Un enjeu de société

lundi 12 mars 2018
par  Rouge Midi
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Comme le dit notre tract, ce mois de mars voit s’engager une bataille qui, au-delà de la seule défense des salarié-e-s et des entreprises et services de ce pays, pose la question de quel avenir nous voulons.

Pour le camp d’en face la couleur est annoncée : avec le gouvernement Macron il espère pouvoir enfin en finir avec un choix de société esquissé par le programme du CNR de 1945.

Pour le grand patronat Emmanuel Macron est le champion qui doit parvenir à réaliser le rêve qu’exprimait crument Denis Kessler, idéologue du MEDEF dans le journal Challenge du 4 octobre 2007, nous étions alors quelques mois après l’élection de Sarkozy et nul doute qu’il parlerait de la même façon du gouvernement actuel que du gouvernement Fillon de l’époque :

« Adieu 1945, raccrochons notre pays au monde !

Le modèle social français est le pur produit du Conseil national de la Résistance. Un compromis entre gaullistes et communistes. Il est grand temps de le réformer, et le gouvernement s’y emploie.

Les annonces successives des différentes réformes par le gouvernement peuvent donner une impression de patchwork, tant elles paraissent variées, d’importance inégale, et de portées diverses : statut de la fonction publique, régimes spéciaux de retraite, refonte de la Sécurité sociale, paritarisme…

A y regarder de plus près, on constate qu’il y a une profonde unité à ce programme ambitieux. La liste des réformes ? C’est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance !
(…) Ce programme est un compromis qui a permis (…) de cristalliser dans des codes ou des statuts des positions politiques acquises.

(…) Le problème de notre pays est qu’il sanctifie ses institutions, qu’il leur donne une vocation éternelle, qu’il les tabouise en quelque sorte. Si bien que lorsqu’elles existent, quiconque essaie de les réformer apparaît comme animé d’une intention diabolique. (…) Il aura fallu attendre la chute du mur de Berlin, la quasi-disparition du parti communiste, la relégation de la CGT dans quelques places fortes, l’essoufflement asthmatique du Parti socialiste comme conditions nécessaires pour que l’on puisse envisager l’aggiornamento qui s’annonce. (…) » Denis Kessler [1].

11 ans plus tard au fond la mission du gouvernement Macron est simple : finir le plus rapidement possible la tâche commencée par ses prédécesseurs et vaincre les résistances qui ont jusqu’à présent, à défaut de gagner, au moins limité la casse. Pour ce faire, tenant compte de notre histoire et de nos luttes, il est prêt à passer en force par des ordonnances, à limiter fortement la capacité d’intervention des députés, à assumer des décisions prises par un seul homme sans concertation, à dicter à la presse ce qu’elle doit dire et écrire… Pour réussir sa mission, il n’a pas d’autre choix que de déclarer la guerre au monde du travail et c’est bien à cela qu’on assiste jusque dans les propos gouvernementaux insultants et mensongers à l’encontre des retraités, des cheminots, des chômeurs, des fonctionnaires, bref du monde du travail dans son ensemble.

Nous sommes le dos au mur, pour nous-mêmes et pour celles et ceux qui viendront après nous.
Nous n’avons pas d’autres choix que de nous battre.
Nous n’avons pas d’autre choix aussi que de croire en nos possibilités de gagner.

Le combat peut paraître difficile par moments et nos camarades durs à mobiliser mais ce n’est simple nulle part ailleurs dans le monde et pourtant des peuples se mobilisent.

Rien de ce qui arrive en Corée aujourd’hui et qui est porteur d’espoir ne se produirait si le peuple n’avait pas foutu en prison l’ancienne présidente de la Corée du Sud et n’avait poursuivi sa mobilisation depuis son départ.
L’Espagne où tant de forces contradictoires s’expriment a quand même vu 5 millions de personnes dans la rue pour le 8 mars.
En France des conflits locaux, obtiennent des succès qui donnent confiance à celles et ceux qui les animent ou les soutiennent.

Partout c’est de la résistance et de la lutte que naît l’espoir, jamais de la résignation.

Pour les militants révolutionnaires que nous sommes, il n’y a pas d’autre choix plus prioritaire pour les semaines qui viennent que d’être dans les luttes et de mobiliser pour celles-ci. C’est en s’appuyant sur elles que nous pourrons élargir la perspective politique qui manque aujourd’hui au monde du travail pour qu’il retrouve espoir et combativité à la hauteur des enjeux.

Dans chaque manifestation ou action à venir c’est un peu de notre avenir à toutes et tous que nous dessinerons.


[1Article entier consultable entre autres sur Le Grand soir 23 février 2010 https://www.legrandsoir.info/Adieu-1945-raccrochons-notre-pays-au-monde.html



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Commentaires

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samedi 7 avril 2018 à 20h04 - par  Méc-créant

Je ne peux que partager le contenu de cet article. Bien qu’un peu franc-tireur largement ignoré, j’avais tenté, il y a des années, de résister aussi à ma façon devant le vide politique, philosophique et social des dernières décennies, en rédigeant quelques textes, dont certains sont sur le blog « Immondialisation : peuples en solde ! » . Je viens d’y ajouter un texte, pouvant faire écho au vôtre, visant à rappeler combien le contenu de notre république sociale, auquel tout le monde semble s’être « naturellement » habitué, devait l’essentiel au programme du CNR. Répondant à la « souveraineté européenne », chère au porte-flingues du MEDEF qui squatte l’Elysée, je l’ai titré : « Sors d’ici Jean Moulin ». Je pense que nous risquons fort de nous trouver face à la nécessité de devoir constituer un CNR nouveau pour définir un cadre plus institutionnalisé (gravé dans la constitution) et plus progressiste.
Méc-créant.
(Si certains vont sur le blog : commentaires critiques bienvenus).

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samedi 7 avril 2018 à 20h03 - par  Méc-créant

Je ne peux que partager le contenu de cet article. Bien qu’un peu franc-tireur largement ignoré, j’avais tenté, il y a des années, de résister aussi à ma façon devant le vide politique, philosophique et social des dernières décennies, en rédigeant quelques textes, dont certains sont sur le blog « Immondialisation : peuples en solde ! » . Je viens d’y ajouter un texte, pouvant faire écho au vôtre, visant à rappeler combien le contenu de notre république sociale, auquel tout le monde semble s’être « naturellement » habitué, devait l’essentiel au programme du CNR. Répondant à la « souveraineté européenne », chère au porte-flingues du MEDEF qui squatte l’Elysée, je l’ai titré : « Sors d’ici Jean Moulin ». Je pense que nous risquons fort de nous trouver face à la nécessité de devoir constituer un CNR nouveau pour définir un cadre plus institutionnalisé (gravé dans la constitution) et plus progressiste.
Méc-créant.
(Si certains vont sur le blog : commentaires critiques bienvenus).