ouvrier et démocratique organisé.

Que tout ce bouillonnement social populaire se méfie de tout ce qui est devenu à leurs yeux « institutionnels », y compris notre CGT, provient d’un méfiance normale et saine qui exige tout simplement de nous, la CGT, l’effort nécessaire pour convaincre de notre engagement sincère et totale dans la défense des intérêts matériels et moraux de l’ensemble des masses laborieuses. C’est comme cela que nous ferons la démonstration en pratique du lien entre « syndicalisme du carreau cassé » et « syndicalisme de l’abolition du salariat » comme le proclamait la charte d’Amiens en octobre 1906.

Pour cela, il faut apprendre à regarder les luttes sociales et démocratiques qui naissent en dehors de nos syndicats avec les yeux de notre classe, de notre camp social et non les yeux de la classe exploiteuse, oppressive, la bourgeoisie, qui cherche à nous intégrer dans son système d’asservissement de classe.
Pour cela, il faut accepter de voir les pancartes dénonçant les mensonges de la propagande bourgeoise, de ses « experts » sur les masques, les respirateurs, les blouses, les lits que l’on ne cesse de fermer, le refus de l’UE de permettre le choix entre différents vaccins (chinois, cubains, russes, état-sunien, anglo-indien, etc) et tout cela pour imposer le diktat du monopole capitaliste Pfizer au lieu de céder à l’imposition gouvernementale du piège attrape-nigaud de l’opposition entre « pro et anti vaccins », le silence bruyant de la grande presse à information totalitaire sur la pétition déjà signée par 15 millions de Chinois demandant que soient ouverts aux experts de l’OMS tous les laboratoires P4 des USA, notamment celui de Fort Dietricht, comme la Chine l’a fait à Wuhan, etc.

Oui, les manifestants "anti-pass sanitaire obligatoire" qui sont souvent des primo-manifestants tout comme l’étaient les Gilets Jaunes et les Bonnets rouges « découvrent » la nature dictatoriale du capitalisme impérialiste et s’y oppose frontalement. Elles, ils dénoncent le dictateur Macron comme étape vers la compréhension de la « démocratie Républicaine » comme étant une forme de la dictature de classe de la bourgeoisie. L’ironie de ce processus historique en cours est l’inversion contre la tyrannie bourgeoisie de l’individualisme bourgeois camouflé sous le label de la « liberté individuelle » que celle-ci n’a cessé de propager et vanter contre le « collectif », la « classe » sociale. Elles, ils « découvrent » par l’action collective de rue qu’opposer liberté « individuelle » et liberté collective » est une terrible absurdité bourgeoise que les idiots utiles réformistes du syndicalisme et de la politique répètent à envi pour faire « mode » et acte de servilité au maître capitaliste, que seul la liberté collective assure la liberté individuelle.

Le contraire n’est pas vrai et est un piège bourgeois à con qui ne garantit que celle de la propriété privée des actionnaires du MEDEF/CAC40 et de leurs frasques indécentes "individualistes" du genre « tourisme de l’espace » comme pour se moquer à la fois de la destruction de l’environnement par leurs pillages de la nature et leur exploitation du travailleur.

A la différence de la période allant de 1920 à 1968, la lutte des classes va prendre de plus en plus les formes spontanées de surgissement des masses contre toutes mesures libérales du gouvernement des capitalistes impérialistes. Ces agressions libérales du patronat vont toutes dans le sens d’appauvrir les masses laborieuses, de faire payer leur crise au monde du travail. Et bien entendu vont apparaître aux réformistes « bien pensants » d’anodines, mais elles seront déclencheurs de mobilisations protestataires hors de nos organisations lourdes à mettre en mouvement mais qui ne peuvent indéfiniment se laisser surprendre ainsi. La raison de ce retard à la jonction est simple : nos organisations sont dominées par le réformisme idéologique, elles ont « perdu la bataille des idées » et restent dépendantes de la pensée bourgeoise, de l’idéologie de l’ennemi de classe.

Nos anciens avaient rompu, dans un contexte d’existence du camp socialiste d’Europe, cette dépendance idéologique vis à vis du patronat pour réaliser les exploits que furent les conquêtes sociales et démocratiques que sont la Sécu, la protection sociale, la retraite par répartition, l’indemnité chômage, les nationalisations, etc.
En attendant que les expériences diverses en cours fécondes progressivement la prise de conscience du besoin de l’unité des travailleurs dans les luttes, une capacité à faire converger les luttes, une « théorie révolutionnaire » sans laquelle « pas de mouvement révolutionnaire », il nous faut, au niveau de la CGT nous réapproprier, comme l’ont fait nos anciens pour gagner toutes les conquêtes sociales et démocratiques que nous avons du mal à défendre actuellement, cet enseignement du grand révolutionnaire communiste de la Révolution d’Octobre 1917, Lénine : "Quiconque attend une révolution sociale ’pure’ ne vivra jamais assez longtemps pour la voir. Il n’est qu’un révolutionnaire en paroles qui ne comprend rien à ce qu’est une révolution. (...) La révolution...ne peut pas être autre chose que l’explosion de la lutte de masse des opprimés et mécontents de toute espèce. Des éléments de la petite bourgeoise et des ouvriers arriérés y participeront inévitablement : sans cette participation, la lutte de masse n’est pas possible, aucune révolution n’est possible. Et tout aussi inévitablement, ils apporteront au mouvement. Mais objectivement, ils s’attaqueront au capital, et l’avant-garde consciente de la révolution, le prolétariat avancé, qui exprimera cette vérité d’une lutte de masse disparate, discordante, bigarrée, à première vue sans unité, pourra l’unir et l’orienter, conquérir le pouvoir, s’emparer des banques, exproprier les trusts haïs de tous (bien que pour des raisons différentes) et réaliser d’autres mesures... dont l’ensemble aura pour résultat le renversement de la bourgeoisie et la victoire du socialisme".

Il faut cesser de poser l’arme au pied quand "explose le mécontentement avec leurs préjugés, leurs fantaisies, leurs faiblesses et leurs erreurs dans une lutte de masse disparate, discordante, bigarrée, à première vue sans unité " d’une partie non organisée de notre camp et les regarder se débrouiller tout seul pour écarter les tentatives de « récupération » des partis fascistes ou fascisants. Les masses en lutte contre le capital et ses mesures libérales et liberticides sont souvent en avance sur nos « biens pensants » chefs réformistes juchés à la tête de la CES, cet outil « syndical » servile à la prison des peuples qu’est l’UE.

Alors faisons converger toutes les forces de notre camp social tout en contribuant à systématiser les revendications éparses pour reconstruire l’unité d’action à la base, puis de la base au sommet de tous les travailleurs contre la division qui est le véritable frein au rapport des forces nécessaire pour stopper la broyeuse sociale et anti-démocratique de la dictature des actionnaires milliardaires du MEDEF/CAC40 et des grands monopoles capitalistes de l’UE.

09/08/21
Diagne Roland, membre des CE de la FERC-CGT et de l’UD CGT 59


En médaillon, dans la manif à Marseille le 7 août



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