Municipales : une situation très contrastée et inédite

jeudi 19 mars 2020
par  ANC 13 - Rouge Vif
popularité : 4%

Crise sanitaire et abstention

Evidemment ce qui domine le paysage issu du 1er tour des municipales c’est le poids de la crise sanitaire qui a pesé sur la participation et les esprits. De ce point de vue l’attitude politicienne du gouvernement qui a théâtralisé la situation à des fins politiques après n’avoir pas anticipé l’épidémie y a été pour beaucoup. De même apparaissent aujourd’hui comme totalement irresponsables les politiques de ce gouvernement et de ceux qui l’ont précédé en matière de santé. La décision de suppression de 70 000 lits d’hôpitaux en 15 ans (dont plus de 4000 pour la seule année 2018) montre aujourd’hui toute son inhumanité de choix de santé soumis à la loi du marché…que le président semble découvrir en 2020.

Dans notre département comme dans le reste du pays, la crise sanitaire a pesé sur les esprits et si elle explique pour une part la faible participation au scrutin, elle n’est pas la seule cause de cette montée continue de l’abstention toutes élections confondues, phénomène observable en particulier depuis la fin des années 80 concernant les municipales. La crise sanitaire n’explique pas non plus la différence de participation entre les quartiers où réside la population la plus pauvre et les autres en particulier à Marseille où depuis plusieurs élections l’abstention dépasse les 70% dans ces poches de pauvreté jadis bastions du mouvement révolutionnaire.

Dans cette ville, le taux d’abstention a dépassé les 67% (plus de 46% déjà en 2014) et la première conséquence de cela c’est qu’il sera difficile à la liste élue, si les choses ne changent pas au second tour, de se prévaloir d’une quelconque légitimité. C’est particulièrement le cas pour M. RAVIER du RN qui a recueilli 9,1% des votes des inscrits du 7e secteur ou pour Mme GHALI ex PS qui en a recueilli 6,86% du 8e.

Dans le département

Sans faire un tour exhaustif quelques éléments. Dans ces élections l’ANC 13 avait pris position pour soutenir Laurent BELSOLA à Port de Bouc et Gaby CHARROUX à Martigues. Leur victoire dès le premier tour est à la fois une bonne nouvelle pour ces deux villes et un point d’appui pour le mouvement social au-delà de ces communes mêmes. Le fait qu’elle soit acquise dès le premier tour est aussi un élément de confiance pour celles et ceux qui luttent contre la politique de ce gouvernement que d’aucuns voudraient voir reprise au plan communal.

Nous avons aussi apporté notre soutien à la liste conduite par Claude JORDA à Gardanne et nous ne pouvons que nous réjouir qu’elle soit en tête même si cela reste dans un contexte compliqué.

Enfin à Allauch, Gérard CAZORLA, membre du conseil départemental de l’ANC, conduisait une liste d’union sans compromis dans une commune dirigée sans partage depuis 45 ans par un affairiste au slogan nauséabond : Allauch d’abord. Face à lui et aux autres candidats de droite en lice, le score obtenu par notre liste montre que le courage en politique peut permettre de maintenir son influence sans rien lâcher de ses convictions.

A Marseille

On pouvait espérer que le rejet massif par la population de la municipalité GAUDIN, rejet qui a connu son sommet avec l’écroulement des immeubles de la rue d’Aubagne, les plus de 4000 personnes délogées dont la majorité n’a toujours pas de solution acceptable et les années d’incurie dans la gestion de cette ville, seraient le socle d’un programme de changement pour la ville élaboré par et pour la population et écartant des affaires les responsables politiques qui depuis des décennies ont rendu la ville dans l’état pitoyable où elle est. Les tractations issues d’un mouvement qui se voulait « sans précédent » ont rapidement fait comprendre qu’il n’en serait rien et que le printemps [1] promis ne serait qu’une pâle copie des gestions passées de feu la gauche plurielle. Les animateurs de ce mouvement faisaient aussi rapidement comprendre que les interpellations sur le programme n’étaient pas le premier de leur souci en témoigne par exemple leur absence de réponse, comme d’ailleurs les autres forces se réclamant du progrès à notre demande de rencontre et notre disponibilité à discuter des contenus dans un moment où la conjonction de ces forces étaient encore possible.

Pas portées par un programme populaire construit par des actrices et acteurs de la classe ouvrière de notre temps dans toute sa diversité sociale et d’origine, aucune des listes prêtes à s’entendre aujourd’hui n’a emporté l’adhésion massive des marseillaises et marseillais et n’a donc pu limiter l’abstention qui dans de nombreux cas est un refus de vote réfléchi devant la désunion et l’absence de réponse claire en matière de logement, d’emploi et de lutte contre les discriminations.

Contrairement à ce que l’on peut lire dans la presse au sujet du 1er tour à Marseille il n’y a pas eu, abstraction faite de l’abstention, de grande surprise quant au résultat ni de bouleversement notable.

En 2014 la droite et son extrême avait obtenu au 1er tour 60,8% des voix. Elles, (RN, LR, LREM) en obtiennent aujourd’hui 58,97%. On ne peut donc pas parler de chamboulement des forces en présence. Par contre il apparaît clairement que l’élection du maire va dépendre des jeux d’alliances secteur par secteur.

Dans ces conditions le retrait unilatéral de la liste du Printemps Marseillais, suivi de celle de Mme GHALI, dans un 7e secteur [2] où, même en cas de triangulaire l’élection du RN était loin d’être acquise est incompréhensible. Elle est d’autant moins compréhensible quand il y a 72% d’abstentionnistes et qu’il reste 3 mois pour les convaincre. Elle apparaît au mieux comme une décision précipitée (et apparemment prise avec une concertation limitée) [3] entérinant le choix de ne pas faire entendre une voix progressiste dans l’enceinte de la mairie de secteur.
Au pire elle peut apparaitre comme une manœuvre dans un contexte général de négociations à l’échelle de la ville. Hypothèse que vient confirmer, comme remerciement pour service rendu, le retrait unilatéral de la liste VASSAL dans le 8e secteur où le danger de voir le RN diriger la mairie de secteur n’existait pas.

La décision prise par les têtes de liste du Printemps Marseillais est en tout cas un cadeau aux listes conduites par Mme VASSAL sur l’ensemble de la ville et non seulement sur les 13 et 14.

Pour que les choses changent, les plus démunis ne peuvent compter que sur leurs luttes et les rassemblements futurs qu’ils sauront impulser.

A la place qui est la sienne l’ANC 13 continuera à en être.

Marseille le 19 03 2020


En document joint les chiffres détaillés pour Marseille


[1La liste d’union PCF, PS, divers satellites de celui-ci et des dissidents de EELV et de la FI, conduite par Mme RUBIROLA se nomme Printemps Marseillais. A côté de celle-ci se présentait une liste EELV (BARLES) et dans le secteur tenu par le RN, le 7e secteur, une liste d’union entre EELV et des citoyens soutenus par la France Insoumise. De son côté l’ex PS GHALI présentait une liste dans tous les secteurs de Marseille. Etaient aussi présentes uns liste RN, deux listes concurrentes LR (VASSAL et GILLES) et une liste LREM (BERLAND).

[2Dans ce secteur la liste était conduite par Jérémy BACCHI PCF

[3Plusieurs colistiers y compris ceux membres du PCF se sont plaints d’avoir été mis devant le fait accompli



Documents joints

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